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La guerre en Libye risque de virer à un conflit régional



Avec l'intervention directe de la Turquie en Libye, le conflit a été internationalisé de fait, entraînant des menaces d'intervention de l'Egypte, en prévision de la bataille de Syrte, que les parties libyennes sont en train de préparer.Les ingérences étrangères en Libye risquent des transformer la guerre dans ce pays en un conflit régional, a alerté hier l'envoyée spéciale par intérim du SG de l'ONU pour la Libye, Stéphanie Williams, lors d'une visite à Londres, a rapporté le quotidien londonien The Guardian. "Avec autant d'acteurs externes avec leurs propres agendas, le risque d'erreur de calcul et de confrontation régionale est élevé", a-t-elle averti, soulignant que "les Libyens se sentent épuisés et effrayés, et ils sont fatigués de la guerre et recherchent la paix, mais ils ont peur que la décision ne soit pas entre leurs mains", a rapporté le journal londonien, alors que la guerre diplomatique a connu hier et jeudi une nouvelle montée de tensions entre la Turquie, soutien du Gouvernement libyen d'union nationale (GNA, Tripoli), et les Emirats arabes unis (EAU), qui appuie le général Khalifa Haftar (Est libyen) au nom de la lutte contre le terrorisme et la guerre que se livre ce pays et ses alliés du Golfe, ainsi que l'Egypte contre la confrérie des Frères musulmans.
"Ce qui se passe maintenant, c'est une bataille entre des rivaux extérieurs autant qu'une guerre civile dans laquelle les Libyens perdent leur souveraineté", a insisté la diplomate américaine, qui a pris l'intérim après la démission de son confrère libanais Ghassane Salamé en mars dernier, en raison de ces ingérences étrangères qui ont compliqué sa mission et fait échouer la tenue de la conférence de réconciliation inter-libyenne de Ghadamès, prévue en avril.
Hier, les EAU ont riposté aux propos du ministre turc de la Défense, Hulus Akar, qui a déclaré vendredi qu'"Abou Dhabi est en train de faire certaines choses en Libye et en Syrie", soulignant que "tout cela est en train d'être consigné" et que "les comptes seront faits en temps et en heure", a rapporté la presse turque. "Il faut que ces pays cessent de soutenir (Haftar) pour que la stabilité revienne et qu'un cessez-le-feu puisse être négocié. Il faut qu'ils poussent le putschiste Haftar à renoncer à certains de ses objectifs", a-t-il ajouté.
Pour Abou Dhabi, Ankara devrait cesser de "s'immiscer" dans les affaires des pays arabes, alors que le conflit en Libye dépasse de loin ce que le discours émirati essaie de faire croire, comme cela est le cas avec la rivalité des pays du Golfe avec l'Iran, dans laquelle les mêmes arguments sont constamment ressassés. Car, dans le conflit libyen, il n'y a pas que l'ingérence turque qui bénéficie de la couverture politique du GNA qui pose problème, mais aussi celle du voisin égyptien qui soutient Haftar, de l'Arabie Saoudite, de la Jordanie, du Qatar et certaines puissances occidentales, telles que la Russie ou la France, accusés d'appuyer les autorités parallèles de l'Est libyen dans leur guerre contre un gouvernement pourtant reconnu par l'ONU. Le poids de ces ingérences est tel que l'ONU n'arrive toujours pas à trouver un successeur à M. Salamé, après le désistement du diplomate algérien Ramtane Lamamra, dont la candidature a été bloquée par les Etats-Unis sur pression de leurs alliés égyptiens et émiratis, en premier lieu.
Lyès Menacer
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