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La guerre de l'audimat



La guerre de l'audimat
Les télés privées sont une réalité évidente, même si le nombre, une vingtaine, n'est pas synonyme de qualité, si l'on excepte les quatre premières chaînes apparues au tout début de l'aventure.Le 21 septembre 2014, était officiellement installé le président de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel, Miloud Chorfi. Celui-ci avait aussitôt entrepris une série de rencontres avec les différents acteurs du paysage télévisuel privé. Objet de la démarche: l'inventaire des conditions générales et particulières du fonctionnement de ces chaînes, devenues incontournables dans le paysage médiatique national.Depuis, il ne se passe rien. Certes, l'Autorité de régulation a besoin d'un siège, des moyens matériels et humains dont elle est loin de disposer, encore aujourd'hui et également d'un cahier des charges. On en est loin. De son côté, la quasi-totalité des chaînes a entrepris une véritable guerre de l'audimat, poussée par la concurrence devenue de plus en plus outrancière.Petit à petit, c'est à qui se montre le plus féroce, le plus irrévérencieux, et, sur les différents plateaux, on assiste à un pugilat verbal programmé. Graduellement, la dérive a pris une connotation religieuse qui a atteint un seuil inquiétant, ces dernières semaines, avec des sujets comme le projet de loi contre les violences faites aux femmes et, tout récemment, la circulaire sur la vente en gros des alcools. Face aux excès de certains intervenants sur les plateaux, où la diatribe n'épargne ni les plus hautes institutions de l'Etat ni les droits fondamentaux des citoyens, le gouvernement a semblé paralysé et tout à fait incapable d'appliquer la loi. Oubliant que les téléspectateurs qui ont moins de trente ans constituent la majorité de la population du pays et qu'ils ignorent tout de la décennie noire, l'Etat contemple ces discours extrémistes avec une apathie étrange, alors que le danger d'une nouvelle fuite en avant est de plus en plus manifeste.Or, il existe bien une loi qui fixe les conditions et les limites de la liberté d'expression, franchies à maintes reprises par des animateurs et leurs invités qui versent dans la diffamation pure et simple.Sans doute, y a-t-il à la base, un manque flagrant de professionnalisme sur la majorité des plateaux où les débats censés être contradictoires sont, la plupart du temps, des litanies développées par des gens d'un seul et même courant de pensée.Mais face à cette dérive aux causes multiples et aux conséquences prévisibles sur la stabilité du pays, l'Etat n'a pas d'autre alternative que celle de revoir sa copie pour veiller à protéger les citoyens des risques qui se profilent.Les télés privées sont une réalité évidente même si le nombre, une vingtaine, n'est pas synonyme de qualité. Le problème est que, pressées par la concurrence et ce manque de professionnalisme flagrant, elles versent, peut-être à leur corps défendant, dans un discours rétrograde dont elles mesurent à peine les conséquences à terme.Et ce discours constitue un danger dont l'Etat s' accommode alors qu'avec la perspective du débat sur la révision de la Constitution, au niveau du Parlement ou dans le cadre d'un référendum, ce danger pourrait devenir une grave menace. La création de l'Autorité de régulation visait la clarification du statut des chaînes de TV privées qui arrosent, en offshore, le pays. En janvier 2013, la loi relative à l'activité audiovisuelle avait été adoptée pour définir les conditions d'exercice de cette profession.Mais l'épineux problème de la domiciliation des chaînes privées en Algérie se pose toujours. La loi est claire puisque ces chaînes privées qui émettent, pour le moment, à partir de l'étranger, doivent impérativement être de droit algérien, c'est-à-dire rapatrier leurs activités. Quelle doit être la réponse de l'Autorité de régulation, quand on voit les dérives évoquées'


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