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La grève et la crise



La grève et la crise
En exigeant un accompagnement «pédagogique et? psychologique» des élèves en classes d'examen, la Fédération des associations des parents d'élèves suggère que l'épreuve subie dans les établissements scolaires, par ces temps de grève, est proche du traumatisme. Le ministère de tutelle n'est pas en reste dans la dramatisation de la situation dans ce secteur, puisqu'il n'écarte pas le recours aux enseignants à la retraite pour suppléer à la défection des personnels grévistes.200 DA l'heure de cours rattrapée, précise-t-on de source gouvernementale, comme si le désastre pédagogique pouvait se résorber avec de la menue monnaie. Si l'état des lieux commande de faire appel à des personnels de «réserve», c'est que l'on est passé d'une situation d'urgence à une détresse déclarée.Sans s'appesantir sur l'exigence du respect des libertés syndicales ? un principe qui coule de source et est consacré par la loi ? il n'est pas interdit de s'interroger sur les retombées d'un bras de fer dont les dommages collatéraux sont exclusivement subis par les élèves. En règle générale, les syndicats parviennent toujours, quand survient le dernier compromis, à lever les mesures de retenues sur salaire et le retrait d'éventuelles plaintes en justice.Les élèves, quant à eux, n'auront d'autre choix que de descendre à leur tour dans la rue pour réclamer la fameuse «ataba», le seuil des cours pouvant être inclus dans les examens de fin d'année. Le seuil pédagogique ayant été testé avec les effets que l'on connaît sur la valeur du bac de ces dernières années, il est possible de concevoir un seuil syndical pour donner quelques chances à la pérennité de l'activité pédagogique dans nos écoles.A ce moment-là, il sera enfin possible de mettre les vrais dossiers sur la table, à savoir la refonte des programmes scolaires en les expurgeant des scories idéologiques. Au train où vont les choses, il sera plus facile de réviser la Constitution que de revoir le contenu des manuels scolaires. Pourtant, la crise originelle se trouve dans le cahier d'écolier.C'est parce que l'école, depuis sa réforme «cataclysmique» au milieu des années 1970, a échoué à ancrer la modernité et la citoyenneté dans la société que le pays a vécu un cauchemar sanglant pendant deux décennies. Lorsqu'en janvier dernier, des lycéens de l'intérieur du pays ont mimé des attitudes de Daech dans un établissement scolaire, un jour de foot, on était plus prompt à appeler la police au lieu de convoquer l'inspecteur d'académie ou d'interpeller le ministère de l'Education nationale. Le véritable enjeu, dans ce secteur, est la qualité des enseignements qui seront dispensés aux générations actuelles et futures.Quant aux revendications présentes des enseignants, un syndicaliste gréviste a eu raison de dire qu'«il n'y a pas de volonté politique pour trouver des solutions aux problèmes posés». Des requêtes socioprofessionnelles aux droits culturels et identitaires en passant par le veto au gaz de schiste, l'issue de toutes les revendications lancinantes dépend d'un dénouement de la crise politique actuelle et de l'instauration d'un système démocratique.







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