Algérie

La grève des cheminots se poursuit dans la confusion



Pas de changement notable dans la position des cheminots. Hier, les grévistes au dépôt d'Alger maintenaient encore leur pression, et ce, malgré le fait que la justice ait déclaré la grève «illégale». Le conflit perdure encore. La seule nouveauté est que la fédération des cheminots s'est manifestée, hier, par la diffusion d'un appel (élaboré en commun par la section syndicale du dépôt et la fédération) aux grévistes où cette fédération reconnaît la légitimité des revendications des conducteurs et aides-conducteurs à l'origine de la grève déclenchée en début de semaine. Selon des travailleurs grévistes, la position de la fédération vis-à-vis de ce débrayage a connu un changement. En effet, la fédération qui s'était déclarée non responsable de la grève, multiplie actuellement les gestes pour la stopper. Dans l'appel aux travailleurs, la fédération promet que dans les trois mois à venir les points revendiqués seront traités avec la direction de la SNTF. Les travailleurs, quant à eux, refusent de reprendre le travail si la direction ne donne pas de garantie quant à l'aboutissement de leurs revendications. «La direction est tenue de faire un geste en direction des travailleurs en leur accordant au moins dans un premier temps quelques revendications», c'est la condition imposée par les grévistes pour la reprise du travail. D'autre part l'appel rassure que la fédération s'engage à ce qu'il n'y ait pas de représailles administratives contre les travailleurs quel que soit leur rang. A Constantine, le mouvement semble aller vers un durcissement. Hier matin, le dépôt de Sidi Mabrouk à Constantine était en ébullition. Des travailleurs affirment à l'unanimité «être en total désaccord avec leurs représentants syndicaux». Et d'ajouter: «Il n'est pas question pour nous de reprendre le travail. Nous sommes conscients que cette grève est illégale, mais on a arrêté de travailler car nous sommes à bout. Et nous maintiendrons le mouvement qui a d'ailleurs fait tache d'huile puisque le reste des cheminots des autres services ont suivi le mouvement. Nous persisterons tant que nos revendications ne seront pas prises en considération par les responsables de la SNTF». Pour rappel, ces revendications concernent particulièrement les primes attribuées au personnel roulant en particulier, «qui sont dérisoires» selon les grévistes. «Ceci indépendamment des conditions de travail devenues désastreuses. Nous citons pour preuves les nombreux incidents survenus en cours de route, dus à la fatigue, au manque de repos, au stress que connaissent tous les agents d'accompagnement des trains. Pour tout cela, on nous paie des primes ridicules. On demande à ce qu'elles soient reconsidérées.» Par contre, ce n'est pas le même son de cloche chez les représentants de la fédération des cheminots. Ces derniers insistent sur le fait qu'ils sont en cours de négociations avec la direction générale, négociations compromises par ce mouvement de grève. A noter qu'en réaction à ce mouvement de grève, la direction générale de la SNTF a déposé une plainte auprès des tribunaux d'Alger. Des mises en demeure ont été notifiées aux grévistes, ceci sans pour autant qu'il y ait une répercussion positive. Ainsi, le mouvement s'est radicalisé dans l'unité régionale de Constantine. Comme cela s'est passé les premiers jours, les trains de grande ligne et de banlieues sont assurés par du personnel encadrant du dépôt de Sidi Mabrouk. «Les responsables locaux font appel à un personnel incompétent dans notre filière et cela risque d'avoir de graves conséquences dans la circulation des trains soumis à des critères de sécurité très stricts», affirment les grévistes. A Oran, les 80 conducteurs et les aides-conducteurs de trains du dépôt de Petit Lac étaient toujours en grève hier. Un de leurs représentants nous a indiqué que l'ensemble des grévistes ont refusé de recevoir les mises en demeure envoyées par l'administration par le biais d'un huissier de justice. «Notre grève n'est pas aussi illégale qu'on veille le faire croire, étant donné que nos revendications sont légitimes. La meilleure preuve est que le mouvement est largement suivi à l'échelle nationale», affirme notre interlocuteur. Et d'ajouter que «la solution trouvée par la direction et consistant à mobiliser les chefs de gares pour la conduite des trains est en soi un dépassement à la réglementation et que ceci a eu comme répercussion directe l'abandon par ces derniers de leurs postes de travail». A noter enfin que le débrayage a été suivi hier, en signe de solidarité, dans la région de Souk Ahras.
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