La flûte qui rapporte gros

Un homme de soixante-dix ans, les cheveux blancs sous son turban et emmitouflé dans une djellaba, sillonne à longueur d'année les cafés, les souks, et les rues de Sidi Bel-Abbès. Il ne s'agit pas d'un « goual », mais d'un vieil homme, juste armé d'une flûte et d'un panier, qui demande l'aumône. Abdelkader, c'est son prénom, peut vous jouer un morceau de musique contre une pièce de 5 dinars. Pas une pièce de 10, 20, 50, 100 ou même 200 dinars. Incroyable ! Pour le prendre en photo, il a refusé 50 dinars. « 5 dinars, pas plus ! ». Superstitieux, notre septuagénaire ' Pour se défendre, notamment de ceux qui en ont assez de le voir chaque jour, il s'est offert un gourdin. Sa façon de quémander nous a poussé à l'interpeller. « Je ne suis pas un ?'tallab'', je joue de la flûte et je ne suis pas gourmand, je ne demande que 5 dinars, pas plus », répond-il. « C'est ma façon de gagner ma vie ». Comme chaque fin de journée, il s'est dirigé ce jour-là, c'était jeudi 19 février, directement vers le magasin le plus proche, pour échanger ses pièces de 5 dinars contre des billets. Abdelkader, qui refuse de parler de son vécu, de sa vie, a échangé la modique somme de 5.400 dinars. « Je gagne quotidiennement entre 4.000 et 6.000 dinars » reconnaît-il.