La fille des Aurès

Résumé : Alors qu'elle est encore à l'hôpital, Hakima rencontre Nesma, la fiancée de Athmane. Cette dernière les surprend ensemble et la jeune fille ressent de la jalousie. Mais Nesma est sympa et, très vite, elles deviennent amies. Athmane juge qu'il est de trop et leur propose qu'elles l'épargnent à l'avenir.Hakima rougit et a honte d'elle-même. Athmane a dû surprendre son air contrarié lorsque ses yeux avaient croisé ceux de Nesma.
- Ne t'en fais donc pas, mon cher ami. Mon avenir occupe largement mon esprit, et même mes conversations ne peuvent porter que sur mes études.
Ils se quittent et Hakima s'empresse de s'inscrire à l'université et se prépare à quitter définitivement l'orphelinat. Certes, elle n'a pas encore réglé le problème de son hébergement à la cité universitaire, mais cela ne saurait tarder, puisque Athmane lui a confirmé que le problème ne se poserait pas.
Elle se met donc d'emblée à préparer ses affaires et se demande si un jour elle reviendra dans cet institution afin de se remémorer les années de son enfance. Elle a une pensée pour sa "maman" et en ressent plus que jamais son absence.
Elle verse quelques larmes, puis se calme. Après tout, elle ne peut rien changer à son destin. La providence a tout de même mis sur son chemin des gens comme Athmane et Nesma. Elle n'est pas seule. Elle ne cesse de se répéter que d'autres filles dans son cas ont "viré" vers le mauvais chemin. La glissade est facile. Très facile pour celles qui se laissent entraîner. Houria rentre tous les soirs très tard. Elle fume, boit, fréquente des endroits mal famés, et maintenant elle ne cache plus son jeu. On lui a déjà intimé l'ordre de quitter les lieux au plus vite, et elle a avoué au responsable de l'institution qu'elle travaille dans un "restaurant" et que son patron veut la demander en mariage.
Elle a 20 ans, mais en paraît bien plus. Son maquillage extravagant et ses tenues trop "voyantes" la font paraître bien plus vieille. Hakima se rappelle du jour où, en revenant de l'hôpital, elle l'a surprise en train d'essuyer son rouge à lèvres rouge sang à l'entrée de l'orphelinat. Peut-être que personne ne s'est douté à l'époque, mais Hakima a déjà flairé le parfum. Houria est déjà partie. Et bien partie pour verser dans la prostitution.
Une semaine passe, et Athmane vient chercher Hakima pour la présenter à Malek l'industriel. Elle s'empresse de l'accompagner. Elle est surprise de découvrir que l'idée qu'elle s'est faite de l'homme est totalement fausse.
Malek est la sagesse elle-même. Il accueille Athmane avec un large sourire et embrasse Hakima sur les deux joues. Un geste affectueux et paternel que Hakima a apprécié. Rien en lui ne dénote la malice ou l'hypocrisie. Bien au contraire, l'homme semble très ouvert d'esprit et très réceptif.
La maison est vaste et bien entretenue. Dans le grand couloir où trône une console en marbre, des plantes sont disposées, donnant à l'entrée un air gai.
Ils pénètrent dans un salon luxueux, et Malek leur fait servir des boissons fraîches, avant de faire venir sa fille Dalila.
La petite trisomique, toute souriante, se blottit tout bonnement contre Hakima.
- J'avoue que je n'y comprends plus rien. D'habitude, ma malheureuse fille fuit à la vue d'un étranger, lance Malek, surpris par la réaction de sa fille.
- Les enfants sont très sensibles et savent reconnaître les gens qu'ils rencontrent, dit Athmane, ému. Ils savent ressentir la profondeur de leur personnalité.
Dalila sourit toujours et Hakima passe une main caressante sur sa chevelure soyeuse :
- Nous deviendrons de grandes amies à coup sûr, lance-t-elle à l'intention de son employeur.
- J'en suis certain, lui répond-il en souriant. Et j'espère que ce sera aussi le cas pour mon fils Sofiane.
- Où est-il donc, notre jeune homme '
- Il joue au tennis. Il ne va pas tarder à rentrer.
À ce moment précis, la porte du salon s'ouvre et un jeune garçon à peine sortie de l'enfance fait son entrée et demeure bouche bée un moment avant de demander :
- Qui sont ces gens, père '
Malek se racle la gorge :
- Euh... Viens d'abord les saluer, fiston. Je te présente Athmane et Hakima.
Hakima va s'occuper de Dalila et de toi.
- Je n'ai pas besoin qu'on s'occupe de moi.
- Je sais, mais on a toujours besoin d'un plus grand que soi-même pour nous conseiller.
Sofiane lance un coup d'?il meurtrier à Hakima, qui ne bronche pas, puis tourne les talons pour quitter les lieux :
- Attends donc, je n'ai pas fini de parler.
Le jeune garçon referme la porte derrière lui sans répondre. Malek se laisse tomber sur un sofa :
- Voilà le résultat d'une éducation non assumée.
- Ce n'est rien. Je saurai lui parler. Il est juste un peu intimidé.
- Non, ma fille. Sofiane n'est pas timide. Il est malheureux. Il souffre de l'absence de sa mère...


(À SUIVRE)
Y. H.
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