Algérie

La face cachée des sapeurs-pompiers



La face cachée des sapeurs-pompiers
«Nous nous sommes familiarisés avec la mort»Ils sont dans la plupart des cas les premières victimes de leur persévérance en sauvant des vies humaines tout en minimisant les dégâts en intervenant aussitôt informés.Durant toute la saison des grandes chaleurs les couleurs des tenues de combat des sapeurs-pompiers sont perceptibles de visu un peu partout sur les routes de grande circulation ou encore dans celles au flux moins important. Leurs ambulances à la couleur jaune sont garées dans les coins et recoins des routes réputées pour être la bête noire des automobilistes. Il s'agit de ces hommes appelés simplement les pompiers. Ils appartiennent à un corps qui n'est ni civil ni militaire, la Protection civile. Ils sont dans la plupart des cas les premières victimes de leur persévérance en sauvant des vies humaines tout en minimisant les dégâts en intervenant aussitôt informés.Ils sont simples et modestes. Ils accomplissent des taches rudes en fouinant dans les débris des maisons effondrées ou lors des catastrophes naturelles comme les tremblements de terre, extirpant des cadavres coincés à l'intérieur des voitures des suites des accidents, ils escaladent des dizaines de mètres de façades des immeubles pour défoncer les portes-fenêtres des balcons des maisons dégageant des odeurs nauséabondes suite au décès de ces propriétaires vivant seuls dans leurs appartements. Ils interviennent dans des accidents de circulation. En somme, ils mènent un train de vie laborieux à longueur d'année assumant pleinement leurs missions dans le seul but d'asseoir, sans répression, un climat plus ou moins paisible et presque sans incident notable aux citoyens. A la fin des rudes tâches qu'ils accomplissent, ils s'en sortent souvent avec des éraflures un peu partout dans leurs corps, notamment lorsqu'il s'agit de la maîtrise des feux de forêts. Le dernier en date, remontant au mois dernier, s'est déclenché, dans deux fronts, dans le géant massif forestier de Mers El Kebir, très précisément dans la forêt appelée Santo, localité rattachée administrativement à la daïra d'Ain El Turck. Dans le sillage de cet incendie, une superficie égale à 2 hectares constitués essentiellement de pins d'Alep, pins maritimes, sapins, de platanes et autres broussailles ont été ravagés. Une centaine de sapeurs-pompiers et une dizaine de camions extincteurs ont été dépêchés sur les lieux du sinistre. Ces agents de la Protection civile n'ont pas eu la mission paisible dans leur besogne consistant à cerner d'abord, le gigantesque incendie avant de passerà la phase devant venir à bout du sinistre, la maîtrise totale de l'incendie. La forêt étant à la fois étanche et imperméable est, au départ, inaccessible vu le relief accidenté et engorgé dudit massif. L'opération d'extinction de l'incendie de son début jusqu'à sa maîtrise entière a été guidée par la personne du directeur de wilaya de la Protection civile, en l'occurrence le colonel Ferroukhi Mohamed. Aussi, des éléments de l'ANP, ceux de la Conservation des forêts et des agents de la Société des eaux d'Oran (Seor) se sont joints à ladite offensive qui s'est soldée par l'extinction totale du brasier qui s'est déclenché.L'appel du devoirLa levée du bivouac n'a été effectuée que plus tard. Il a été assuré par la dernière équipe laissée pour une durée de 4 heures qui ont suivi la maîtrise de l'incendie. Il faut dire que les éléments de la Protection civile ont acquis une expérience non moins importante. Ils sont mobilisés dès qu'un feu naissant est signalé. Les moteurs de leurs camions de couleur rouge vrombissant, ils mettent la pression en se dépêchant sur les lieux dès que l'ordre est donné. Arrivés sur les champs des sinistres, ils décapent les lieux accidentés, cernant les flammes en les arrosant par des milliers de litres d'eau avant de s'engouffrer au milieu de l'incendie dégageant une intense fumée empestant le ciel. Malgré le risque qu'ils prennent, ces agents s'en sortent souvent victorieux en ayant gain de cause dans chacune des batailles qu'ils livrent. Une telle mission n'est tout de même pas facile. «Le sapeur-pompier ne se désempare jamais devant les flammes l'enfermant de partout, bien au contraire, il faut se retenir et se munir du sang-froid», dira un agent ajoutant tout heureux d'avoir accompli sa mission en expliquant que «malgré les casques cachant notre sueur, nous regagnons, tous satisfaits, le quartier général». «Notre satisfaction est totale lorsque l'incendie est maîtrisé dans l'art et la manière, sans pertes humaines surtout», a-t-il ajouté. Le même pompier est vraisemblablement très affecté par le décès récemment du chef de service de la flore et la faune forestières, Habib Bekkar. Il dissimule sa peine en la cachant par la très connue citation: «Ce sont les risques du métier.»«Un tel risque, aboutissant souvent à des situations dramatiques, n'est pris que par les hommes croyants et aimant leur métier», a-t-il fini par lâcher d'une voix nouée. «Ceux-là s'appellent les héros et martyrs de la nation qu'il faut nécessairement honorer», a-t-il conclu avant de se débarrasser de son casque cachant ses larmes. Il rejoint son groupe se faisant féliciter par leur supérieur. Aussitôt le briefing achevé, les pompiers vont tout droit dans les vestiaires pour se dégager des odeurs des fumées de l'incendie qu'ils ont affronté avant de se mettre en tenue ordinaire et rejoignent après leurs enfants tout en restant attentifs et à l'écoute de l'actualité. «Nous n'éteignons jamais nos portables», dira Said, un jeune pompier d'une corpulence très fine et spécialisé dans toutes les acrobaties, notamment en escaladant les murs les plus lisses et glissant.«C'est une araignée qui n'a peur d'aucune situation», témoigne en sa faveur son camarade Abdekka. Ils sont toutefois chanceux, plus que ça: ils sont adulés et aimés par tout le monde.Les risques du métierLoin des cérémonies protocolaires, ces pompiers sont populaires en côtoyant de jour comme de nuit les citoyens leur rendant hommage en les saluant dès qu'ils sont croisés dans la rue par des hommes et des femmes. «En me donnant à fond dans mon exercice, je me mets toujours en tête que c'est ma famille que je sauve après que celle-ci a été victime de tel ou tel accident», dira un autre pompier saluant ses camarades tout en leur donnant le rendez-vous dans le café Bravo situé à quelques mètres de la direction régionale de la Protection civile. A Oran, tout comme un peu partout dans toutes les wilayas du pays, les pompiers, ayant pour habitude d'intervenir uniquement dans des catastrophes, leur métier attire plus d'un, notamment la gent féminine et les enfants qualifiant ces hommes comme des supermans et spidermans.D'un ton parodiant tout comme les Oranais connus pour leur humour, un autre pompier ironise en affirmant que «j'apprends une bonne nouvelle, moi qui croyais qu'on est honnis et abominés par tout le monde nous accusant souvent de retardataires en ne nous dépêchant pas à temps sur les lieux du drame». «C'est du moins ce que nous entendons souvent se répéter par des hommes et femmes lors de l'accomplissement de notre devoir», a-t-il affirmé tout en s'exclamant sur ce qu'il a qualifié d'une fâcheuse étiquette qu'«on nous a collée, alors que notre sortie effective nécessite l'observation de plusieurs étapes accomplies en un laps de temps rapide».Ces étapes commencent par rassembler l'équipe de permanence, lui expliquer la nature de l'intervention, lui donner toutes les instructions à respecter lors de la sortie avant de se lancer dans la folle course contre la montre à bord de ces camions aux moteurs bourdonnants, klaxons assourdissants et gyrophares allumés. «Arrivés sur les lieux, notre tâche est souvent entravée par des curieux s'incrustant en se rassemblant alors qu'ils sont censés nous baliser la voie pour que nous puissions mener à bon cap notre mission», a-t-il affirmé avant de lâcher la sentence lui faisant tant de mal «être pompier n'est pas facile».«Dans plusieurs interventions nous nous retrouvons dans des situations fâcheuses, une petite omission involontaire d'une telle ou telle instruction nous est fatale», a-t-il expliquée énumérant les cas des blessures dont plusieurs de ses camarades ont été victimes.«Nous nous sommes familiarisés avec la mort dès le moment où on a signé l'engagement avec la Protection civile», dira Abderezak, un autre jeune pompier.
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