Algérie - A la une

La difficile bataille de l'éthique


Les responsables de l'administration et du secteur économique public ont planché, hier, sur le sujet de l'éthique. Présidée par le Premier ministre, la journée d'étude consacrée à cette thématique intervient dans un contexte, pour le moins complexe où l'agent public voit son image dégradée auprès de l'opinion nationale. Les fameux grands procès attestent de la fragilité d'une administration centrale, aujourd'hui, en manque de crédibilité. Le Premier ministre n'est pas sans savoir que l'image détériorée par tous les scandales qui ont secoué plusieurs ministères ne saurait être restaurée en une simple décision politique ou judiciaire. La crédibilité se gagne par une pratique quotidienne appréciée par la société. Mais le même Premier ministre est à la tête d'une armée de plusieurs centaines de milliers de fonctionnaires qui, épisodiquement ne manquent pas de monter au créneau pour lier l'éthique aux conditions socioprofessionnelles. Dans pas mal de situations, les plaintes des travailleurs sont recevables. Tant au plan salarial que celui des moyens qui sont mis à leur disposition, beaucoup de corps liés à la Fonction publique, à l'image de la santé et de l'Education nationale, pour ne citer que les plus proches des citoyens, la question de «l'éthique» est précédée par des revendications très concrètes, en relation directe avec les missions assignées aux fonctionnaires.Le Premier ministre qui affirme la disponibilité du gouvernement à ouvrir les canaux du dialogue avec les représentants des fonctionnaires, fait face à une montée de la colère, dont la première conséquence est de reléguer la thématique de l'éthique au second plan. Dans la Protection civile, l'enseignement et la santé, les appels au débrayage se font presque quotidiennement. On en veut pour illustration la journée de protestation qui a secoué, hier, de nombreux établissements scolaires du pays. C'est dire que les revendications sociales des fonctionnaires peuvent «voiler» la détermination de l'Exécutif à instaurer l'éthique au sein de l'administration. En effet, on ne peut améliorer le rendement des fonctionnaires dans leurs rapports à la chose publique qu'en les associant dans la gestion de leur parcours professionnel. à ce niveau, la conviction du Premier ministre est faite, mais encore faut-il trouver le moyen de jeter les ponts qui amèneraient les fonctionnaires à adhérer à l'idée de «solutions progressives» préconisées par Djerad. Dans son allocution, hier, devant les hauts responsables de l'Etat, le Premier ministre a reconnu indirectement que le travail reste à faire, puisque, dira-t-il en substance, qu'il est nécessaire de trouver les meilleurs cadres de dialogue social avec les différents partenaires pour régler les conflits professionnels. Le cadre, ce sont les syndicats. Sauf que ceux qui sont actuellement sur le terrain, jouent, pour nombre de surenchères. Cela en plus du facteur confiance qui manque dans les faits et les discours entre les travailleurs et leurs représentants. Le préalable aux questions d'éthique, ainsi posé par les centaines de milliers de fonctionnaires, fausse la donne et risque d'amener l'Exécutif, les syndicats et la société dans son ensemble à tourner en rond. Lorsque le Premier ministre parle d'«aplanir les difficultés qui entravent le bon fonctionnement et le développement du service public», il pense certainement à l'irrémédiable facteur humain. Or, à bien voir l'état des lieux de la Fonction publique, il est forcé de reconnaître que la mission dépasse de loin, le simple cadre du gouvernement Djerad. Ce dernier, qui pose le règlement des difficultés, comme un préalable au renforcement de la paix sociale et à la réalisation de la croissance économique, a véritablement besoin de construire un autre «front interne» au sein même de la Fonction publique. La journée d'hier est peut-être un premier pas pour faire passer l'éthique au premier plan, mais elle est loin de constituer la panacée. C'est sur le terrain que se mène la bataille de l'éthique.
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