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La crise sanitaire exacerbe la détresse des migrants


Si la crise sanitaire induite par le Covid-19 a eu des répercussions parfois assez violentes et dramatiques sur le quotidien des Algériens, elle n'a pas non plus épargné la communauté des migrants qu'elle a frappée de plein fouet. Vivant déjà en situation de précarité, en temps normal, les migrants ont été doublement pénalisés par cette crise, se retrouvant, en l'espace de quelques jours, sans travail et même sans toit pour certains.La gestion locale et nationale de la pandémie les a relégués au rang d'oubliés puisque dans la majorité des opérations de solidarité, la priorité des associations caritatives étant donnée aux Algériens, les migrants n'ont pu, en conséquence, bénéficier des élans de solidarité développés par les organisations de la société civile algérienne, les comités de quartier ou les mosquées, notamment pour la distribution de kits alimentaires. À Oran, hormis les rares ONG et associations activant dans le milieu de la migration, aucune structure n'a ?uvré en leur faveur hormis le Croissant-Rouge algérien qui proposait une aide alimentaire.
Ainsi, la plupart des Subsahariens, qui assuraient des travaux de man?uvre sur les chantiers, ont été mis à l'arrêt par leurs employeurs dont nombre d'entre eux ont profité de cette situation et de leur statut de "sans-papiers" pour ne pas leur payer leurs dûs sur la dernière période de pré-confinement. "Beaucoup de migrants n'ont ainsi pas reçu de revenus depuis six mois maintenant", raconte Malika, membre d'une association caritative qui travaille sur le sujet des migrants à Oran. Même si aujourd'hui, de nombreux chantiers ont repris, les conditions restent très compliquées, souligne notre interlocutrice qui explique cela par les difficultés financières rencontrées par les entreprises durement impactées par la crise et qui "ne peuvent, pour certaines, reprendre leurs chantiers et, pour d'autres, pas encore assurer le paiement". L'interdiction, quoique levée depuis quelques jours, de la circulation inter-wilayas, a considérablement réduit la mobilité de ces migrants, "limitant ainsi fortement les possibilités de travail". Outre la recherche d'un emploi particulièrement sur les chantiers, dans les champs ou dans la manutention, la communauté migrante fait face au problème du logement.
Avec le confinement, certains chantiers à l'arrêt se sont transformés en squats, accueillant les travailleurs habituels et de nombreuses personnes et familles se retrouvant à la rue à cause de la fermeture des hôtels. Pour Malika, le statut illégal de ces familles ouvre grande la porte à tous les abus de la part des marchands de sommeil auxquels "elles payent des loyers inacceptables par rapport à ce qu'elles louent". À ce propos, les foyers de migrants se présentent généralement sous forme d'appartements, de garages, de squats, de dortoirs, d'hôtels où cohabitent plusieurs personnes sans lien de parenté, précise encore notre interlocutrice.
Les propriétaires ou gérants des lieux exigent, pour la plupart, le paiement du loyer mensuel pour les trois premières formules citées. Pour les dortoirs et hôtels, les personnes paient leur place "qui se résume à un matelas" jusqu'à 1 000 DA la semaine. Elle dénonce l'insalubrité de ces lieux où s'entassent jusqu'à 15 personnes dans un minuscule F2. "Ces familles, parfois des femmes seules avec un ou plusieurs enfants, n'ont d'autre choix que d'accepter de louer un garage sans aération entre 15 et 20 000 DA le mois", regrette notre interlocutrice qui reconnaît quand même qu'il existe des logeurs bienveillants "qui n'abusent pas de la situation". Ces marchands de sommeil sans scrupules mettent en location de vieux bâtis menaçant ruine aux migrants au centre-ville, dans les quartiers populaires d'Oran, dans les bidonvilles ceinturant la cité et dans les communes périphériques, et louent généralement pour des sans-papiers qui n'ont d'autres choix que d'accepter et le prix et les conditions d'habitation.
SAïD OUSSAD


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