Algérie - Revue de Presse


Voilà que le libéralisme se met à l'épreuve de ses propres limites, celles au-delà desquelles, la faillite retombe sur le dos des petites gens insuffisamment protégées, proies du courtage et du profit. Comme toujours. Il s'agit bien sûr des tremblements boursiers, financiers et monétaires provoqués pour des raisons électorales ou subis dans un système à stratégies permanentes comme un imprévu, alors que tout semblait saintement oint dans les théories. Les leçons à tirer seront nombreuses et riches en enseignements, mais laisseront quelques zones d'ombre sur cette gênante alliance entre capitalisme et liberté qu'il y aura lieu de revisiter pour définir, une fois de plus, les contours du prochain cycle de gouvernance. Un ordre nouveau, des concepts de régulation naissent déjà dans les universités occidentales, alors que nous sommes dans le côté cour de la planète, à la recherche d'économistes sérieux pour nous expliquer seulement ce qui s'est passé. La démonstration est désormais faite : l'économie mondiale se joue aux USA entre Washington et New York, la première faisant les lois, la deuxième faisant la loi. Ni l'Union des Européens, ni la partie libérale de l'Asie n'y échappent car unis pour le meilleur et maintenant pour le pire pour quelque temps. La Chine, forte de son stock de dollars et pratiquant sa légendaire politique d'austérité, se réserve la meilleure place pour déguster le spectacle, le temps que le puzzle tibétain soit rangé dans sa boîte. Définitivement. Chacun son tour. Sur scène, les agitations des uns et des autres offrent une représentation faite d'un mélange de désespoir sans dire qui en est l'auteur, sans dévoiler les secrets de la dynamique qui va permettre de s'en sortir à moindres frais et le plus tôt possible. L'Afrique reste, quant à elle, comme toujours hors des temps et pour longtemps. Un boulet attaché au pied des nations riches, dont la seule voie de salut est de disparaître avec sa monnaie de singe après l'épuisement des richesses naturelles dont elle tire encore ses bols de riz. En cas de périls dans les hauteurs de la gouvernance, les riches iront rejoindre les riches, les pauvres continueront à éclater comme des cloques faute de se révolter contre un ordre dont ils acceptent la soumission comme par généalogie mal interprétée, mal assumée. L'Afrique demeurera la poubelle du monde pour avoir tourner le dos au progrès, les jambes refusant de sauter plus loin que ne le permettent ses pas, gouvernée par des chefs de tribus de moindre élégance que les anciens, mais tout aussi soumis par impuissance. Prise au piège de l'Histoire des faibles en voulant tout expliquer par la force de ceux qui l'ont dominé sans rechercher les causes de la domination, l'Afrique se laisse mourir. Les pays arabes scellés dans la profondeur de leurs puits, bâillant de tous leurs orifices, prisonniers de leur cupidité, les mains suppliant leurs conquêtes passées de revenir, ne bougent que pour changer le côté sur lequel ils dorment depuis que Grenade est tombée sur leurs turbans comme une citrouille. Citrouille sur citrouille. Leur argent est confisqué et leurs débats limités à n'entrevoir que la différence entre le hallal et le haram pendant que leur argent blanchit aussi blanc que leurs robes dans les banques de l'au-delà sur terre. Mais les banques qui leur servaient d'alibi sont en panne de liquidité pour causes de guerres injustes acceptées par eux pour sauver leurs trônes ajustés leurs postérieurs pour l'éternité. Ils découvrent à leurs corps perdus entre désert religieux et marbre industriel, que le discours sur leur généalogie s'est effacé devant la langue des chiffres, celle qui fait appel à la raison même dans l'échec. Celle qui fait chuter ou hausser la valeur de leurs sous-sols, la seule de laquelle ils tirent leur valeur. Pour l'heure, il y a encore quelque chose à manger et ils affirment tous que les risques ne les concernent pas tant qu'il y aura quelqu'un pour les croire débiter leurs nationalismes aussi dénudés qu'un ver rampant. Lorsque les gouverneurs des banques arabes parlent, on s'étonne d'abord d'en avoir et ensuite qu'ils sachent parler comme de vrais argentiers. Comme ceux qui défilent sur les plateaux des télévisions occidentales pour expliquer, rassurer, proposer des solutions et laisser la place aux politiques qui décident. Pendant que le langage complexe de la haute finance se traduit par des phrases compréhensibles et des animations à la portée de tous, quel sens donner à une monnaie qui permet de construire un pays sans contrepartie de la richesse, sans que la terre ne soit suffisamment terre pour s'ériger en nation et pouvoir enfin donner réponses aux multiples interrogations ? L'inquiétude de voir s'effriter chez nous les fortunes amassées à tour de bras d'une manière grossière est aussi grande que l'a été celle de les faire pleuvoir sur des têtes qui ont surgi de nulle part. La limpidité dans la gestion des deniers publics n'ayant jamais été le souci des gouvernants arabes, qui peut nous dire aujourd'hui, ce qu'il est advenu de l'argent placé « à moindre risque sur les places financières » et à qui profitent les intérêts qu'ils ont procuré ? A qui ? Qui est perdant et qui a gagné de quoi faire face à une crise dont nous recevrons inévitablement les ondes de choc jusque dans nos bols de soupe. Le pétrole commence à baisser l'échine sur les courbes, le dollar n'est plus ce qu'il était, et le moment est venu pour faire l'inventaire de ce que nous savons faire sans le pétrole et sans le dollar. Sans conteste, rien. Nous dépendons entièrement du pétrole et du dollar. Aucun discours ne marche plus pour tenir en haleine les foules et les faire jouir. Et il se trouve quelques rigolos, là-haut perchés, pour se faire l'écho de leurs propres sons et nous dire que nous ne serons pas touchés par la crise, nous mettons loin de leurs comptes, pour ne rien voir. Ils auront raison sur une chose c'est que notre crise est plus profonde que celle de la bourse, elle est devenue invisible. C'es une crise de la raison.




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