Algérie

La contradiction n'est pas nouvelle




La contradiction n'est pas nouvelle
Tous les ans depuis naguère, la polémique n'a cessé d'enfler sur les incertitudes calendaires des mondes musulmans. Les ulémas, les hommes politiques et les scientifiques font pour l'instant la sourde oreille estimant que le moment n'était pas propice au règlement du décalage des fêtes et de l'harmonisation de leur célébration par toute la communauté islamique vivant entre la Chine et les continents américains. Voici le point de vue d'un scientifique sur le phénomène de l'éphéméride lunaire.«Les astronomes auraient-ils pu se tromper ' Bien sûr que tout le monde peut se tromper, mais une erreur grossière dans notre cas est exclue, surtout lorsqu'elle aurait été commise indépendamment par tous les membres d'une communauté scientifique ! Discutons cependant les sources d'erreur possibles. La première source est dans le calcul de la conjonction elle-même et là, les éphémérides lunaires sont d'une extrême précision depuis les théories lunaires de Brown et de Newcomb (Bien sûr basées sur les lois de Newton !) au tournant du siècle dernier et encore plus depuis ces dernières décennies notamment avec les algorithmes du Centre JPL de la Nasa et ceux de l'ELP2000 de l'IMCCE (Institut de Mécanique Céleste de Paris, l'ancien fameux Bureau des Longitudes) qui permettent une précision d'une fraction de seconde sur l'année. Les incertitudes résiduelles se trouvent surtout sur les toutes petites irrégularités du mouvement de rotation de la Terre, notamment l'effet des marées, mais aussi les volcans, les courants marins et le mouvement saisonnier des masses d'air, effets qui dépendent en partie du niveau d'activité solaire et donc sont très peu susceptibles d'être prédits. On ne parle toutefois que de fractions de seconde ! La deuxième source d'incertitude qui est d'ailleurs plus à propos, concerne l'observabilité du croissant lunaire à l?il nu. Il existe là une zone d'incertitude qui paraît difficile à réduire complètement mais dans notre cas, nous sommes si loin de la zone d'incertitude que nous pouvons avec assurance prédire que le croissant n'était pas visible ce soir là. En effet la zone d'incertitude[5] est lorsque l'altitude du croissant est d'au moins de 5°, (nous parlons d'un croissant d'un demi degré d'altitude dans notre cas), et lorsqu'il reste au dessus de l'horizon avant son coucher au-delà de 20mn (Nous parlons de 5mn dans notre cas pour la capitale). Seuls de prétentieux ignorants peuvent prétendre comme ce fut le cas, qu'un tel croissant pouvait être observé ! Notons que la possibilité d'observer le croissant au télescope était possible d'Afrique du Sud mais il se trouve que seule l'observation à l'?il nu est acceptable par la communauté musulmane là-bas et que personne ne l'a d'ailleurs vu même au télescope. Notons aussi que, quoique la visibilité à l'?il nu fût potentiellement possible d'Amérique du Sud, les rapports émanant des instances islamiques de ces régions font cas de sa non observation. On réalise alors combien insensée était la prétention d'avoir vu le croissant de La Mecque quelque 110° de longitude plus à l'Est (Et donc un croissant plus jeune lors du coucher), et avec de plus la configuration d'un croissant par rapport à l'horizon bien plus défavorable ! *Prof. J. Mimouni est le Responsable de l'Ecole Doctorale d'Astrophysique à l'Université Mentouri de Constantine. Il est aussi Président de l'Association Sirius d'Astronomie et Vice Président de l'Union Arabe de l'Astronomie et des Sciences de l'Espace (AUASS).



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