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La conscience mondiale ébranlée '




La conscience mondiale ébranlée '
Dans ce cinquième conflit, l'un des plus meurtriers depuis le retrait unilatéral de l'armée israélienne de Ghaza, en 2005, le mythe de la « sécurité » et du sanctuaire inviolable d'Israël s'est effondré. Hier matin, dans un édito au vitriol, le correspondant militaire du quotidien Haaretz parle d'« échec stratégique national ». Sur les écrans de télévision, défilent les bandeaux signalant l'âge et le nom des soldats tués. Tel-Aviv vit le temps du deuil. Face au mouvement de résistance, armé de roquettes rudimentaires, la plus grande puissance régionale est confrontée au syndrome de la guerre perdue du Hezbollah, en 2006. Le tout Israël pleure ses 29 soldats dans une « guerre sans perspective » qui ignore les causes profondes de l'occupation coloniale. L'image écornée de « la seule démocratie au Moyen-Orient » révèle à coup sûr la véritable nature de l'Etat hors la loi transmué en « Etat voyou » opposant sa puissance de feu inégalée au carnage de la population de Ghaza. Des « crimes de guerre », dénoncés par Amnesty International, ont été impunément commis. Ceux-là mêmes qui ont légitimé l'invasion de la Libye de Kadhafi accusée sans preuves tangibles de bombardement de la population de Benghazi. Amnesty enfonce le clou. Elle juge que la poursuite des bombardements sur des habitations civiles « s'ajoutait à de possibles crimes de guerre qui doivent urgemment faire l'objet d'une enquête internationale indépendante ». Si l'on est loin encore d'une justice internationale pour tous, le bilan astronomique des plus de 600 morts palestiniens et des 3 640 blessés, majoritairement civils, a commencé à ébranler la conscience mondiale qui découvre la barbarie à canons ouverts soufflant un hôpital, le siège de la chaîne qatari Al-Jazeera vouée désormais aux gémonies, un immeuble résidentiel (11 morts dont 5 enfants), une habitation occupée par la famille Abou Jameh dont les 25 membres ont tous péri au moment de l'Iftar, la grande mosquée... Au summum, le crime de Chajaya où 72 Palestiniens ont trouvé la mort dans des pilonnages intensifs de l'artillerie israélienne. Le massacre des civils à grande échelle ne peut plus laisser indifférent. Réuni en urgence, le Conseil de sécurité a exprimé sa « grande préoccupation devant le nombre croissant de victimes ». Ban Ki-moon n'en dit pas moins lorsqu'il s'insurge sur le « trop de civils tués ». Washington, l'allié inconditionnel, n'a pas manqué d'afficher son désaveu. Le secrétaire d'Etat John Kerry s'est ainsi déclaré « profondément inquiets des conséquences des efforts légitimes et appropriés qu'Israël déploie pour se protéger ». Qui sauvera le soldat Israël de la déconfiture et de l'isolement international ' Sur le gril, Israël qui se vante d'un « soutien international » a perdu la bataille de l'opinion. Mis au banc des accusés, y compris par ses plus fidèles alliés, la protesta mondiale a laminé le capital de sympathie. En Europe, confrontée à une marée de manifestations parfois violentes, comme ce fut à Paris et Sarcelles, et au c?ur même d'Israël, à Nazareth, la plus grande ville arabe, des centaines de milliers de personnes ont manifesté pour dénoncer « le génocide à Ghaza ». Le marasme d'une guerre aux perspectives sombres se fait sentir et explique la course contre la montre entreprise par le secrétaire général de l'ONU pour sauver Israël du désastre de l'enlisement. Attendu hier en Israël, Ban Ki-moon a martelé que « la violence doit cesser immédiatement. Ce que nous avons vu ces derniers jours est inacceptable, dit-il. La reprise des initiatives diplomatiques pour tenter de ressusciter la trêve égyptienne bat son plein. Mais, la marge de man?uvre est étroite. Fait nouveau, la rencontre entre Mahmoud Abbas et Khaled Machaâl. Tout en appelant à la fin de « l'agression contre la bande de Ghaza et la levée du blocus mis en place depuis 2006 », ils se sont engagés à « ?uvrer ensemble en faveur du cessez-le-feu ». Pressé par le Secrétaire général de la Ligue arabe d'accepter la proposition égyptienne, Hamas est conforté par la main tendue du Fatah. « Il doit d'abord y avoir un cessez-le-feu puis nous continuerons les discussions avec l'Egypte et toutes les parties régionales et internationales jusqu'à ce que nous concrétisions le contenu d'un accord de paix final », a expliqué un négociateur du Fatah, Azzam al-Ahmad. Assurément, l'union palestinienne retrouvée est la grande victoire de l'épreuve ghazaouie.







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