Algérie

La chasse aux surfacturations




Les transferts vers l’étranger, au titre des importations de services ou des rémunérations des sociétés étrangères, ont doublé durant le premier semestre par rapport à la même période de l’année dernière. Le rapport annuel de la Banque d’Algérie affiche la volonté des autorités de renforcer les contrôles sur le financement du commerce extérieur et les transferts de devises vers l’étranger. En fait, touché par le syndrome des scandales bancaires et des liquidations des établissements privés, l’institut d’émission a serré la vis ces dernières années. L’ouverture d’une nouvelle banque est devenue très ardue. Seule une banque d’envergure internationale, présentant un plan d’investissement répondant aux besoins locaux de financement, peut aujourd’hui accéder au marché.
Le texte montre en filigrane que la Banque centrale poursuit le renforcement de son pouvoir de supervision sur les banques commerciales publiques et privées. Il n’indique pas, cependant, l’étendue des progrès réalisés en la matière. Le document ne fait nullement allusion, par exemple, aux surfacturations. Or, pour contourner la législation des changes, des filiales de firmes étrangères auraient surestimé la valeur de leurs services, devant les difficultés à transférer leur part de rémunérations ou les royalties pour le compte de la société mère.
La systématisation des investigations n’est donc pas fortuite. De telles opérations de contrôle vont dans le sens des orientations du chef de l’État appelant à des changements dans la législation des changes, en particulier dans le transfert des bénéfices ou dividendes des sociétés étrangères, et ce, en vue de freiner ces “fuites massives de devises”. Les transferts vers l’étranger, au titre des importations de services ou des rémunérations des sociétés étrangères, ont doublé durant le premier semestre par rapport à la même période de l’année dernière. Le cas d’Orascom Telecom Algérie avait suscité, rappelons-le, l’ire du chef de l’État. Devenu le numéro 1 de la téléphonie mobile en Algérie, OTA a transféré ces dernières années vers l’étranger d’énormes montants en devises au titre de ses bénéfices, sans engager d’investissements de même ampleur en Algérie. Sa maison mère s’est délestée, de surcroît, de l’activité ciment. La filiale ACC, pourtant propulsée au rang de leader du marché à coups de financements locaux et d’avantages fiscaux, avait été cédée au profit du groupe Lafarge.
Pareil épisode malheureux montre que les soutiens occultes à certaines firmes étrangères privilégiées ont continué jusqu’à une période très récente avec, en fin de course, des résultats nuisant aux intérêts du pays. Dans ce sens, sans un assainissement au plus haut niveau de l’État et une coordination entre les différentes institutions publiques concernées par le contrôle, on ne peut prétendre stopper l’hémorragie constituée par la “fuite de devises” vers l’étranger. Qu’elle soit légale ou illégale.

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