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La célèbre légende de Sidi El Haloui (suite)



La célèbre légende de Sidi El Haloui (suite)
Le lendemain, le surlendemain, et pendant sept jours de suite, la même scène miraculeuse se reproduisit. Le peuple eut vent de la chose et murmura tout haut. Pour le coup, le Bouwab n'y tint plus ; après avoir passé une nuit agitée, il se rendit au Mechouar, de grand matin, et demanda à parler au sultan en personne. Cette faveur insigne lui fut accordée. « Sire, dit-il en tremblant, un miracle ! Que votre Majesté daigne m'entendre ! Je me jette à ses genoux. Un miracle, Sire, un miracle ! » Et notre homme de raconter à son maître et seigneur ce qu'il entendait chaque soir en fermant les portes de la cité. « C'est bien, lui dit le sultan ; trouve-toi, ce soir, à l'heure d'El-Icha, auprès de Bab-Ali ; je m'y transporterai en personne avec mon grand chambellan : je suis bien aise d'entendre par moi-même la voix de cet homme. » Le soir même, le sultan n'eut garde de manquer au rendez-vous. Le vizir qui l'accompagnait était plus mort que vif. A peine la voix sonore et cadencée du muezzin s'était-elle fait entendre pour appeler les fidèles à la dernière prière, que, sur un signe du prince, le Bouwab fit retentir son cri de chaque soir : La porte ! La porte ! Alors au milieu du calme général qui régnait à cette heure, la même voix gémissante psalmodia ces paroles : « Gardien, gardien, ferme ta porte ! Va dormir, gardien ! Il n'y a plus personne dehors, excepté El Haloui l'opprimé ! » « J'ai voulu voir, j'ai vu ! s'écria le Sultan. » Il remercia le gardien des portes et lui fit présent d'une bague en diamants d'un très grand prix. Puis se tournant vers le misérable chambellan : « C'est toi, traître, qui m'as trompé, lui dit-il, toi et les tiens ; tu es un enfant de Satan le lapidé ; à ton tour, tu mourras ! » L'aurore du lendemain éclaira le supplice du grand vizir, supplice raffiné qui dût frapper de terreur les courtisans, et faire frissonner d'horreur les méchantes langues du palais. Le sultan faisait en ce moment réparer les remparts de la ville : il ordonna que son Premier ministre fût enseveli vivant dans un bloc de pisé que l'on posa justement vis-à-vis de l'endroit où le pauvre Ouali avait été décapité et où son corps gisait sans sépulture. Et pour que la réparation fût complète, il décida qu'un tombeau digne de la sainteté de la victime lui serait élevé et qu'on y déposerait pieusement ses restes. Le peuple entier battit des mains, et le sultan fut, d'une voix unanime, acclamé le plus juste et le plus généreux des sultans présents et passés. Telle fut véritablement la fin du saint Abou-Abd-Allah El Haloui de Tlemcen, et l'ancien cadi de Séville. Sources* Revue africaine 1862/ écrits de A. CERTEUX membre de la société historique algérienne 1880.







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