Algérie

La campagne s’envenime


Ouyahia critique ouvertement Belkhadem Le périple électoral du secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, prend de plus en plus d’ampleur et de consistance à mesure que le jour J approche. Son discours est d’une rare virulence à l’endroit de Belkhadem et du FLN. Après avoir revendiqué ouver-tement la cession des ter-res agricoles appartenant au domaine de l’Etat aux bénéficiaires des EAC et EAI, Ouyahia met, cette fois-ci, le pied dans l’engrenage et propose de les rendre «accessibles à moindre coût», pour donner, selon lui, «une nouvelle impulsion au développement des régions de l’intérieur du pays», notamment celles qui ont bénéficié d’apports financiers conséquents dans le cadre du programme spécial de développement des Hauts-Plateaux. L’ancien Chef du gouvernement, qui draine la grande foule partout où il est passé, a interpellé directement le Chef du gouvernement Belkhadem et particulièrement le ministre de l’Agriculture, Saïd Barkat, à «poursuivre le programme de soutien à l’agriculture» et à y introduire des «améliorations qui permettront de diversifier les cultures et d’encourager la mécanisation du secteur et la création d’opportunités d’emploi». En centrant ses attaques verbales sur les ministres FLN, Ouyahia ne se contente pas seulement de critiquer l’action du gouvernement Belkhadem mais il ose franchir de nouvelles frontières dans son discours de campagne puisqu’il n’hésite pas à évoquer les sujets tabous qui ne plaisent pas généralement aux tenants du pouvoir en place. Abordant le programme de son parti, Ouyahia a appelé à mettre en œuvre «rapidement» le programme du RND et les lois d’encouragement de l’investissement et de soutien aux banques, adoptées au mois de mars 2006. Il a également souhaité le soutien du pouvoir d’achat des citoyens par la revalorisation des salaires, la réduction de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), le soutien des prix des loyers, et la prise en charge de la scolarisation des enfants par l’attribution d’une bourse mensuelle de 500 DA qui touche près de 4 millions d’enfants. Ces initiatives «ne coûteront à l’Etat que près de 1,8 milliard de DA», selon Ouyahia qui ajoute que les opérations de solidarité initiées par le département du Dr Ould Abbès, un autre ministre FLN, durant le mois de ramadhan «coûtent 2 milliards de DA». Aussi, suggère-t-il, dorénavant que l’Etat «n’aura pas à dépenser des fonds pour la solidarité durant le mois sacré, car les ménages seraient en mesure d’assurer, dans les meilleures conditions leur quotidien». Plus loin, il enfonce davantage le clou, en mettant bien en relief les lacunes qui entravent la concrétisation des programmes de l’Etat, à l’instar du projet de réalisation de 100 locaux dans chaque commune destinés aux jeunes artisans. Il a estimé que des locaux ont été réalisés «parfois à des distances de près de 4 kilomètres des zones urbaines, compromettant la réussite de ce programme». Ce programme a permis, selon lui, à des jeunes, de concrétiser leurs projets de création de micro-entreprises grâce au soutien de l’Agence nationale de soutien à l’emploi de jeunes (ANSEJ). Il a également recommandé l’élaboration d’une loi qui obligerait les candidats aux assemblées populaires à déclarer leur patrimoine et rendre compte de leur gestion à la fin de leurs mandats, et les commis de l’Etat, les ministres et même le Chef du gouvernement à «assumer leurs responsabilités en cas de dépassements». Ouyahia a appelé à durcir les sanctions pénales à l’encontre des contrevenants, car, a-t-il souligné, «la prison ne doit pas être perçue comme une période de vacances au cours desquelles le condamné bénéficie de mesures de grâce qui lui permettent de sortir libre sans expier sa faute». De son côté, le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem qui continue à sillonner les régions où la fronde s’est le plus exprimée contre lui, a indiqué à l’endroit des opposants à la démarche réconciliatrice que «ceux qui doutent encore des bienfaits de la réconciliation nationale n’ont qu’à visiter Had Chekaka et Ramka» pour s’apercevoir que l’Algérie a retrouvé réellement la «paix et la stabilité». Ces deux villes sont sorties un jour de l’anonymat lorsque des groupes terroristes ont massacré, en 1995, durant des nuits entières, les habitants de ces petites localités agropastorales situées dans la wilaya de Relizane. Près d’un millier de personnes y ont été tuées. Qualifiant l’Algérie d’aujourd’hui, de «grand chantier à ciel ouvert», Belkhadem a appelé les Algériens à retrousser les manches pour contribuer à la construction du pays. L’Etat a dégagé, poursuit-il, 155 milliards de dollars pour le développement, «un investissement à même de transformer l’Algérie et d’assurer une croissance économique appréciable», soutient-il. En réponse aux attaques verbales venant de toutes parts, Belkhadem a lancé à leur direction: «Nous travaillons dans la transparence la plus totale et nous n’avons rien à cacher. Et le FLN est disposé à rendre compte de la gestion des Assemblées.» Le président du MSP, Boudjerra Soltani, croit, lui, au changement et ne cesse d’affirmer que «les conditions sont favorables à un changement profond en Algérie». Soltani a souligné qu’il est temps «de faire sortir le pays des périodes de transition au profit d’un système fondé sur la légitimité populaire». La secrétaire générale du PT, Mme Louisa Hanoune, insistant, elle, sur la nécessaire rupture avec «la politique dictée de l’extérieur», a indiqué que sa formation politique donnera la priorité «aux travailleurs et non aux sociétés multinationales et les institutions financières internationales». Dans le même ordre d’idées, elle soulignera que l’Algérie «accuse un déficit de pas moins de 100.000 travailleurs» pour renforcer le seul secteur de la Fonction publique. Revenant sur le processus de la privatisation engagé par l’Etat, la secrétaire générale du PT a noté que celle-ci «n’a donné que ruine et désagréments aux économies nationales des pays qui l’ont appliquée», réitérant la position de son parti «pour l’arrêt de ce processus (privatisation) des entités publiques, dont les banques». Le secrétaire général du MDS, Hocine Ali, a indiqué, de son côté, que le MDS participera à ces prochaines élections «après un long boycott dû au terrorisme fondamentaliste et aux partis islamistes qui avaient œuvré à mutiler le caractère républicain de l’Etat». Le MDS dira souhaiter «le passage de la légitimité révolutionnaire à la légitimité démocratique». Saïd Farhi
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)