Algérie - Revue de Presse


Le sommet du G8-Energie s'est tenu à Aomori au Japon, c'estune pure coïncidence, au lendemain d'une des journées les plus folles sur lesmarchés pétroliers. Ce sommet a demandé aux pays producteurs d'augmenter leurproduction pour faire face à ce qui est présenté comme un troisième chocpétrolier. Pourtant, les statistiques de l'Agence internationale de l'énergierejoignent celles de l'OPEP: le marché est suffisamment approvisionné.Le niveau actuel des prix du brut n'est donc pas imputableà un déséquilibre entre l'offre et la demande. Les raisons de cette évolutionpar à-coups brutaux sont à chercher ailleurs. La formation des prix sur lemarché est le fait des deux principales bourses mondiales spécialisées dans leshydrocarbures, celles de New York et de Londres. Sur ces places, se rencontrentles intermédiaires et les traders qui, au moyen d'instruments financierssophistiqués, échangent à terme des volumes colossaux d'or noir. Ce sont lesévaluations et les anticipations de marché qui déterminent le prix du pétrole. Orces marchés, fort peu régulés, ont connu ces derniers mois une activitéspéculative intense, elle-même provoquée par la dépréciation du dollar et lesfaibles performances des bourses d'actions à travers le monde.En faisant mine de ne pas tenir compte de cette donnéeessentielle pour le marché mondial du pétrole, le G8-Energie semble vouloiraccréditer la thèse d'un comportement irresponsable des producteurs quiseraient peu soucieux de répondre aux attentes du marché. Les titres de lapresse occidentale sur le «troisième choc pétrolier» relayent, dans desapproches plus ou moins nuancées, le discours sur l'insuffisance de laproduction.Chakib Khelil a redit le point de vuedes pays producteurs. Les mouvements haussiers sont dus à «la crise économiqueaux Etats-Unis, qui a conduit le dollar à baisser fortement, et aussi aux menacescontre l'Iran qui ont augmenté les tensions géopolitiques». Il a réitéréégalement la position des exportateurs: «En terme de fondamentaux, il n'y a pasde problème d'offre et de demande. Il y a beaucoup plus une bulle due à laspéculation... ».Cette position est peu entendue, c'est le moins que l'onpuisse dire, par des gouvernements occidentaux qui apparemment semblent sesatisfaire d'une situation qui procure des bénéfices considérables à desbanques atteintes par la crise des crédits hypothécaires, et qui génère desrevenus fiscaux colossaux aux Etats consommateurs.Quelles sont les conséquences possibles sur l'économiemondiale de ces opérations massivement spéculatives ? La bulle financière surle marché du pétrole succède à celles que l'on a connues sur les marchés dehaute technologie, de l'immobilier et, au plan régional, à la bulle asiatique. Lacorrection d'errements boursiers est souvent très brutale. Elle est en généralassumée par des populations qui n'ont jamais partagé l'euphorie dessuperbénéfices encaissés par des spéculateurs irresponsables.S'ils veulent éviter des conséquences dangereusementimprévisibles, les gouvernements occidentaux doivent désigner les originesréelles de cette hausse. La moindre des choses serait qu'ils fassent observerles règles prudentielles et le principe de précaution souvent négligés dans unpassé récent par les banques. A défaut, le réveil pourrait s'avérer douloureux.
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