Algérie - A la une


La bataille d'Alger
La dernière série d'exécutions perpétrée par l'Etat islamique indique clairement que le dossier des rançons ne sera jamais résolu ou du moins canalisé sans un texte «codifié dans un instrument juridique international de portée universelle», pour paraphraser le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra. L'Algérie qui n'a cessé d'appeler et d'?uvrer à la criminalisation de la rançon a reçu l'appui de nombreuses capitales arabes et occidentales, à l'image de Moscou, Washington, Londres et Johannesburg, mais devant la réticence de certains pays, le chemin reste encore long entre le consensus moral et politique existant et le passage à l'acte.Pragmatiques, les Américains, tout en dénonçant le double discours de Paris à ce sujet, affirment que leur politique de refuser de payer les rançons les a épargnés, relativement, du kidnapping de leurs concitoyens. En deux mots et pour faire plus simple, les terroristes, au courant de l'intransigeance américaine à refuser de négocier avec eux, préfèrent enlever les citoyens de pays qui raquent. La réalité du terrain leur donne entièrement raison puisque sur les 53 otages enlevés par Al-Qaïda, qui ont été recensés ces cinq dernières années, il n'y avait que trois Américains contre un tiers de Français. Les Autrichiens, les Suisses ou encore les Espagnols représentaient quant à eux 20% des personnes enlevées.Alger, à la tête de cette croisade, devra accueillir, prochainement, une conférence internationale sur les sources de financement du terrorisme et le trafic de drogue. Comme invités justement, les pays réticents sur la criminalisation de la rançon, à l'image de la France, l'Allemagne ou encore le Japon. Le but étant de faire converger les efforts, au niveau international, pour lutter contre les réseaux de financement du terrorisme sous toutes ses formes. L'Algérie multiplie ses actions pour arriver à établir des règles sécuritaires claires dans le sens de la criminalisation de la rançon. Lors de la dernière réunion du Conseil des ministres arabes de la Justice, à Jeddah, en Arabie saoudite, elle avait demandé la mise en place d'une commission chargée de l'élaboration d'une loi criminalisant le paiement de rançons qui devra être introduite dans la Convention arabe de lutte contre le financement du terrorisme.L'Algérie, devant la réticence de certains pays, peut même aller jusqu'à mettre sa coopération dans la lutte contre le terrorisme sur la balance. C'est dire toute l'importance que les Algériens accordent à ce dossier surtout quand on sait que les rançons contribuent fortement aux finances des organisations terroristes qui menacent le pays. La diplomatie algérienne ne se contente plus de demi-victoires comme la résolution 1904 adoptée par le Conseil de sécurité de l'Onu incriminant, «même de manière allusive», selon M. Lamamra, le paiement de rançons, mais compte saisir l'Onu pour l'adoption d'instruments et mécanismes contraignants contre le paiement de rançons.Rappelons que ce sujet est au centre de beaucoup de préoccupations et de tensions entre les capitales mondiales. Ainsi, excédé par le double langage du président français, François Hollande, Obama avait affirmé que Paris paye des rançons aux groupes armés. Dans un entretien accordé au «New York Times», le président américain était irrité par l'attitude française de dégainer le carnet de chèques à chaque prise d'otage. Vicki Huddleston, ancienne diplomate américaine au Mali, avait déclaré que «les Européens payent les rançons, puis nient l'avoir fait. Cela rend nos ressortissants vulnérables».Le quotidien américain estimait que la France avait versé 58,1 millions de dollars depuis 2008 pour libérer ses ressortissants détenus par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), alimentant de fait l'effort de guerre des groupes djihadistes alors que le commerce des otages a rapporté près de 125 millions de dollars à la mouvance djihadiste. L'Algérie installée aux premières lignes du front a de quoi s'inquiéter puisque ces dollars servent, entre autres, à armer lourdement des groupes qui l'ont toujours en ligne de mire.




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