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La baraka des papys qui font de la résistance




La baraka des papys qui font de la résistance
Samedi, en début de soirée, au cinéma El Feth, à Saïda, régnait un je-ne-sais-quoi de fébrile et de festif dans l'air. Et pour cause ! Toute la crème de la crème des chioukh du ch'ir el melhoun ? poésie chantée ? de l'Ouest de l'Algérie ont été conviés une semaine durant pour célébrer cet art pas du tout mineur.Et ce, sous les auspices et l'impulsion du wali, Saïd Méziane, en collaboration avec la direction de la culture, le comité de l'action culturelle et le mouvement associatif local. Et en présence de Abdelkader Bendamèche, président du Conseil national des arts et des lettres.Au menu du vaste et riche programme figurent les «papys qui font de la résistance» en matière de ch'ir el melhoun face au technoïde raï et autre musique assistée ambiante. Les Boutaïba dit «Saïdi», pionnier du raï, Tahar, Fati, Smaïl, Chadli, Mohamed Saïd, Krimo de Saïda, Okacha de Mascara, Miloud de Tissemsilt, Hatab et Kada de Tlemcen, El Ouahddani de Chlef, Dehane de Naâma, ou encore Lechlech, Hamid Baroudi d'Oran, ou encore Abdelkader El Khaldi de Mostaganem étaient tous là pour un retour aux sources. Au grand bonheur des amateurs de cette musique traditionnelle. Aussi, le public s'est délecté.On lui a offert un présent (et un passé) d'une grande mélomanie. Des concerts unplugged, traditionnels et immanquablement acoustiques. Où les instruments sont débranchés. Sans courant alternatif d'ACDC. Guellal (percussions), gasbas (flûtes) rehaussés par le «MC» (maître de cérémonie), le cheikh. Cheikh Tahar de Sidi Bel Abbès, Cheikh Smaïl de Saïda ont célébré la patrie, la mère, la matrice, le cheval, la «plus noble conquête de l'homme», Abdelkader El Khaldi (Jr) de Mostaganem déclamera une ode à l'endroit de son père spirituel, le prince des poètes, l'amoureux transi de Bakhta, Abdelkader El Khaldi (senior) de par le texte Jar Alya El Hem et Cheikh Hamada à travers des reprises comme Dablouni Larssam.Hommage posthume à la diva Cheikha DjeniaTout au long de la semaine, un hommage posthume a été rendu à la diva du raï «rural», Cheikha Djenia ? que le wali de Saïda adore. Cette grande dame, cette diablesse du raï, qui revendiquait haut et fort son titre de «cheikha Djenia el hakania el kebira bent Saïda (La vraie, la grande, l'authentique fille de Saïda)».Et ce, pour se distinguer de Cheikha Djenia Sghira ayant usurpé le nom de scène. Ainsi, Cheikh Metahri de Saïda a interprété Allah Yerham Echouhada, El hamdou lilah ya Rabi Gaâda amara, Echahdou 3liya ya Ndjoum Ellil, Cheikh Djelloul (Saïda), la chanson patriotique Oued Chouli ? déjà immortalisée par Cheikha Rimitti ?, Tebka Bladi Syida ou Talaâ kel el alam et Men Saïda lé Tlemcen, Cheikh Larbi d'Aïn Defla, Aini Elyoum Chefet Hmama, Ha El Hamam et Abouya Kirani et Cheikh Hatab de Telagh (Sidi Bel Abès), Rabi Ala El Mleh Idabar, Saida Baâida ou El Machina Ghalia ou encore El Oued Ya El Oued. Cheikha Djenia est décédée une certaine journée du 1er avril 2004, un jeudi, à l'issue d'un tragique accident de la circulation sur la route de Sidi Bel Abbès menant vers Tlemcen, et ce, prématurément, à l'âge de 50 ans. Soit neuf mois après la disparition de son mari «el berrah» (aminateur et dédicassseur), le fameux Zouaoui, lui aussi mort tragiquement.Il a été abattu par méprise à d'un barrage de nuit par les forces de sécurité. De son vrai nom Fatma Mebarki, Djenia est née en 1954, à Marhoun, dans les environs de Saïda. Obnubilée par Cheikha Rimitti, Farid El Attrache, Abdelhalim Hafez et Oum Kalsoum, elle quittera le giron familial et conjugal à 17 ans, à la suite d'un mariage forcé. Remarquée par cheikh Aïssa, elle se produira à ses côtés pour faire et parfaire ses premières armes. Elle signera son premier album en 1970 sous l'impulsion de Hadj Mazou, lequel la baptisera «La diablesse» (Djenia) pour son timbre de voix rock (rauque). Cependant, Djenia se distinguera avec le raï synthétique en duo avec Cheb Abdelhak avec Rah Egaber (Il drague).Djenia s'est illustrée avec des hits comme Kayen Rabi, Trig Bidou, Dertou fina Djournan, Trab el Ghadar, Ha Nounou, et Kin Dir Ouan Dirleh repris par Cheb Abdou et bien d'autres, sans percevoir les droits d'auteur bien sûr. Djenia était la digne héritière de cheikha Rimitti. «Le ch'ir el malhoun n'est pas un art minueur. Dans le monde entier l'on retourne aux sources. Comme la musique celtique, le blues? Cet événement est contre l'oubli?Il faut consolider le statut des chioukh dans la société contemporaine?», a souligné le wali de Saïda.




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