Algérie - Revue de Presse

La baraka de Yennayer, puisque le communiqué de la chefferie du gouvernement du 4 janvier dernier y fait référence, est invoquée pour renouer le dialogue que tout présentait comme définitivement rompu entre les archs et le chef de l?Exécutif. Les archs, après une très longue apnée, ont choisi la date du 12 janvier, premier jour de l?an berbère, pour tenter, et enfin laisser tomber, une démonstration de mobilisation à travers une grève générale. Il n?est sans doute pas sérieux de croire que la nouvelle main tendue du pouvoir soit en l?occurrence inspirée par cet accès surprise de dynamisme d?une structure que tout donne comme dévitalisée et démobilisée ni par son hypothétique potentiel de reconduire les démonstrations de force d?il y a quelques années. Les motivations de la démarche sont sans doute à chercher ailleurs, tranchent des pans de l?opinion. Peut-être dans cet élan de dialogue tous azimuts que les gouvernants disent mener avec les acteurs sociaux, dans l?optique du fameux pacte social et en prévision d?échéances politiques aussi importantes, du point de vue du pouvoir à tout le moins, que ce référendum sur l?amnistie générale. C?est ce que pense un syndicaliste qui, avec des camarades, s?est impliqué dans le mouvement de protestation dès sa naissance et que des divergences profondes ont fini par écarter de ce qui est devenu depuis la structure des archs. Un autre militant de la cause amazighe, qui relève que les segments associatifs ont depuis peu repris la tâche salutaire du travail sur le terrain, alors qu?est relancé le débat sur la transcription de la langue, craint quant à lui un effet de diversion. Le choix de la proximité de Yennayer, date moins chargée politiquement comparée à d?autres dans l?histoire de la revendication démocratique, encore plus dans celle des archs, tend par ailleurs, au plan de l?approche, à confiner l?initiative visant à parachever « l?accord global sur la mise en ?uvre de la plateforme d?El Kseur », aux plans culturel et identitaire. Tout le débat enclenché depuis prés d?une semaine au sein des archs sur l?opportunité de dire oui ou non à la nouvelle invitation du chef du gouvernement s?est ainsi déroulé dans l?ambiance mi-folklorique mi-militante de Yennayer. D?aucuns, poussant un peu le pronostic, avaient même tablé sur une rencontre entre les deux parties le jour même du 12 janvier. Le contexte est également celui de la multiplication des initiatives plus au moins officielles s?intéressant au patrimoine amazigh avec comme perspective immédiate le lancement de la nouvelle chaîne de télévision nationale d?expression berbère. Ces nouveaux égards accordés à la culture et à la langue amazighes peuvent passer inaperçus et s?avérer inopérants politiquement s?ils se bornaient à de simples mesures unilatérales ou engageant insuffisamment des acteurs politiques. Comme ce fut le cas en avril 2002 de la reconnaissance constitutionnelle de tamazight comme langue nationale. Acquis historique poursuivi par des générations de militants, la consécration n?a eu que des effets feutrés pour la simple raison qu?elle était intervenue comme la conclusion du dialogue dit « Taïwan » avec la délégation conduite par Alilouche. Le bébé a été jeté avec l?eau du bain. Le re-lancement des discussions avec les archs dans le contexte pourrait participer donc du souci de rechercher un interlocuteur pouvant endosser la démarche et la présenter comme l?aboutissement d?un processus politique de règlement de la crise, même si celle-ci semble désormais procéder de l?artefact. Il n?y a en effet qu?à prendre le pouls de la rue pour s?apercevoir que la reprise de langue entre Ouyahia et les archs est loin d?intéresser grand monde. « Le pouvoir a un projet politique et il a besoin de nous... Nous allons essayer de tirer notre épingle du jeu, c?est tout. », analyse simplement un délégué des archs. D?autres délégués, désormais instruits de l?utilité vitale d?une démarche pragmatique, soutiennent qu?ils ne sont pas dupes des enjeux que l?on subodore à l?orée de la deuxième année du deuxième mandat de Bouteflika.
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