Algérie - Banu Hilal

L'une des versions TRIBU DES HAL BEN ALI



Les Hal Ben Ali disent descendre d’une colonie djouala (idolâtre) qui habitait jadis Tobna, sur le versant
sud du Djebel Ouled Sultan. C’est une opinion accréditée chez eux et chez tous les Arabes, que leurs
pères etaient chrétiens avant de se faire musulmans, et qu’ils auraient ainsi subi les influences de tous les dominateurs de l’Afrique.
Selon leurs tolbas, voici leur histoire : Autrefois, vivait à Tobna une ancienne famille en grande vénération dans tout le pays et dont le chef s’était acquis une juste réputation de sagesse. C’était à l’époque de l’invasion musulmane. Cet homme, aimé de Dieu bien qu’il fût idolâtre, reçut en songe cet avertissement, que Tobna serait menacée le jour où l’on découvrirait dans les environs la trace d’un chameau.
Or, un jour qu’il avait envoyé un domestique chercher, avec un âne, des fruits dans un jardin à quelques lieues
de la ville, il vit sur le soir l’âne revenir sans son guide et les paniers inégalement chargés ; donc on avait tué
son serviteur, et on avait pris des fruits dans le panier à moitié vide. Son rêve lui revenant à l’esprit, il partit le lendemain pour visiter les environs, et découvrit avec effroi les pas d’un chameau empreints dans le sable. A quelques jours de là, ses préparatifs de fuite étaient faits, il avait réalisé tous ses biens en numéraire, et il allait chercher sur la montagne un refuge hospitalier. Cependant l’homme sage ne pouvait pas partir sans prévenir ses compatriotes , il alla se réfugier sur le Bou Taleb, d’où il lâcha le pigeon après lui avoir attaché au cou un billet sur lequel ce seul mot, Bou Taleb, était écrit.
Les habitants de Tobna comprirent le sens en voyant revenir le pigeon messager, les plus peureux se sauvèrent sur le Bou Taleb ; ceux-ci furent les plus sages, car Tobna, assiégée par Ali, chef de l’armée musulmane.
Au milieu du désordre, une femme se sauvait à travers les rues ensanglantées, en pressant sur son cœur un fardeau, enveloppé dans ses vêtements ; comme un soldat voulait le lui arracher, elle tomba à genoux en s’écriant : « C’est mon fils, Mouloud ! » et elle entrouvrit son haïck ; l’enfant sourit au soldat en lui tendant les bras. Ali passait par là, et comme la mère était belle il l’a epousée. Plus tard, il adopta l’orphelin et lui donna son nom. — Ce fut le père des Hal Ben Ali.
Mouloud Ali parvint à une haute fortune dans le Tell, et, à sa mort, son commandement fut partagé entre
ses trois fils. Saoula, l’aîné, fut hakem de Constantine ; Ali Ben Ali, le second, commanda dans le Tell depuis Sétif jusqu’au Roumel ; Dif Allah, le troisième, placé directement sous les ordres d’Ali Ben Ali, partageait avec lui l’autorité.
Des querelles leur mirent bientôt les armes à la main. Ali Ben Ali, battu d’abord, puis abandonné par ses troupes, se vit enfin contraint de fuir dans le Sahara, où l’accueillirent les Dreïdes, alors maîtres absolus du désert.
Selon la chronique, il dut ce bienveillant accueil à cette circonstance, que les Dreïdes n’avaient pas de chevaux à cette époque, et qu’il arriva chez eux monté sur un très-beau cheval. Hardi cavalier, Ali fixa sur lui l’attention de ses hôtes, qui lui donnèrent une tente et le marièrent à l’une des plus belles filles de la tribu. Son courage à la guerre aidant sa fortune, il fût bientôt, et d’une voix unanime, élevé à la dignité de cheikh el arab ; dignité héréditaire qui devait se perpétuer dans sa famille, mais qui, par suite de guerres et de révolutions dont il est difficile de suivre les phases, passa, vers l’époque de l’invasion turque, chez les Gannah, descendants de Dif Allah. Les Hal Ben Ali, restés au désert, y devinrent si puissants, bien que leur chef eût été déshérité du titre de cheikh el arab, qu’ils prélevaient des impôts jusque chez les Beni Mzab. Vaincus plus tard et soumis par les Turcs, ces nouveaux conquérants les tinrent néanmoins en si grande estime, qu’ils les constituèrent makhzenia, titre qui les exemptait de tout impôt.
Cette tribu, vraiment aristocratique, très-orgueilleuse de son antique noblesse, a conservé sa race
dans toute sa pureté ; ses familles ne s’allient qu’entre elles ; il n’est permis aux jeunes gens de déroger à
cette règle qu’en faveur des belles filles de la tribu des Abd el Nour.
L’arbre généalogique des Hal Ben Ali était déposé dans la mosquée de Sidi Okba ; il a disparu, et toutes les recherches pour le trouver ont été vaines. Ils accusent les Hal Ben Dif Allah, leurs frères de la branche cadette, de l’avoir brûlé lorsque Ben-Gannah, le cheikh el arab, fit en 1840 une expédition à Sidi Okba.

Extrait de l'ouvrage
Rédigé par les documents recueillis par les soins
DE M. LE LIEUTENANT-COLONEL DAUMAS
Directeur central des affaires arabes à Alger
Et publié avec l’autorisation de
LE MARÉCHAL, DUC DE DALMATIE
Président du conseil, ministre de la guerre



Cette belle histoire raconte les rapports conflictuels entre deux familles dirigeantes du Hodna et des Zibans: les BouAokkaz et les Ben Gana qui, au pouvoir grâce aux turcs et aux français, récoltèrent l'impôt dans les tribus.
moulin andré - Chercheur - marseille, France

07/02/2012 - 26719

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