L'UGTA sauve les foggaras du nord

Le11ème congrès de l'UGTA a fait finalement de sonmieux. Pas pour réélire Sidi mais pour représenter les moeurs de l'Algérie quigouverne et possède. Cela s'est passé dans un hôtel de luxe et pas dans la Maison du peuple, commeremarqué par nos confrères. Et toujours selon nos confrères, tout y était: l'empoignade,la bousculade, les coups de poings (ou presque), le coup d'Etat indirect, l'imprévu,les ovations, les repas, les motions de soutien et les démonstrations de bras.Pourune affaire interne au pouvoir, les recettes n'ont pas fait dans l'habillagecomme lorsqu'on s'adresse au peuple assis dehors: il y a eu le coup detéléphone de Bouteflika, selon certains, la réuniondans l'arrière-salle avec un chef du gouvernement et un ministre, la solutionpar le sabre et le désamorçage des contestations par usage du sursis et de lapromesse d'une suite. Tout a été dit dans le cadre de ce 11ème congrès et mêmece que les actionnaires de la RADP ont coutume de ne pas proclamer à haute voix: le soucid'un équilibre régional, est-centre-ouest, dans ladistribution des numéros gagnants.Questionde base donc: qu'est-ce qu'il y a d'aussi vital dans l'UGTApour que l'Etat s'en mêle comme s'il s'agissait de son avenir, de son ultimerepas, d'un complice à protéger absolument ou d'une machine d'assistancerespiratoire ? Réponse officielle et largement admise par les discours: ils'agit d'un syndicat de substitution au réel, permettant de faire passer ce quel'on veut, jouant généralement à la doublure et au ramasseur de balles entrel'Etat et la peuplade et fréquemment utilisé comme le dernier parti uniqueencore sous la main pour le système monologuant local.Est-cevrai ? Un peu, mais cela n'explique pas l'essentiel. A savoir que l'appareil del'Union est un appareil alimentaire. Il permet la distribution automatique dela rente et fonctionne comme un habillage légal pour cette distribution. Là oùl'Etat possède et ventile la rente du pétrole, l'UGTAest là pour récolter vos épargnes issues de ce qui vous reste de ce que l'Etatvous donne en tant que peuple assis, et les distribuer, par la suite, hors detout contrôle et selon les besoins de l'élevage.Lessyndicats autonomes peuvent ainsi obtenir tout ce qu'ils veulent, même dessalaires en dollars, mais jamais le contrôle des caisses et fonds descotisations des travailleurs algériens. C'est avec cet argent que tout se payeet tout s'achète. Si l'UGTA se retrouve un jourlâchée, c'est tout le système des foggaras de la distribution de l'argentcollecté qui va éclater, remonter à la surface, révéler des cadavres et desobèses et soulever le peuple comme un seul homme qui découvre qu'on lui a voléune partie de son salaire depuis le jour où sa mère l'a mis au monde pour qu'ilsoit exploité comme une pile. D'où la question vitale de la survie de l'UGTA et de Sidi en particulier. S'il tombe, se rouille, bloqueou se dissout, ce sont quelques milliers d'Algériens qui vont se retrouver àLondres à regarder l'horloge géante de Londres et à marchander leurs surviescontre leurs silences. Si vous avez compris le système des foggaras, vous aveztout compris. Mais cela ne veut pas dire que vous pouvez faire quelque chose. Pourle moment.