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L'ONU dénonce une "mort alarmante"




"Nous sommes particulièrement préoccupés par le fait que les soins nécessaires n'ont pas été prodigués à M. Fekhar alors qu'il était sous l'autorité pénitentiaire", estiment les experts du Groupe de travail onusien.Le décès le 28 mai dernier du Dr Kamal-Eddine Fekhar en détention ne cesse de susciter des condamnations. Après la vague d'indignation suscitée dans le pays, c'est le Groupe de travail sur la détention arbitraire de l'ONU qui revient sur la mort du militant Fekhar. Dans son rapport, le groupe de travail a qualifié "la mort d'un gréviste de la faim en détention" d'"alarmante". Ces experts de l'ONU qui ont déjà travaillé sur le cas du défunt Dr Fekhar lors de son arrestation en 2015 ont déclaré avoir reçu des informations selon lesquelles Kamal-Eddine Fekhar, "médecin et fondateur de la fondation Tifawt, qui défend les droits des peuples autochtones et de la minorité mozabite de la région du M'zab dans le nord du Sahara, n'aurait pas reçu de soins médicaux adéquats à temps avant sa mort survenue le 28 mai 2019".
"Nous sommes particulièrement préoccupés par le fait que les soins nécessaires n'ont pas été prodigués à Kamal-Eddine Fekhar alors qu'il était sous l'autorité pénitentiaire, ce qui est contraire au principe 24 de l'ensemble de principes pour la protection de toutes les personnes soumises à une forme quelconque de détention ou d'emprisonnement", estiment les experts du Groupe de travail. Pour rappel, le même Groupe de travail avait, auparavant, considéré que la détention du Dr Fekhar en 2015 "était arbitraire". Dans son avis portant le numéro 34/2017, le Groupe de travail avait souligné que cette arrestation "est contraire au Pacte international relatif aux droits civils et politiques".
Le Groupe de travail avait, entre autres, demandé sa libération immédiate et exigé des autorités algériennes "de ne plus le remettre en prison pour les mêmes motifs". "Nous sommes alarmés par les faits rapportés et regrettons l'absence de mise en ?uvre de l'avis du Groupe de travail sur la précédente détention arbitraire de M. Fekhar", regrettent les experts onusiens, ajoutant qu'il est également inquiétant le fait que "les autorités algériennes, après avoir libéré M. Fekhar, n'aient pas respecté les garanties de non-répétition de la détention arbitraire d'un défenseur des droits de l'Homme".
Il faut rappeler que le Dr Kamal-Eddine Fekhar a été arrêté le 9 juillet 2015. Selon Me Salah Dabouz, les services de police ont procédé à l'arrestation du Dr Fekhar le lendemain d'une "réunion qui a regroupé Abdelaziz Bouteflika, Ahmed Gaïd Salah, Ahmed Ouyahia, Abdelmalek Sellal et probablement Bachir Tartag". Selon l'avocat, la communication officielle à l'issue de cette rencontre évoquait "une réunion pour traiter des problèmes à Ghardaïa", sauf que, enchaîne-t-il, "le procureur général de Ghardaïa, Mohamed Bensalem, avait instruit le chef de sûreté de la wilaya de Ghardaïa d'arrêter Fekhar et tous ceux qui pouvaient se trouver avec lui". Il a souligné qu'après des recoupements, "on croit savoir que cette arrestation a été décidée lors de cette fameuse réunion des hautes autorités", d'où "la célérité avec laquelle le procureur général a demandé l'arrestation du Dr Fekhar".
Il faut souligner également que la famille du défunt Kamal-Eddine Fekhar a déposé plainte contre le wali de Ghardaïa, Azzedine Mechri, le procureur général près la cour de Ghardaïa, Mohamed Bensalem, le juge d'instruction de la première chambre du tribunal de la ville, le directeur de la prison de Ghardaïa et le directeur de l'hôpital Brahim-Tirichine de la ville. Dans sa plainte, la famille Fekhar accuse les 5 responsables d'"allégation et imputation d'un fait qui porte atteinte à l'honneur ou à la considération de personnes, acte arbitraire ou attentatoire, soit à la liberté individuelle, soit aux droits civiques d'un ou de plusieurs citoyens et non-assistance à personne en danger". Par ailleurs plusieurs hommages ont été rendus au défunt depuis son décès et une demande de plus en plus insistante sur la libération de tous les détenus d'opinion s'exprime depuis.

Mohamed Mouloudj





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