Algérie - Revue de Presse

L?Iran et la Syrie dans le collimateur de Washington



Les Etats-Unis d?Amérique considèrent toujours la Syrie et l?Iran comme les principaux obstacles à l?instauration d?une paix durable dans la région du Grand Moyen-Orient (GMO). Dans son discours sur l?état de l?Union, prononcé le 2 février dernier devant le Congrès, le président américain, George W. Bush, n?a pas écarté l?éventualité de recourir à la force contre ces deux pays qu?il a accusés de soutenir le terrorisme et de chercher à se doter d?armes de destruction massive. « Afin de promouvoir la paix dans le Grand Moyen-Orient, nous devons affronter des régimes qui continuent d?abriter des terroristes et cherchent à se doter d?armes de destruction massive. La Syrie permet encore que son territoire ainsi que certaines parties du Liban soient utilisés par des terroristes qui cherchent à détruire toute chance de paix dans la région (...). Aujourd?hui, l?Iran reste le principal Etat dans le monde à soutenir le terrorisme et cherche à acquérir l?arme nucléaire tout en privant son peuple de la liberté qu?il recherche et qu?il mérite », a déclaré le président américain. Les principaux griefs retenus par Washington à l?encontre de la Syrie ont trait, notamment, au soutien par Damas du Hezbollah chiite libanais pro-iranien, une organisation « terroriste » aux yeux du département d?Etat américain. La Maison-Blanche accuse aussi la Syrie de laisser des partisans de l?insurrection irakienne opérer à partir de son sol. Damas - qui est sous le coup de sanctions économiques depuis mai 2004 - avait déjà été sommée, durant la même année, de retirer ses troupes du Liban (résolution 1559 du Conseil de sécurité de l?ONU adoptée en septembre 2004). Pour le moment, les menaces américaines n?ont pas l?air de trop inquiéter le régime de Bachar El Assad. Le gouvernement syrien laisse entendre, à tout le moins, qu?il ne cédera pas face aux « intimidations » de la Maison-Blanche, qui attend de lui « qu?il cesse tout appui au terrorisme et ouvre la porte à la liberté ». En revanche, Damas se montre disposé à « dialoguer » avec l?Administration Bush. En réponse au discours du président américain, le ministre syrien de l?Information, Mahdi Dakhlallah, a déclaré : « Les responsables américains doivent être convaincus que les pressions sur la Syrie sont inefficaces et que le renforcement du dialogue est la seule voie utile. » Les mauvais élèves de la démocratie Si le différend entre Washington et Damas garde encore toutes ses chances de se régler par la voie diplomatique, cela pourrait ne pas être le cas concernant le dossier iranien. Les Etats-Unis, qui considèrent l?Iran comme « le principal Etat dans le monde à soutenir le terrorisme et cherche à acquérir l?arme nucléaire tout en privant son peuple de la liberté qu?il recherche et qu?il mérite », paraissent bien décidés à imposer des lignes rouges à ce pays. « Nous nous associons à nos alliés européens pour signifier clairement au régime iranien qu?il doit renoncer à son programme d?enrichissement de l?uranium et à tout retraitement de plutonium et mettre fin au soutien qu?il apporte au terrorisme », a indiqué le président américain. Il semble vouloir faire de la démocratisation du Proche-Orient un des points forts de son agenda international. Dopé par les succès de la « campagne d?Afghanistan » et des récentes élections en Irak - un pays présenté comme le futur modèle démocratique pour les pays du monde arabe -, George Bush ajoute à sa liste des « mauvais élèves » de la démocratie l?Egypte et l?Arabie Saoudite. Bien que très diplomatique, le rappel à l?ordre du Caire et de Riyad par Washington est assez surprenant du fait que ces deux capitales comptent parmi les alliées traditionnelles des Etats-Unis dans la région du Proche-Orient. La décision du président américain de « bousculer » l?Egypte et l?Arabie Saoudite laisse penser que pour les Etats-Unis, ces pays ne leur sont plus indispensables depuis la « pacification » de l?Irak. En obligeant Le Caire et Riyad à enclencher des réformes démocratiques, les Américains espèrent, par là même, faire grimper leur cote auprès des opinions arabes « écrasées » politiquement par des « régimes dynastiques » ou des « républiques héréditaires ». L?Egypte est, à titre d?exemple, dirigée depuis 23 ans par le président Hosni Moubarak. Ce pays, qui connaîtra bientôt une élection présidentielle, consacrera probablement une succession entre « le père et le fils ». En ce sens, il est à prévoir que les « remarques amicales » de George Bush auront, dans l?immédiat, un double effet sur l?Egypte. Outre la possibilité de se voir, à l?avenir, obligé de modérer son discours au sein de la Ligue arabe en raison de son « non-respect des standards démocratiques », Le Caire sera éventuellement contraint, aussi, de revoir sa politique intérieure et, surtout, de trouver un leader plus ouvert aux idées du pluralisme et de l?alternance. Et à l?image des changements annoncés en Egypte, c?est tout le monde arabe qui devrait connaître des bouleversements après la décision de Washington d?accélérer la cadence des « réformes démocratiques » dans le monde.
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