Algérie

L'INTROUVABLE, POURTANT REELLE, AUTRE COMMUNAUTE INTERNATIONALE Laurence de Syrie




De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari
Le poste avancé d'observation qu'est Bruxelles permet de tirer, concernant la Syrie, deux enseignements. Il y a «deux communautés internationales», l'une argentée, médiatiquement, politiquement et «droits de l'homme» bien outillée qui veut trancher la tête de Bachar Al Assad et démanteler son régime. L'autre plus nombreuse, au-delà de Moscou et de Pékin, avec Brasilia, New Delhi, Pretoria, les Asiatiques, la plupart, beaucoup d'Africains, taiseux parce que pauvres, des Arabes, oui des Arabes, mais terrorisés par le curieux «printemps»…
Pourtant, le label «communauté internationale» n'est accordé qu'à ceux qui veulent l'expédition punitive en pays ommeyade. L'autre enseignement est qu'il existe deux enfers aussi. L'un, pavé de bonnes intentions, et le djahim, le nom arabe de l'enfer, une vraie marque de fabrique, n'est pavé que de mauvaises intentions. C'est le cas actuellement du chemin de Damas. L'enjeu syrien est crucial pour la coalition auto-proclamée «communauté internationale». En fait un conglomérat d'intérêts puissant, très puissant, les vrais patrons d'une grande partie du monde. USA, évidemment, Royaume-Uni, France, Qatar et immense fortune au service des premiers nommés, l'Arabie saoudite, toutes les monarchies sunnites du Golfe, beaucoup de chaînes satellitaires parlant l'arabe et destinées aux Arabes et aux communautés non arabes vivant dans le monde dit arabe. Tout ce beau monde veut tordre le cou à Bachar Al Assad, démanteler le régime, chasser, emprisonner, massacrer ou laisser massacrer les symboles de la dynastie alaouite actuellement au pouvoir à Damas. Le crime, les crimes reprochés à Al-Assad et à sa belle épouse ' Non-respect des droits de l'Homme, répression, enlèvement de citoyens, bombardements de civils, etc., etc., etc. Tous les êtres sensés, y compris à l'intérieur des puissances prochainement occupantes de la Syrie, si l'objectif de faire sans Assad est maintenu, savent, pourtant, que tout cela c'est du pipeau, de la propagande, du travail psychologique, de préparation pour justifier l'éventuelle expédition punitive, l'entrée en guerre. Oubliées, déjà, les armes de destruction massive et les accointances avec Al-Qaïda de Saddam Hussein ' Les deux gros mensonges ont été, pourtant, le prétexte à l'envahissement de la Mésopotamie saddamienne. L'Afghanistan ' Ah, l'Afghanistan ! Que n'a-t-on dit sur la situation des femmes à Kaboul et ses environs, les destructions des boudhas, géants, millénaires et sublimes, détruits par les talibans, sur la nature de l'intervention de l'Otan, là-bas, une guerre «libératoire» ou «libératrice», au choix des électeurs en Occident et des lecteurs, ailleurs, de la femme afghane, du peuple afghan, de la civilisation afghane. Résultat : les talibans sont plus forts qu'avant la guerre otanienne et ça discute avec eux pour qu'ils prennent, en toute… liberté le pouvoir. Plusieurs coalisés en Afghanistan ont, déjà, anticipé leur départ, et les States, décideurs en dernier ressort, ont, eux-mêmes, annoncé leur fin de mission au pays de prédilection du Saoudien Ben Laden. Washington quittera les lieux, certes, en dernier, mais l'Amérique laisse l'Afghanistan aux Afghans, c'est-à-dire aux Talibans. Ce petit rappel avant le retour à Damas. Les droits de l'Homme sont, c'est certain, loin d'être respectés en pays ommeyade, pourtant, établir le constat que les situations de la femme, des minorités, des chrétiens toutes chapelles confondues, des musulmans tous madhabih (courants) réunis, des gens, tout simplement, sont bien meilleures en Syrie que chez ses voisins (Arabie saoudite, Yémen, Bahreïn, Qatar, Emirats), devrait être un exercice simple à réaliser. Pourtant, cette opération n'est pas permise pour le moment. L'instant est à la dénonciation, seulement la dénonciation, que la dénonciation des atrocités commises par le régime Assad. Il n'est même pas permis de relever que certes, il y a une opposition civile, désarmée, respectable, pacifique, qui demande une transition démocratique pouvant aller y compris jusqu'au départ de Assad. Mais qu'à côté, depuis peu, il y a une armée —l'ALS— l'Armée de libération de la Syrie, financée, équipée, entraînée aux modes militaire, para-militaire avec les modus operandi classiques d'une armée (renseignement, infiltration, noyautage, ballons d'essai, de sonde, récupération, propagande, actions spéciales, œuvres de charité. Comme l'armée du régime Assad, ni plus, ni moins. Tout cela étant posé, reste à indiquer que si la Russie et la Chine s'opposent, fermement, au Conseil de sécurité de l'ONU, à une intervention militaire en Syrie, d'autres grandes nations, parmi elles de grandes et véritables démocraties sont en phase avec Moscou et Pékin : Brésil, Afrique du Sud, Inde. Venezuela, Argentine et la plupart des Latinos, beaucoup de pays africains mais dont les voix sont étouffées, plusieurs pays asiatiques et des moyens et petits Européens. «La communauté internationale» n'est pas nécessairement là où l'on croit, où elle est supposée être… Le chemin de Damas est pire que celui de l'enfer même, il n'est pavé que de mauvaises intentions. Alors que le djahim, l'autre nom de l'enfer, peut être pavé de bonnes intentions.
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