Algérie - A la une

«L'insertion des acteurs de l'informel dans la sphère formelle peut être faite en quelques mois, si...»



«L'insertion des acteurs de l'informel dans la sphère formelle peut être faite en quelques mois, si...»
- Dans son plan d'action, le gouvernement dit s'engager à «insérer des activités du commerce informel dans la sphère formelle». Où réside la faille dans la lutte contre le fléau de l'illégalité 'La volonté affichée du gouvernement actuel d'insérer l'informel dans la sphère légale n'est pas la première du genre en matière d'affirmation. Le gouvernement précédent a également fait de cette affirmation une devise maintes fois réitérée, mais en procédant souvent à la promotion de tout ce qui fait la force de l'informel dans les faits par des choix réglementaires aux antipodes de la transparence, des décisions discrétionnaires, souvent anticonstitutionnelles en termes d'égalité des droits et devoirs des citoyens dans tous les domaines et de l'intérêt de l'économie nationale, dans l'immédiat et à long terme.Et les choix faits dans le dossier de l'automobile et certains projets industriels et agricoles sous le sceau du fait du prince sont une preuve matérielle de ce que j'avance. Une insertion des acteurs habituels ou forcés de l'informel dans la sphère formelle peut être faite en quelques mois si une politique sérieuse est entamée dans ce sens et non brouillée par tous les artificiers piégeurs tapis dans les couloirs de nos administrations et qui ont aussi bien servi que sévi sous les différentes directions politiques, dans des démarches, à l'extrême opposé de ce qui est annoncé.Sinon, cette administration se débrouillera bien pour maintenir ce statu quo mortel pour le pays à moyen terme pour servir des intérêts aussi mesquins qu'éphémères par toutes les capacités de nuisance qu'elle n'a cessé de perfectionner depuis des décennies d'emprise sur la rente et sa distribution.Il est évident que des encouragements à la partie informelle pour rejoindre la sphère formelle sera nécessaire, mais elle ne sera qu'une énième concession sans objet et dangereuse, si entre-temps la partie formelle de cette économie continue à recevoir les coups en lieu et place de la cible naturelle de toute administration qui se respecte. Il est de ce fait évident qu'une politique, qui rend l'activité productive et transparente, moins pesante et moins risquée que l'autre activité est de mise.- Selon certaines estimations, l'informel génère 45% du PIB national, contrôle 50% de la masse monétaire en circulation et compte 5 millions de travailleurs non déclarés. L'informel est-il devenu un monstre menaçant les fondements de l'économie nationale 'En vérité, un phénomène estimé avec toutes les données que vous avez énumérées dans votre question n'a plus d'informel que la dénomination que nous voulons bien lui coller de force. Si, effectivement, l'économie nationale avait des fondements formels et une démarche transparente, on ne serait jamais arrivé à ces chiffres qui sont juste une partie de la réalité.En ce sens que même les activités formelles déclarées chez nous ont leur part d'informel qui leur colle aux basques de par la promotion d'acteurs majeurs de l'informel en représentants de la partie dite formelle de l'économie, et en l'obligation faite aux autres de faire avec de gré ou de force, du fait même où ces acteurs sont positionnés à toutes les jonctions lucratives de ce qui nous sert d'économie par des oukases administratifs, politiques et de cercles tout aussi informels que le phénomène qu'ils se proposent d'éliminer officiellement par des mesures qui répondent à tout sauf aux critères d'une économie transparente et régulée par les lois et non par des injonctions conjoncturelles.- Qui a peur de la «légalisation» du secteur informel 'La question est une réponse en elle-même ! Toute partie qui au nom de la lutte contre l'informel a réussi à positionner son titre ou son bureau en véritable pouvoir informel et en moyen de pression sur toute la société n'a strictement aucun intérêt à ce que disparaisse la principale source de sa position et des intérêts qu'elle engendre en nature, pouvoir et prestige.La bureaucratie n'a jamais réussi à s'imposer dans un pays sans que l'informel et toutes sortes de fléaux encore plus dangereux sur le devenir du pays en question ne soient à l'ordre du jour. Mais la neutralisation de cette bureaucratie ne passe pas aussi par une lutte personnalisée contre les parties supposées être ses porte-étendards, visibles ou tapies dans les bureaux.Elle passe surtout par une clarification des textes et des prérogatives, ainsi que des limites de tout un chacun, ce que cette administration n'acceptera jamais. De ce fait, toute réforme dont tout ou une partie est confiée à l'actuelle administration, qui a squatté des décennies durant l'exécutif et le législatif, ne connaîtra que l'échec patenté à brève échéance.- Faut-il revoir la législation sur les transferts de fonds et assouplir les mesures fiscales afin d'attirer les fraudeurs vers la légalité, ou bien opter pour plus de durcissement 'L'actuelle législation des changes, ainsi que la législation fiscale et bancaire, toutes les trois frappées du sceau de l'oukase bureaucratique et de la pression démesurée sur les segments visibles et productifs, n'ont, à ma connaissance, jamais permis de créer les conditions de transparence qu'elles se proposent de réglementer, ni encore moins de laisser émerger une économie effective en dehors de la rente.Pire encore, elles n'ont jamais permis de mettre un terme à l'érosion de ce qu'elles étaient censées protéger, mais bien au contraire, les résultats peuvent me dispenser de parler à leur place. Une fiscalité modulée et plus légère pour les producteurs de biens et de services, ainsi qu'une législation de change conforme aux besoins de toute société normale et aux standards universels admis même chez les pays les plus pauvres sont seuls à même de designer définitivement ceux qui auront versé dans l'informel par vocation de ceux qui auront été poussés par obligation.- Avec un marché parallèle de la devise se comptant en milliards de dollars, pourquoi freine-t-on l'ouverture de bureaux de change en toute légalité 'Cette question devrait être posée à qui de droit, et l'ayant moi-même posée une fois en public, la réponse que j'ai reçue était à la hauteur de ce que je pense de notre administration. L'accès à la devise, manifestement considérée comme unique monnaie digne de ce nom dans le pays, est appréhendé comme une sorte de privilège de nantis politico-administratifs, ou de roublards ayant accès par des moyens détournés servant aussi bien les intérêts de ceux qui contournent la loi que de ceux qui conçoivent des lois faites pour être contournées et non pour être admises dans la société par le caractère inadmissible de facto et de jure.Sinon, comment peut-on expliquer que juste à côté d'une structure qui interdit un change minable au commun des mortels en refusant aux banques primaires les 115 euros préalablement consentis par la réglementation, il se tienne un marché réel, mais dit informel et interdit, qui brasse quotidiennement l'intégralité de l'allocation touristique annuelle de tout le pays 'Tout est conçu non pas pour protéger les devises du pays, et l'état de nos réserves est là pour le prouver, mais pour créer un flux illégal, qui ne profite dans les faits qu'aux segments ayant accès en amont à la devise légale en vue de la réinjecter dans une sphère dite illégale, mais «tolérée».Les bureaux de change officiels, comme il en existe ailleurs, ont cette fâcheuse particularité pour beaucoup de parties chez nous de casser les monopoles de fait, et plus grave encore, de rendre transparentes des transactions et des détentions qui ne sont pas censées être chez leurs détenteurs effectifs du moment. Sinon, aucune logique ne peut expliquer cette démarche unique dans les annales de l'histoire humaine.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)