L'INALTERABLE CHANSON DE LA TRICHE

Chaque année, à l'occasion de l'examen du bac, ressasser encore et toujours l'inaltérable chanson de la triche serait finalement un réel signe de décrépitude. Tant qu'à faire, si l'examen tend à être un concours de la roublardise et de la haute débrouille et non un instrument de mesure de la connaissance et du savoir, autant le supprimer et s'éviter les acrobaties variées de contraintes et de contrôles. Car il faudra bien admettre aujourd'hui que la culture de la rapine s'est installée dans tous les domaines pour culbuter et mettre hors circuit les normes qui régissaient hier encore la vie de la société. Il n'est donc pas étonnant que la morale et l'intégrité n'aient plus aucun sens sinon que la réussite répond désormais à de nouvelles règles sociales.La tricherie au baccalauréat et les embrouilles qu'elle engendre avec l'interpellation des tribunaux n'est qu'une des multiples facettes d'une mue implacable d'une société qui tourne peu à peu le dos à la morale ancestrale avec une effronterie sidérante. N'a-t-on pas vu des sièges de parlementaires se vendre à coups de milliards sur le marché officiel pour comprendre que la légalité a changé de formes et de sens ' Ceux, de plus en plus nombreux, qui se faufilent dans ce chemin nauséabond, ne se rendent probablement pas compte qu'en adhérant à cette facilité désagrègent leur valeur humaine et que par conséquent leur existence n'a qu'une nulle consistance.
Des parents magouilleurs ont été mis en prison avec leurs enfants postulants au baccalauréat pour s'être laissés tenter par un éventuel fruit d'une imbécillité déconcertante. Ils n'ont pas mesuré l'énorme déconsidération témoignée à leurs progénitures censées représenter le socle efficace de la société de demain.
Le drame dans la nouvelle culture où la priorité indispensable n'est pas accordée à l'effort et à la compétition saine pour une promotion sociale est le pire exemple donné aux générations montantes. Une nation où seul l'effort n'est pas le garant de la valorisation des individus creuse sa tombe. Elle rend vaine toute volonté de justice sociale.