Algérie - A la une


L'impossible visite
Cela est devenu une tradition en France : tout nouveau président effectue une visite dans les trois pays du Maghreb. Emmanuel Macron a dérogé à la règle. Il n'a pas fait le déplacement à Alger alors qu'il y a effectué une visite lorsqu'il était candidat à la présidence. Répondant au message que lui a adressé le président Abdelaziz Bouteflika à l'occasion de la Fête du 14 juillet, le nouveau chef d'Etat français a évoqué «le projet de grande visite officielle (qu'il) serais très heureux et honoré d'effectuer en Algérie au moment qui vous conviendra».Le message est on ne peut plus clair. Il prend à témoin l'opinion algérienne. «Si je ne suis pas venu en Algérie, dit-il en filigrane, ce n'est pas de ma faute, mais celle d'Alger.» La balle est donc dans le camp des Algériens. Emmanuel Macron, et on le comprend, ne veut pas subir la même mésaventure que la chancelière allemande, Angela Merkel. Programmée pour une visite officielle à Alger, elle a dû faire demi-tour alors qu'elle était en route pour l'aéroport. Une communication officielle algérienne lui a demandé de différer à plus tard son voyage, le chef de l'Etat n'étant pas en mesure de la recevoir. Mme Merkel et M. Macron ne sont pas n'importe qui. Ils sont à la tête d'Etats puissants et respectés et leur agenda extrêmement chargé ne leur permet pas des déplacements de complaisance. De toute évidence, le message du président français a le mérite de rappeler aux Algériens que leur Etat n'a plus à sa tête un homme apte pour le diriger. En clair, l'Algérie est à l'abandon, laissant libre cours à tous ceux qui ont un minimum de pouvoir pour agir à leur guise.Aujourd'hui, Bouteflika n'est même plus en mesure de recevoir un chef d'Etat étranger pour une mise en scène d'audience afin de tromper les Algériens et leur faire croire qu'il active. Des visites que les mauvaises langues disent qu'elles se faisaient contre monnaie sonnante et trébuchante. Même le sage Lakhdar Brahimi, qui a une haute idée du sens de l'Etat, n'accepte plus ces mascarades au cours desquelles ont le voit devisant avec un Président très amoidri. Sa maladie empêche d'ailleurs notre pays de jouer le rôle qui a toujours été le sien sur la scène internationale. L'affaire libyenne en constitue l'exemple le plus éloquent.L'Algérie a travaillé durant plusieurs années pour ramener les frères ennemis à la table des négociations. Ecoutée et respectée par toutes les parties, elle était en passe de réussir une mission impossible. Malheureusement, au moment de conclure, les deux principaux protagonistes, le Premier ministre Al Sarraj et le général Haftar se retrouvent à Paris pour signer en présence de Macron un plan de paix. Un tel plan ne pouvait être parrainé que par un chef d'Etat, et le nôtre n'était pas en mesure de le faire physiquement. Et c'est ainsi que les autres récoltent les fruits du travail de notre diplomatie. Une situation préjudiciable à l'Algérie dans tous les domaines. Nous avons, sur le papier du moins, un Conseil constitutionnel. Mais il brille par son absence. Il n'a plus aucune crédibilité et on ne peut le considérer comme patriote et honnête. L'histoire jugera. Le peuple algérien paiera seul le prix de ces errements et de cette gabegie.


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