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L'heure est à la préparation de «l'après-17 avril»


L'heure est à la préparation de «l'après-17 avril»
Une victoire, mais à la Pyrrhus. Au lendemain de l'élection présidentielle, le front pour le boycott ? qui, selon les chiffres officiels, est le «premier parti» d'Algérie ? a la victoire amère.«Nous ne pouvons pas dire que nous avons gagné, car l'Algérie a perdu», commente Soufiane Djilali, président de Jil Jadid, l'une des formations politiques ayant appelé au boycott de ce scrutin. Et ils sont d'ailleurs nombreux à avoir boudé les urnes, en réponse ou non à cet appel. Ainsi, les statistiques annoncées par le ministère de l'Intérieur sont on ne peut plus significatives : la moitié des Algériens en âge de voter et inscrits sur les listes électorales se sont abstenus, et ce, en plus de près d'un million de votes nuls.«D'autant plus que les fraudes ont été nombreuses, les bourrages d'urnes et autres manipulations ont été légion. Le taux de participation a été gonflé et, en recoupant les diverses informations recueillies sur le terrain, il ne se situe pas au-delà des 20%», avance d'ailleurs Hakim Saheb, secrétaire national du RCD. Le président du MSP, Abderrazak Makri, abonde dans ce sens : «Et même lorsqu'on se base sur les chiffres officiels, l'abstention est énorme. Quelles crédibilité et légitimité peut-on accorder à une élection au cours de laquelle plus de la moitié des citoyens ne se sont pas exprimé '». Ce qui donne raison aux nombreux partis et personnalités politiques qui avaient fait campagne en faveur d'une «disqualification» de cette élection. «Nous sommes en phase avec les Algériens, qui nous ont donné raison, puisque nous sommes largement en tête», affirme pour sa part M. Djilali.«Ce scrutin vient de livrer un message clair : l'Algérie de Novembre et de la Soummam a triomphé. Nous aurons un chef d'Etat sans aucune légitimité et qui ne servira que de décor à une institution», déplore Athmane Mazouz, chargé de communication au RCD. «L'Algérie vient de connaître un énième hold-up électoral. Les résultats officiels sont inconcevables et relèvent des pires mensonges. Le RCD a déjà alerté sur un processus biaisé d'avance dont toutes les conditions d'une piraterie politique étaient réunies. Aujourd'hui, les Algériens sont unanimes : l'appel au boycott a été massivement suivi et la résistance populaire face à l'illégitimité et la fraude a été sans appel», poursuit-il dans une déclaration.«élargir le front pour la tenue d'une conférence nationale»«Les résultats reflètent la volonté du pouvoir à perdurer dans ce processus de coup de force. Il y a là un mépris grave et flagrant pour la population», déplore d'ailleurs M. Djilali. «Il y a rejet massif, refus de cette mascarade. La forte expression d'une aspiration au changement qui renforce notre conviction et notre volonté de concrétiser notre projet pour un dialogue national», affirme M. Saheb. Car si l'heure est évidemment au constat, le front du boycott se projette aussi et surtout dans la préparation de «l'après-17 avril». «Le système est acculé dans ses derniers retranchements et l'après-scrutin mobilisera davantage la nation pour écourter la durée de vie d'un pouvoir illégitime qui a miné le destin national», estime M. Mazouz.«L'heure est à la préparation de l'avenir, à l'organisation de cette masse inerte et anonyme d'abstentionnistes, pour lui donner une position et un discours, car il y a là un sens politique que nul ne peut dénier», analyse M. Djilali. Et charge cette classe politique de canaliser tous ces mécontentements. «Nous allons réussir notre projet de transition démocratique et nous sommes d'ailleurs en train d'élargir le front créé avant l'élection», avance M. Makri. «Nous avons eu des contacts positifs avec de nombreuses parties et nous sommes très optimistes», ajoute-t-il, en précisant ne pas vouloir donner de noms ou de détails pour l'heure.«Il nous faut travailler, tous ensemble. Mais pas seulement l'opposition, puisque la démarche sera inclusive, et ce, en comptant sur toutes les énergies, quelles qu'elles soient et toutes tendances confondues, qui veulent ?uvrer pour un changement», explique-t-il. Et cette initiative prendra bientôt forme puisque des «commissions de préparation de la coordination ont achevé de mettre sur pied le règlement intérieur qui permettra la tenue d'une conférence nationale qui déterminera les grands axes de ce projet», conclut M. Makri.


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