Algérie - A la une



Résumé : Maltraitée, malade, la femme ne dut son salut qu'à l'aide inopinée d'une des brus de son mari. Elle est enfin remise de son mal et décide de quitter la maison. Où va-t-elle se rendre 'Je risquais quelques pas vers le village voisin, distant d'une vingtaine de kilomètres. Je marchais doucement, puis plus vite. De plus en plus vite. Il faisait noir et très froid, et mes pieds étaient gelés dans mes chaussures déjà usées. Mais je n'en eus cure. Plutôt mourir que supporter cette vie de chien. Je marchais sans ralentir mon pas. Le jour se levait. La montagne couverte de brume matinale n'invitait pas à l'aventure. Tant pis. Tant qu'il y a un souffle de vie en moi, je ne vais pas m'arrêter. Peu importe où je dormirai le soir venu. Peu importe si je dois mourir de faim.
Vers la mi-journée, j'avais déjà parcouru une bonne dizaine de kilomètre. J'étais encore loin du village, mais je pouvais y arriver avant la tombée de la nuit. Je pouvais donc me permettre une pause et grignoter le morceau de galette que j'avais chipé. Je mastiquais doucement en repensant à tout ce qui m'arrivait.
La journée était belle. Un beau soleil de printemps réchauffait
l'atmosphère. La verdure s'étendait à perte de vue, des oiseaux gazouillaient sur les arbres et un cours d'eau fraîche coulait non loin de là. J'étais épuisée. Non seulement le trajet à pied m'avait fatiguée, mais comme je n'étais pas complètement rétablie je sentais encore de la faiblesse dans mes jambes. Je décidais de m'allonger sur l'herbe un moment, puis de reprendre la route une fois mes forces revenues.
Je m'endormis. Sans le vouloir je sombrais dans un sommeil
profond. Si profond que lorsque je me réveillais c'était déjà le
crépuscule.
Effrayée, je ramassais vivement mes affaires et me remettais en marche. Je parcourus quelques kilomètres, mais la nuit me rattrapa et je fus obligée de m'arrêter. Que vais-je faire ' Un froid sibérien s'abattit tout d'un coup sur la forêt. Des hiboux poussaient leurs cris effrayants qui me paralysèrent jusqu'à la moelle épinière.
J'étendis un long foulard sous un grand chêne un peu à l'écart de la forêt. Et, ayant peur d'attirer des bêtes sauvages en allumant un feu, je m'installai dans cette obscurité environnante, essayant de me réchauffer en m'emmitouflant dans une vieille couverture que j'avais eu la bonne idée d'emporter.
Crispée par le froid et tenaillée par la faim, j'ai dû m'assoupir. Au milieu de la nuit, le cri d'une chauve-souris me réveilla. Le clair de lune éclairait les buissons qui me faisaient face. Je sentis rôder des animaux, mais de ma place je me trouvai à l'abri, du fait que le chêne côtoyait un rocher assez élevé.
Je restai ainsi grelottante de froid jusqu'aux premières lueurs de l'aube. J'étais ankylosée. Je décidais de me lever pour réchauffer mes jambes et continuer ma marche vers le village. Pour la première fois de ma vie, j'avais passé une nuit entière dans la forêt parmi les animaux sauvages et les chacals. Je n'aurais jamais imaginé qu'un jour je devais subir un tel affront.
Je me remis donc en marche et, traînant la patte tant bien que mal, je repris mon chemin.
Je n'étais pas encore complètement sortie de la forêt quand j'entendis des pas derrière moi. Je me retournai promptement pour me retrouver face à un homme de haute stature qui, sans me laisser le temps de réagir, me bouscula en avant et mit sa grosse main sur ma bouche :
- Si tu crie je te tue, me dit-il. Sois sage, je ne te ferai pas de mal.
L'homme sentait le foin. C'était un paysan d'une quarantaine d'années qui devait travailler dans une ferme voisine.
J'essayais de me dégager de son étreinte, mais aussi faible que j'étais et aussi fort qu'il était, la partie était perdue d'avance.
Il m'entraîna vers le centre de la forêt, me mit un bandeau sur la bouche et m'attacha les mains avant de m'allonger par terre. Je me débattais tant que je le pouvais avec mes jambes, mais peine perdue. L'homme me déchira mes vêtements et prit possession de mon corps.
Une fois ses instincts assouvis, il se releva, me détacha les mains, puis s'éloigna et m'abandonna à mon sort.
Je restais un moment sans bouger. J'étais traumatisée et j'arrivais à peine à respirer. J'avais eu peur des animaux sauvages, mais c'est l'humain qui s'est avéré le plus abject.

(À SUIVRE)
Y. H.
[email protected]
VOS REACTIONS ET VOS TEMOIGNAGES SONT LES BIENVENUS.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)