Algérie - A la une


Résumé : Voulant se débarrasser de sa grossesse indésirable, la jeune femme s'est rendue chez une matrone. Mais cette dernière n'a fait expulser que la moitié du f?tus. Une hémorragie est provoquée.J'ai passé trois jours à l'hôpital. Mon ventre était nettoyé certes, mais mes organes génitaux avaient subi des dégâts considérables. Mes ovaires ne fonctionnaient plus. J'étais devenue stérile à vie. Ce fut un dur coup pour moi. Par mon geste inconscient, j'aurais pu mourir et laisser mes enfants livrés à eux-mêmes.
Une semaine plus tard, je pus reprendre mon travail, plus morte que vive.
Quelques mois passent. Mon mari était toujours en prison. Mais j'avais un salaire, et mes enfants mangeaient à leur faim. J'avais même scolarisé les deux plus grands. Mes parents m'aidaient autant qu'ils pouvaient. Et j'ai réussi à mettre quelques économies de côté.
Vers la fin des vacances scolaires, ma belle-mère vint me voir pour me dire que mon mari avait besoin d'un avocat. J'ai répondu que je n'avais pas les moyens de payer un avocat et qu'il n'avait qu'à se débrouiller.
Ma belle-mère se mit à pleurer :
- Mais ma fille, me dit-elle, tu es sa femme. C'est le père de tes enfants. Comment peux-tu l'abandonner ainsi, alors qu'il a tant besoin de réconfort.
J'ai répondu que c'était plutôt lui qui nous avait abandonnés, ses enfants et moi. Elle pleura et me supplia tellement que je finis par céder. Je lui remis mes économies. Quelques semaines plus tard, mon mari, qui avait déjà purgé une année de prison, était libre.
Il vint tout bonnement me retrouver chez mes parents. Je lui signifiai qu'on devait quitter les lieux et aller nous installer ailleurs.
Il m'approuva, mais ne fit rien pour m'aider à dénicher un logement. Ce fut moi qui, encore une fois, dus me débrouiller seule pour louer un deux pièces-cuisine pas loin de mon lieu de travail. Le loyer coûtait les trois quarts de mon salaire, mais je pensais que mon mari allait chercher du travail pour m'aider à joindre les deux bouts. Hélas ! L'ivrogne revint à la charge et me battait tous les soirs pour me soutirer mon argent et aller le dépenser dans les bars.
Je ne savais plus quoi faire. Encore une fois, la vie me montrait un visage hideux. Le drame est que mon fils aîné contracta une maladie des yeux et qu'il me fallait beaucoup d'argent pour payer ses soins, sinon c'est la cécité qui le guette. Que faire ' Un jour, je suis tombée sur une proposition de travail chez un commerçant. Ce dernier voulait que je fasse le ménage dans ses magasins après les heures de travail. Pour moi, c'était une aubaine, d'autant plus que cela ne m'empêchait pas de continuer à travailler dans l'atelier de couture. Je fis appel à une voisine pour me garder les petits et je repris confiance en moi. Je serai à l'abri du besoin, si Dieu le veut. Mais les choses ne s'arrangèrent guère. Mon mari prenait tout mon argent. La misère collait à mes basques.
L'état de mon fils s'aggravait. Le médecin me sermonna parce que je tardais à le faire opérer. Et l'opération coûtait au moins six fois mon salaire. Je n'avais même pas les moyens de payer ses traitements.
Je m'adressai alors au commerçant chez qui je faisais le ménage pour lui demander de m'aider.
Il me regarda. Puis, prenant un air d'agneau blessé, il vint me caresser la joue en me disant :
- Mais il fallait le dire plutôt. Je vais payer l'opération de ton fils. Dès demain tu pourras l'hospitaliser.
Ce fut vite fait. Mon fils subit l'intervention avec succès et je respirai de soulagement. Seulement mes peines n'étaient pas terminées. Pour que ce commerçant accepte de m'aider, j'ai dû lui vendre mon corps !
Et à partir de ce jour, je n'avais plus d'autre recours que la prostitution pour subvenir aux besoins de mes enfants. À chaque fois que cela était nécessaire, je vendais mon corps. Mon mari n'a pas du tout changé ses habitudes. Bien qu'il n'eut plus recours au vol, il passait son temps à boire et à se droguer. Tant pis si je dois subir toutes les humiliations du monde. Pour lui, seul comptait le fait que je lui ramène de l'argent. Et cela a duré plusieurs années.


(À SUIVRE)
Y. H.
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