Algérie - A la une


Résumé : La femme entame son récit et me raconte ses déboires. Son mari les a délaissés, ses enfants et elle, et elle a dû mendier pour les faire nourrir. Elle venait d'accoucher de jumeaux.- J'allaitais mes petits, mais j'étais trop faible et je n'avais pas assez de lait. Les cris des bébés attirèrent les passants. J'étais assise sur des marches d'escaliers froides et humides.
Mes jambes tremblaient, une sueur glaciale imbibait mon corps, et j'avais le vertige. J'ai dû perdre connaissance, car quelques heures plus tard je me retrouvais sur un lit d'hôpital.
Une infirmière vint prendre ma température et me fit un grand sourire :
- Pour une nouvelle accouchée, vous êtes tirée d'affaire.
- Où sont mes enfants ' La panique me saisit. Mes bébés, mes gosses, où sont-ils donc '
- L'infirmière me rassure.
- Les bébés sont à la nurserie. Je vais vous les ramener une fois que vous aurez mangé un peu pour avoir assez de lait et les allaiter.
Mais ne vous inquiétez pas pour les autres enfants, ils sont au chaud à la pouponnière de l'hôpital.
On les a lavés et fait manger.
- J'étais soulagée. Je demandais quand même :
- Qui nous a ramenés ici, mes enfants et moi '
- Une ambulance. Un appel aux urgences nous a alertés. Vous aviez perdu connaissance dans la rue.
- Je rendais grâce à Dieu. Pour cette journée j'étais tranquille. Mais dès le lendemain, les ennuis recommencèrent. Les médecins, jugeant mon état de santé assez bon, me sommèrent de quitter les lieux. Je n'avais plus qu'à récupérer mes enfants et à retourner dans la rue. Me revoilà avec mes bébés dans les bras et mes trois autres enfants accrochés à mes basques, en train de déambuler dans les artères de la ville. Vers la mi-journée je décidais de me rendre chez mes beaux-parents. Peut-être consentiront-ils à m'aider cette fois-ci en voyant les jumeaux. Hélas ! Ma belle-mère qui souffrait de rhumatismes était partie chez sa fille dans le Sud, quant à mon beau-père, il était outré et scandalisé alors que je lui demandais d'abriter ses petits-enfants pour quelques jours.
- Quoi ' Tu me ramènes ta marmaille et tu viens vivre sous mon toit, alors que ton vaurien de mari est en train de croupir en prison !
- En prison ' Je venais de l'apprendre.
- Oui, en prison, reprit mon beau-père.
- Mais pourquoi donc '
- Vol, trafic de drogue, agression... Je ne sais plus, moi, la liste est bien longue. Mais ce que je sais par contre, c'est que Dieu m'a affublé d'un fils indigne et inconscient. Je ne veux plus jamais le revoir. Ni dans ce bas monde, ni dans l'autre, et encore moins avoir affaire à sa progéniture.
- Il nous a poussés dehors et nous a claqué la porte au nez. Je m'assois un moment sur le seuil de cette porte, qui fut jadis la porte de chez moi. Mon mari avait tout détruit : son foyer, ses enfants, ses parents... Aucun membre de sa famille ni de la mienne ne consentirait à nous prendre en charge. Nous étions six bouches à nourrir, et personne n'aimerait nous avoir sur le dos. Quelle calamité, mon Dieu ! Je reprenais mon errance. Vers la fin de la journée je retrouvais un peu de calme. Comme j'étais en train d'allaiter mes bébés, assise à même le trottoir, des passants me jetèrent quelques pièces. Je les ramassais furtivement et pus encore une fois acheter du pain pour mes enfants. Le boulanger, voyant mon état, me permit de passer la nuit dans une grange mitoyenne à sa boulangerie. Il faisait assez chaud, et j'eus même droit à une couverture toute vieille et toute trouée pour couvrir mes petits. Au petit matin, le boulanger vint me ramener quelques bouts de pain et du lait. Comme il pleuvait, il me permit de passer la journée sur les lieux. Mais le soir venu, il revint avec du pain. Seulement, cette fois-ci il me demanda de le payer. Je le regardais, ébahie. Le payer ' Mais comment ' Si j'avais de l'argent je ne serais pas dans cette situation. Je rétorquais que je n'avais sur moi que les quelques pièces de la veille qui avaient servi à acheter du pain. Il sourit et me serra la main pour me glisser deux billets de 100 DA.
- Tu payeras d'une autre manière. En somme, c'est moi qui vais te payer, ma jolie, me dit-il...
(À SUIVRE)
Y. H.
[email protected]
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