Algérie - A la une

«L'exploitation du schiste n'est pas pour demain»


Dans une interview accordée à l'agence de presse multimédia russe Sputnik, le ministre algérien de l'Energie, Abdelmadjid Attar, a abordé plusieurs questions qui font l'actualité de l'heure, aussi bien en Algérie qu'à travers le monde tant les questions relatives à tout ce qui touche au monde de l'énergie n'ont jamais paru aussi importantes ? d'une importance majeure même ? qu'en ces temps d'incertitudes en tout genre.De l'actualité du pétrole, dont le prix suit une tendance haussière depuis plusieurs semaines, malgré des facteurs qui auraient pu voir le cours du baril plonger, le ministre algérien estime que c'est le résultat de la conjugaison des décisions prises par les pays membres de l'Opep+ et de l'avancée dans la lutte contre la pandémie.
«Les réunions de l'Opep et de l'Opep+, qui se sont tenues entre fin novembre et début décembre, ont été des événements décisifs pour le prix du baril. Bien sûr, l'arrivée du vaccin contre le Covid-19 est aussi un élément important pour le secteur de l'énergie», a, en effet, expliqué Attar qui n'est pas avare en louanges à l'endroit de l'Opep+, bien que les dernières négociations, scellées le 5 janvier, aient été «rudes», rappelant tout de même qu'à travers sa propre voix, l'Algérie avait déclaré que la stabilité du marché pétrolier résulterait de la réussite des campagnes de vaccination , puisque « plus les gens seront vaccinés, plus ils voyageront.
Pour le baril, la reprise dépend donc de la mobilité de l'activité du secteur aérien, grand consommateur de carburant». En tous les cas, la stabilité du prix du baril autour de 55-60 dollars dépendra de l'avancée des programmes de vaccination, c'est certain, mais le rôle de l'Opep sera également déterminant pour cette stabilité, et ce n'est pas le retour du pétrole libyen sur le marché qui risque de renvoyer le prix du baril à la baisse, selon le ministre algérien qui, sur un autre plan, se dit optimiste quant à l'instauration d'un nouveau climat entre les Etats-Unis et l'Iran, après avoir craint une attaque de l'Amérique de Trump contre l'Iran, ce qui impacterait irrémédiablement le marché mondial du pétrole, donc les cours.
De ce qui a trait à l'Algérie, Adelmadjid Attar s'est d'abord voulu rassurant quant aux engagements internationaux en matière de fourniture en gaz naturel, même s'il est vrai que la consommation gazière interne est en hausse constante. Toutefois, avertit Attar, si l'Algérie n'améliore pas ses capacités de production, elle se retrouvera contrainte de diminuer les quantités à l'export à l'horizon 2030.
C'est à ce titre que le pays s'oriente désormais dans sa stratégie à augmenter le taux de récupération de ses gisements, développer tous les puits aussi petits soient-ils et, surtout, faire de nouvelles découvertes tout en écartant l'idée de miser sur le gaz de schiste, pour le moment du moins.
«Il s'agira de l'exploiter à l'avenir de façon rentable et en respectant l'environnement mais pour l'heure, cela n'est pas possible. Et ce n'est pas pour demain», dira le ministre sur le sujet des huiles de schiste, pour ensuite exprimer tout son enthousiasme sur la «solution» qui s'offre à l'Algérie : la réussite de sa transition vers les énergies renouvelables et les économies d'énergie mais «il ne faut pas le faire avec n'importe quel partenaire», conseille-t-il, avant de s'étaler sur le problème de la commercialisation du GNL algérien, qui fait face à une rude concurrence, notamment avec l'arrivée du gaz de schiste américain, et des difficultés que l'Algérie rencontre sur le marché spot.
«Nous devons reconnaître que nous ne maîtrisons pas ce type de transactions. La Sonatrach aurait dû avoir une vision en matière de trading pour s'adapter au marché. À titre d'exemple, dans l'ensemble des quantités de gaz commercialisées en Europe par la compagnie russe Gazprom, une partie est vendue sur le marché spot.
La Sonatrach n'a pas réussi sa transition en la matière, et elle ne dispose toujours pas de véritable stratégie de commercialisation», avoue Abdelmadjid Attar qui ne manquera pas de faire le procès de l'instabilité politique et «le turnover managérial à la tête de la Sonatrach», qui ont fait beaucoup perdre à l'Algérie dans le déploiement de la compagnie à l'international.
De ce qui est présenté comme l'un des scandales majeurs de la gestion de Ould Kaddour à la tête de Sonatrach, l'acquisition de la raffinerie d'Augusta, le ministre Attar avoue que, telle qu'elle était présentée au début, c'était une belle opportunité puisqu'elle devait permettre à l'Algérie de diminuer ses importations de gasoil.
«Malheureusement, il s'est avéré qu'Augusta ne pouvait pas raffiner de pétrole algérien mais du brut saoudien et azerbaïdjanais...», a-t-il rétorqué, préférant ne pas s'étaler sur la question, désormais le dossier étant entre les mains de la justice, mais ne s'empêchant pas d'estimer qu'«il y a eu préjudice vis-à-vis de l'Algérie».
Synthèse A. M.
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