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L'Etat civil tel qu'il a été conçu au Congrès de la Soummam



L'Etat civil tel qu'il a été conçu au Congrès de la Soummam
Nul ne peut s'opposer au concept s'il ne sert pas des ambitions inavouées, d'autant qu'il émane des sphères opaques du pouvoir.Voilà une idée bien généreuse, lancée par le SG du FLN, Amar Saâdani. N'est-ce pas là le même concept qui a été consacré au Congrès de la Soummam, en août 1956, dans la plate-forme sous le principe de la «primauté du civil sur le militaire», vite avortée par les tenants de la voie dure et qui s'est terminée par la liquidation physique de son promoteur Abane Ramdane puis l'arrestation et l'assassinat de Larbi Ben M'hidi par les sbires de Bigeard. Mais «l'Etat civil» tel que conçu par le Congrès de la Soummam ne doit pas occulter tous ceux, très nombreux, qui ont milité pour sa réalisation en le payant, parfois au prix de leur vie. En même temps, les tentatives d'accaparement de la plate-forme de la Soummam par certains partis politiques, comme le RCD, en rendant caduc l'appel du 1er Novembre, est une forme d'usurpation d'un pan entier de l'Histoire commune à tous les Algériens. S'agissant de l'appel du SG du FLN, on ne peut que saluer l'initiative. Mais là aussi on est en droit de s'interroger sur les ambitions de ses auteurs. On s'en souvient, Abdelkader Hadjar, membre influent dans les arcanes du vieux parti, avait lancé l'idée, il y a quelques années, mais l'appel n'avait pas été entendu parce que la conjoncture n'était pas favorable à ce genre de discours. Quand l'initiative vient de l'intérieur même du système on reste sur ses gardes, sachant pertinemment que le changement ne viendra pas, hélas, de l'opposition tant les garde-fous qui l'empêchent d'aboutir sont innombrables. Il ne reste alors qu'à attendre ce qui peut venir de l'intérieur. Sauf qu' aucune initiative, aussi courageuse soit-elle, ne peut aboutir si elle n'est pas accompagnée de mesures autant courageuses. Des fois, lorsqu'on évoque la Constitution de 1989 on se dit qu'elle était en avance sur son temps. Suite aux événements d'Octobre 1988, le président Chadli Bendjedid avait ouvert la voie au multipartisme en Algérie et lâché du lest en ouvrant le champ médiatique. Et l'on avait assisté à une véritable tentative de démocratisation. Mais, vite faite, comme après 1957, les anciens réflexes ont eu le dernier mot. Tout le processus démocratique avait été remis en cause. Et la Constitution de 1995 avait repris ce qu'avait donné la Constitution de 1989, sur le plan des libertés. En balisant les voies devant l'opposition, les décideurs ont créé un système opaque où toute initiative, aussi mesquine soit-elle, ne peut déboucher si elle n'est pas acceptée par les officines, y compris les listes de candidats aux élections locales dans une contrée lointaine à l'intérieur du pays profond. A bien écouter Saâdani - qui est une voix autorisée- on croit comprendre que le président Bouteflika pense comme tout le monde, c'est-à-dire qu'il aspire à démocratiser la vie publique, en introduisant de nouvelles clauses dans le texte de Constitution qui sera amendée. Ce sera, sans aucun doute, le meilleur cadeau qu'il aura laissé à son pays, après la Réconciliation nationale. Or, pour l'heure, le pouvoir est à la recherche d'éléments de mobilisation autour des amendements dont on ignore la substance. Toutefois, fort des expériences passées, le peuple croit plus aux choses palpables. Ce peuple, qui prendra forme de corps électoral, le moment voulu, sait que les jeux de coulisses ont sécrété de tout temps des décisions néfastes. Maintenant, le SG du FLN appelle à une mobilisation autour de cette initiative qui englobe un projet, comme en 1989, qui sera ouvert à tous, y compris les partis, médias et société civile. Or, pour revenir à un seuil de mobilisation massive, comme au temps de la campagne autour de la Réconciliation nationale, il faudrait non seulement lancer des idées «généreuses» mais, surtout, changer les hommes qui croient à ces idées et s'emploient à les réaliser. Les profils des membres du BP qu'il vient de choisir sont édifiants. On ne peut indéfiniment faire du neuf avec du vieux.


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