L’enseignement initiatique de Sidi Boumédiène Radya Allah ‘Anhou

L’enseignement initiatique de Sidi Boumédiène Radya Allah ‘Anhou Tout cela est évoqué dans les oratorios ou Samàa de Sidi Boumédiène: «Répandez l’usage de mes concerts, vous Maîtres de la Réalisation !/ «Faites-moi entendre la douceur des mélodies et peut-être qu’alors je «saurais»/ «Pour que je sorte de mon ivresse, vous les foqàra faites résonner les cordes du luth...// «ahmilù tseghrydy fy l’istilàh/ yà dzàwy ettsehqyq; «semmi’ùny tyba elhàni el ghinà fa ‘assà nedry / «key nufyq yà foqarà min sakraty ; neqqirù fy el ‘ùdi.» L’évocation des vertus du luth ou ‘ùd n’est pas fortuite, c’est un instrument qui fut perfectionné par les Arabes d’Andalousie, et, avec le «ney» (flûte), il est souvent cité aussi bien par les mystiques musulmans, tel Roumy ( le père des derwichs turcs et persans) que par les mystiques chinois( luth à cinq cordes pour les cinq organes des sens). Luth, cithare, harpe, lyre, se retrouvent dans les traditions religieuses à travers le Monde, de la harpe de David ‘aleyhi essalàm, chantant son Zabor ou Psaumes, à la musique cosmique qu’enseigne Roumy radya Allah ‘anhu, les instruments à cordes symbolisent dans toutes les spiritualités: le cœur caisse de résonance, les cordes sont les sens , l’interprète est l’intelligence , les mélodies le souvenir ou dzikr de Dieu .38Mahmud Guettat dans son remarquable « La Musique classique du Maghreb «, consacre de longs chapitres aux joueurs de luth , les ‘Udistes, et au ‘ùd, et le rapport du mysticisme islamique à cet instrument. C’est Ziryàb(789-857) qui ajouta une « cinquième «corde aux quatre cordes traditionnelles arabes du luth. Aux quatre cordes correspondaient les « quatres humeurs « de la médecine arabe ( Avicenne) : chaud, froid, humide,sec ; chaque corde est désignée suivant l’alphabet numérisé : alif, bà, djym , del , que l’on retrouve dans tous les alphabets sémites, arabe, hébreu, araméen, phénicien et, aussi, grec (alpha, béta, delta, gamma), la cinquième introduite par Ziryab au «milieu» des quatre, est «hà», le hà de «huwa», «Lui» si important dans le dzikr, l’évocation, le souvenir . Les huit sons de la gamme sont associés aux huit lettres de l’alphabet numérisé arabe (a, b, dj, d, h, w, z, h), science ésotérique allusive, reprise au XIIIème siècle par les mystiques hébraïsants du Zohar...On retrouve dans les poèmes de Sidi Boumédiène ces «clés» numériques de lecture mélodieuse qui «ébranle «les sens» lis et déchiffres le sens des lignes écrites globalement en toi/ feqra’ ma ‘nà essutur ellàty fyka adjma ‘ «enseigne-t-il à son auditeur, thème récurrent de «l’homme écrit divin» si cher à tous les soufys...Ses poèmes chantés à nos jours, sont qualifiés parfois de «bachiques», sens restreint de khemryàts,ce qui est réducteur même si l’on se réfère au concept métaphysique hellène des Odes dédiées à Bacchus: Bacchus dieu de la vigne chez Rome est le Dyonisos de la Grèce antique, le vin est alors le sang de ce dieu, assurant l’immortalité; dans le Tao le vin est lié à la «vertu «de l’ivresse qui procure connaissance et initiation; «boisson des Dieux» de l’Ancien Testament39 , le vin est lié aux sacrifices et symbolise «la colère de Dieu «40 et dans l’Evangile de Jean, Jean, pur, ne buvait pas de vin enseigne le Nouveau Testament condamnant l’ivresse des boissons41. Abù Médiène décrit les vertus de l’ivresse «spirituelle», il précise en fait:«Parmi mes intimes et des verres qui circulent, ensorcelant les esprits «En vérité je n’ai pas besoin de boire, c’est de l’Amour de Dieu que vient mon ivresse...chante-t-il inlassablement.   A suivre... Ghaouthy Hadj Eddine Sari Ali Conférencier dans les formations en Bioéthique et Droits de l’Homme (Fédération Européenne des Réseaux scientifiques- Ethique et Droits de l’Homme) (Conseil de l’Europe- Strasbourg- Délégué général de La Fraternité d’Abraham- Paris) Note :   «beyna khullàny wa ekwàsi tsudàr tsesharu el edhàn «leysa ly aslan ‘alà eshurbi ghinà wal hawà sukry». 39 Deut.XXXII/37-38 40 (Isaie LI/17 Apoc.XIV/10 41 GalatesV/21