Algérie - Marabouts

L'empreinte de Serhan (cheval de Sidna Ali)



L'empreinte de Serhan (cheval de Sidna Ali)
A 1 km. 500 au S.-E. environ de Nemours, sur la hauteur qui domine à l'est le jardin Eyries, l'oued Ghazouanah et le chemin départemental n°46 (de Nemours à Nédroma) on remarquait l'existence d'une petite empreinte de pierres sèches de faible élévation (hawita), ombragée par un lentisque et quelques vieux thuyas dont les rameaux étaient couverts de lambeaux d'étoffe.

A l'intérieur de ce misérable entourage, on distinguait très nettement sur le sol calcaire (tuf), deux empreintes affectant à s'y méprendre l'une la forme d'un pied humain, l'autre celle d'un sabot de cheval, d'une grandeur démesurée.

La légende. - Les autochtones affirmaient qu'il s'agissait là des traces laissées par Ali ben Abou Taleb, gendre et cousin du Prophète Mohammed et par l'un des sabots de son coursier « Serhan» à la suite d'un saut prodigieux de plus de 5OO mètres dont le point de départ initial aurait été la crête des falaises du village des Oulad Ziri.

Bien entendu, seul le cheval de Sidi 'Ali, ce « champion de l'Islam», auquel la légende populaire attribuait une taille gigantesque, pouvait laisser une empreinte semblable. Certains musulmans reconnaissaient cependant• qu'il y avait erreur, étant donné, disaient-ils, qu' Ali ne serait jamais venu dans cette région. II s'agirait alors d'un autre compagnon du Prophète, peut-être Abd Allah ben Djaafar, le conquérant de l'Afrique. Mais comme le dit si bien Desparmet (loc.cit., p. 219): «tous les héros de l'épopée arabe ont une tendance manifeste à se fondre dans le personnage légendaire d'Ali. II est le «héros des héros», le chevalier des Orients et des Occidents, l'épée d'Allah dégainée... ». J. Desparmet (Les chansons de geste de 1830 à1914- dans la Mitidja, planche II), donne la reproduction d'un tableau populaire représentant «Sidi Ali ben Taleb, Khalife du Prophète, combattant Ras el Ghoul (l'ogre) ». Monté sur un cheval noir, il transperce l'ogre de son épée bifide.

Quoi qu'il en soit, cet endroit appelé par les musulmans « le pied de Serhan» ou plus simplement « Serhan» était très fréquenté par les femmes musulmanes qui accrochaient des morceaux d’étoffe aux branches du thuya sacré lorsqu'elles y venaient avec leurs jeunes enfants malades. « Serhan», en effet, avait la spécialité de les guérir des maux de gorge et des maladies des voies respiratoires.

Le pèlerinage devait se faire le matin avant le lever du soleil un jour quelconque de la semaine. A cette heure matinale, les femmes devaient se faire accompagner par un homme, mari ou proche parent.

L'un des rites consistait essentiellement, après avoir prononcé l'invocation, à faire brûler quelques pincées de feuilles sèches, ramassées sur le thuya et à respirer les fumées qui s'en dégageaient (fumigations). Le plus souvent aussi le malade s'exposait aux fumées qu'il s'efforçait de faire pénétrer à travers tous ses vêtements pour s'imprégner le plus possible de la « baraka ».

Le second rite suivi est analogue à celui pratiqué au sanctuaire de Sidi Braham : la maman passait successivement sous le menton de son enfant malade, une, trois ou sept faucilles. Ici encore on constatait près de l'enceinte un amas de vieilles faucilles, des débris de fer à cheval et des fragments de cercles de tonneau.
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