Algérie

L’Emir Abdelkader et le soufisme



L’Emir Abdelkader et le soufisme On ne peut comprendre la personnalité de ce grand homme qu’en se référant à l’enseignement et à l’éducation spirituelle qui le rattache à la voie initiatique de l’ésotérisme islamique, le soufisme. Derrière le combattant du « djihâd mineur » contre l’ennemi du dehors qui dévastait alors son pays, se dévoile l’homme mystique dont la vie intime ne fut qu’un long combat contre l’infidélité que tout homme porte en lui : c’est le sens de la grande guerre sainte « al jihâd al-akbar ». Ses écrits, son expérience, sont des témoignages vivant de la fidélité et de la continuité de cette voie soufie Mohammadienne. La voie du milieu où le temporel et le spirituel se fondent l’un dans l’autre et d’où émerge l’Homme, le serviteur parfait « al insân al kâmil ».Cela nous invite à méditer les paroles de l’Émir illustrant le pur amour. Le qualificatif de serviteur aimant auquel Dieu s’adresse est, pour les soufis, la désignation de l’état primordial, la nature parfaite et originelle de tous les prophètes et de tous les saints et les amis de Dieu (awilya’Allah). Illustrant au plus haut degré la relation subtile entre le relatif et l’absolu. Dans le Mawqif numéro sept, il écrit «Dieu m’a ravi à mon moi [illusoire] et m’a rapproché de mon «moi» [réel] et la disparition de la terre a entraîné celle du ciel. Le tout et la partie se sont confondus. La verticale (tûl) et l’horizontale (`ard) se sont anéanties... et les couleurs sont revenues à la pure blancheur primordiale. Le voyage a atteint son terme et ce qui est autre que Lui a cessé d’exister. Toute attribution (idâfât), tout aspect (i’tibârât), toute relation (nisab) étant abolis, l’état originel est rétabli». Cet état de servitude de l’amoureux n’est en fait que la conséquence de l’amour primordial que Dieu porte à Sa créature dont les voiles de l’illusion et de la séparation sont tombées. Son âme a la certitude que Dieu est le seul agent d’où procède chaque acte. Celui qui réalise qu’il ne possède n être ni agir s’élève et atteint cet état originel. Il sait que la réalité essentielle de lui-même n’est rien d’autre que Dieu. Son état de serviteur manifeste la forme parfaite de l’adoration qui est due à Dieu en tant que Seigneur d’ ou tout émane et vers qui tout revient. Il s’aperçoit alors que sa quête, sa recherche, son approche et enfin l’union à la Présence divine, sans nul intermédiaire, ne sont que l’accomplissement de la volonté et du désir divin prescrit dans la « pré-éternité’, et scellé dans le pacte originel ou l’être était dans l’Unité. Cet appel du Divin n’est entendu par l’âme qu’une fois qu’elle s’éveille à cette réalité antérieure inscrite en elle. Le cheminant accède à l’état de certitude (al yaqîn) à travers l’expérience spirituelle authentique dont le modèle parfait sont les envoyés. Ils sont les guides, les messagers de l’éveil, invitant à se ressouvenir du divin inscrit au profond de l’âme. C’est parmi ces hommes, qu’Il s’attribut expressément, qu’Il choisit ses serviteurs et ses amis. Hadith: Dieu dit: «J’aime mon serviteur et mon serviteur M’aime. Quant il se rapproche de Moi avec empressement, Je me rapproche de lui avec plus encore d’empressement. Jusqu’à ce que Je sois son ouïe, sa vue... » Pour ces serviteurs de Dieu, leurs actions, méditations, n’ont de sens que dans le culte pur qu’ils Lui rendent. Aucune récompense, aucun désir matériel ou spirituel ici-bas ou dans l’au-delà ne viennent les distraire ou s’interposer entre Lui et eux. Ni la détresse, la faim, la soif, l’épuisement, où l’humiliation, ni l’accomplissement d’œuvres pieuses qui méritent le paradis et ses douceurs ne retiennent leur attention. Pour eux, seul, comptent l’agrément divin et la contemplation de sa Face majestueuse. Comment peuvent ils accorder la moindre attention à ce qui devient pour eux qu’illusions éphémères en dehors de Sa face ? Cela équivaudrait pour eux à tomber dans l’associationnisme, l’idolâtrie et vicier la relation qui les unit à leur Seigneur. Car le culte qu’ils vouent à Dieu seul est fait essentiellement de reconnaissance. Ils Le louent perpétuellement par la langue et le cœur pour ce qu’Il fût, ce qu’Il est et ce qu’Il sera. Cheikh Khaled Bentounès



Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)