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L'édition algérienne



L'édition algérienne
Réalité n Si l'édition algérienne a, à partir des années 2000, évolué, acquérant en conséquence de l'expérience et du professionnalisme, il n'en demeure pas moins qu'elle continue à être confrontée à des difficultés, notamment financières.Ces difficultés empêchent l'édition algérienne de se développer et de se diversifier. Cela a de l'impact sur toute la chaîne de fabrication du livre.Et les premiers à en pâtir ce sont les écrivains, ces artisans de la lettre et les ciseleurs du rythme. Cela pousse alors nombre d'entre eux ? surtout les jeunes auteurs ? à tenter leur chance auprès d'éditeurs étrangers, en France ou, plus particulièrement, au Liban. Et ce, pour avoir une visibilité plus large. Ces jeunes écrivains aspirent donc à évoluer dans un marché avantageux. Tous désirent d'élargir leur lectorat.A ce propos, Wassiny Laâredj, qui, jouissant d'une notoriété internationale, est auteur d'ouvrages édités à Beyrouth, Damas, Amman et Dubaï et plusieurs fois primé, déclare que «c'est grâce aux maisons d'édition étrangères que les jeunes écrivains algériens se font connaître à l'étranger, notamment en Orient et en France».Celui dont les livres sont traduits en français explique que «les jeunes écrivains nourrissent l'ambition de s'ouvrir à d'autres horizons pour faire connaître leurs créations littéraires». D'autre part, il souligne que, grâce à tous ses auteurs qui se font éditer à l'étranger, «la littérature algérienne a franchi les frontières». Notons que de nombreux écrivains algériens se font connaître sur la scène littéraire algérienne et n'obtiennent aussitôt la reconnaissance nationale que lorsqu'ils se font éditer à l'étranger, à l'exemple de Ahlem Mostghanemi, lancée par une maison d'édition à Beyrouth et considérée aujourd'hui comme l'une des plus grandes romancières arabes ? et algérienne. Ses romans sont même traduits en français. C'est dire toute la défaillance et les insuffisances de l'édition algé-rienne. De son côté, Amine Zaoui, ce parfait bilingue qui a édité ses livres en Algérie, à Paris, à Beyrouth et dans d'autres capitales arabes, explique?que «ces écrivains se sont tournés vers des éditeurs orientaux en raison des contraintes rencontrées par les maisons d'édition algériennes en matière de commercialisation et de distribution».?«Ces dernières ont fini par conclure des partenariats avec des maisons d'édition orientales pour assurer la promotion de leurs publications», souligne celui qui estime que «l'écrivain algérien aspire à faire connaître son expérience à un plus large lectorat». Et d'ajouter?: «Les auteurs algériens contribuent à l'essor de l'industrie jordanienne du livre.» Si les jeunes écrivains, pleins d'ambition, se tournent vers des pays où l'industrie du livre est prospère, c'est parce qu'ils savent qu'ils pourront s'imposer dans le marché du livre. Il est à déplorer que l'édition algérienne peine, en dépit de son professionnalisme, à surmonter les contraintes financières auxquelles elle est confrontée. Pour toutes ces raisons que l'éditeur algérien se trouve dans l'obligation de réduire le coût de ses dépenses éditoriales. Et cela pénalise à coup sûr les jeunes auteurs qui, au final, ne trouvent pas preneur à leur projet d'écri-ture ? c'est pour cette raison que ces derniers frappent aux portes des maisons d'édition fran-çaises ou arabes. Les éditeurs préfèrent miser sur des auteurs connus et reconnus par la critique que sur des auteurs qui débutent dans le métier. Il y a aussi la reconnaissance pécuniaire. En d'autres termes, lorsque les jeunes auteurs ont la chance de se faire éditer en Algérie, ils ne sont pas, à leur grande déception, estimés à leur juste valeur sur le plan financier ? ils ont l'impression de brader leurs droits d'auteur ou de les céder au rabais. Autrement dit, un écrivain, ça ne gagne pas. La seule satisfaction pour ces jeunes auteurs, c'est juste cette opportunité ? qui n'est pas donnée à tout le monde ? d'être édités. Ils considèrent cela comme un privilège.Si, par ailleurs, les jeunes écrivains sont en mal de reconnaissance, c'est parce que leur livre est édité à peu d'exemplaires. L'éditeur peine à écouler dans le marché le produit livresque qu'il considère comme une marchandise culturelle, et ce, à défaut d'un lectorat large et substantiel. Cela est dû à la défaillance de la distribution?: le livre n'est pas distribué sur tout le territoire national. A cela s'ajoute l'existence de peu de librairies, ce qui rend le livre introuvable, inaccessible. Il faut dire qu'un livre écrit par un auteur nouveau reste en librairie au minimum deux à trois années avant que le stock de son titre ne soit totalement épuisé. Et l'éditeur ne prend pas le risque de rééditer le même titre. Triste constat et regrettable pour l'édition algérienne. Cela pousse alors les écrivains algériens à prospecter sous d'autres cieux favorables à leur épanouissement.







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