Une vague d'investissements pour diversifier l'économie
Depuis 2022, l’Algérie connaît une dynamique d’investissement sans précédent, portée par une volonté affirmée de diversifier son économie, trop longtemps dépendante des hydrocarbures. Selon l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), 270 projets d’investissement, représentant un montant cumulé de plus de 9 milliards de dollars, ont été enregistrés à ce jour. Ces projets, qui touchent des secteurs stratégiques comme l’industrie, l’agriculture et les énergies renouvelables, traduisent l’ambition du pays de renforcer sa production locale et de s’affranchir progressivement de sa dépendance aux revenus pétroliers et gaziers, qui représentent encore plus de 90 % des exportations.
L’industrie : fer de lance de la diversification
Le secteur industriel est en tête des priorités, avec des projets visant à développer une économie productive et compétitive. Parmi les initiatives phares, le secteur automobile se distingue avec l’implantation d’une usine Chery Algérie à Sétif, en partenariat avec l’entreprise locale IRIS, et un projet de fabrication de véhicules Hyundai en cours d’enregistrement. Par ailleurs, le Lion Group Malaysia envisage un investissement colossal de 8 milliards de dollars dans la métallurgie, la sidérurgie et l’aluminium. Un autre projet novateur, porté par Sonatrach, Hecate Energy Global Renewables et Tosyali Iron Steel Industry Algérie, se concentre sur la production d’acier vert, combinant industrie et transition énergétique. Le secteur pharmaceutique n’est pas en reste, avec des négociations en cours avec un groupe allemand pour réduire la dépendance aux importations de médicaments.
En 2023, les investissements directs étrangers (IDE) dans l’industrie manufacturière ont atteint 133 millions USD, tandis que la construction a attiré 74 millions USD, signe d’un engouement croissant pour ces secteurs.
L’agriculture : un levier pour la sécurité alimentaire
L’agriculture bénéficie également d’un intérêt marqué, avec des projets visant à renforcer la sécurité alimentaire et à réduire les importations. Les investissements se concentrent sur la valorisation des productions agricoles, notamment biologiques, ainsi que sur le développement de capacités de stockage et de transformation agroalimentaire. Des initiatives exploitent les ressources marines, comme les algues et le corail, pour des applications dans les industries médicales, cosmétiques et artisanales. Les régions du Sud, des hauts plateaux et des zones montagneuses sont privilégiées, avec des concessions foncières à des prix symboliques (jusqu’à 1 dinar/m² dans le Grand Sud) pour encourager les projets agricoles.
Les énergies renouvelables : vers une transition verte
L’Algérie ambitionne de devenir un acteur majeur des énergies renouvelables, avec un objectif de produire 15 000 MW d’électricité verte d’ici 2030. Un programme initial de 3 000 MW est déjà en cours, attirant des investisseurs chinois, allemands, italiens et américains. Des projets dans l’hydrogène vert, portés notamment par la China Petroleum Engineering & Construction Corporation (CPECC), émergent comme une priorité. Par ailleurs, l’Union européenne soutient 27 projets d’investissement d’une valeur de 2,5 milliards d’euros, axés sur l’économie verte et l’efficacité énergétique. Des incitations fiscales, comme l’exonération de droits de douane et de TVA sur les équipements, renforcent l’attractivité de ce secteur.
Les hydrocarbures : un pilier toujours stratégique
Malgré les efforts de diversification, les hydrocarbures restent un pilier économique. L’Algérie prévoit d’investir 7 milliards USD dans des projets pétrochimiques et de raffinage, avec une ambition de porter la production de gaz à 200 milliards de m³ d’ici 2028. Des partenariats avec des géants comme TotalEnergies, Equinor et Baker Hughes soutiennent cette dynamique, tandis que des exonérations fiscales encouragent les investissements dans ce secteur stratégique.
Le rôle clé de l’AAPI et des réformes
L’AAPI, créée en 2022, joue un rôle central dans cette transformation. Grâce à son guichet unique numérique, elle simplifie l’enregistrement et le suivi des projets, tout en offrant des incitations attrayantes : exonérations fiscales (TVA, impôt sur les bénéfices pendant 3 ans), concessions foncières à bas coût et assouplissement de la règle du 51/49 (exigeant 51 % de capital local) pour la plupart des secteurs. Depuis janvier 2025, l’AAPI a enregistré 743 projets, dont 11 IDE, pour un montant de 889 milliards de dinars (environ 6,6 milliards USD), avec un potentiel de 21 900 emplois. En 2024, pas moins de 8 465 projets ont été enregistrés, représentant 3 840 milliards de dinars et 210 000 emplois potentiels.
Les investisseurs étrangers à l’assaut
Les investisseurs étrangers affluent, attirés par les opportunités et les réformes. La Turquie se positionne comme un acteur majeur, avec 6 milliards USD investis hors hydrocarbures et 1 700 entreprises opérant dans le pays, notamment dans la construction (21,3 milliards USD de projets). Les États-Unis (29 % des IDE), l’Italie (10 %), la France (10 %) et la Chine sont également très présents, suivis par le Qatar et la Malaisie. Ces partenariats internationaux renforcent la position de l’Algérie comme hub économique régional.
Défis et perspectives
Malgré ces avancées, des défis persistent. La bureaucratie, bien que simplifiée, reste un obstacle pour certains investisseurs. La dépendance aux hydrocarbures expose l’économie aux fluctuations des prix mondiaux, tandis que les exportations à forte intensité carbone (ciment, engrais) sont menacées par des mécanismes comme le CBAM de l’UE. Toutefois, les perspectives pour 2025 sont prometteuses. Avec une main-d’œuvre jeune, des ressources abondantes et une proximité géographique avec l’Europe, l’Algérie se positionne comme une destination attractive pour les investisseurs, avec un accent croissant sur l’économie verte et circulaire.
En conclusion, l’économie algérienne est à un tournant. Grâce à des réformes audacieuses et à l’attraction de capitaux étrangers, le pays pose les bases d’une croissance durable, tout en relevant le défi de la diversification. Les années à venir seront cruciales pour concrétiser cette ambition et faire de l’Algérie un acteur économique incontournable en Méditerranée.
Sources : Pravda FR (27/06/2025), econostrum.info (04/12/2024), observalgerie.com (17/02/2025), banquemondiale.org (18/04/2025), algeriepatriotique.com (26/06/2025), ecotimesdz.com (28/08/2024).
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Posté par : frankfurter
Ecrit par : Rédaction