Algérie - A la une


L'avaloir
Bekri, disent les uns, il y avait la baraka. Avec rien, on faisait nourrir beaucoup. Aujourd'hui, avec beaucoup tu n'as rien. Bekri, el guedra sur un seul feu «popotait» pour plusieurs bouches. Sauf qu'il fallait dire bismillah pour se rassasier et el hamdoullah même si on avait encore un petit trou. Et qui dort dîne. Ni télé ni chauffage. Le conte et la berceuse rassemblaient les familles et… lila mabrouka. On n'entendait pas parler de smig. Diaf rabbi était de mise et marhaba était chose courante. El jar respectait el jar. Rarement les portes étaient fermées. Le zakroum ne servait que la nuit tombée.Faut regretter ces temps bénis ' Les uns disent oui. Les autres sont contents de pouvoir communiquer avec leur enfant qui a émigré à l'autre bout de la terre grâce à la magie de l'Internet. Ou le mobile. Mais tout ça a un prix. Pour une même famille, il y a en moyenne trois téléphones mobiles. Trois puces, trois abonnements. C'est au moins trois mille dinars de frais par mois. Trois mille dinars de moins pour le masrouf. Un téléviseur, c'est le moins qu'on puisse avoir. Le démo et l'antenne parabolique. Et si on est accro de foot. Là, c'est une autre carte qu'il faut acheter pour suivre les rencontres. C'est dire les frais greffés du masrouf. Et puis avec la télé, les enfants deviennent de plus en plus exigeants. Ils s'habillent «marqua», mangent «marqua»; pour les entretenir, il faut une banka. La jeunesse d'antan ne rencontrait pas une pizzeria entre deux chiches-kebabs et la vache qui rit ne côtoyait pas la jeune et la joyeuse vache près d'un camembert président dans les rayons de laitages où pullulent les différents yaourts. Une bouteille de gazouz, dans le temps, était un luxe. Aujourd'hui, les sodas sont alignés comme des soldats et se font la guerre à coup d'arôme…, ça sent la dépense partout et la pub est là pour nous pousser à «l'avalassion».




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