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«L'arrêt du processus électoral n'était pas anticipé»




«L'arrêt du processus électoral n'était pas anticipé»
C'est le forcing exercé par le RCD et le FIS qui ont donné un contenu politique aux émeutes, et le retrait, le 4 mars 1989, des militaires du Comité central du FLN qui ont poussé ce dernier à s'ouvrir au pluralisme partisan», a déclaré, en substance, Meryam Aït Aoudia, lors de son passage, samedi, au Café littéraire de Béjaïa, où elle a animé une conférence autour de son livre L'expérience démocratique en Algérie (1988-1992), paru il y a quelques mois aux éditions Koukou.Elle insiste que «les émeutes ne font pas nécessairement la fragilité d'un régime», contrairement à l'idée dominante selon laquelle le multipartisme en Algérie est le fruit exclusif de la pression de la rue. Avec du recul critique, Meryam Aït Aoudia dit vouloir dans son livre bousculer ce qui a été salué comme des évidences quant aux émeutes de 1988, l'ouverture démocratique, la responsabilité de l'armée dans l'arrêt du processus électoral en janvier 1992 et la tragédie qui s'en était suivie, qualifiant de «mécaniste» le gros des thèses et analyses connues sur la question.«Dire que ce sont les émeutes qui ont poussé le FLN à s'ouvrir au multipartisme, comme l'ont fait beaucoup de mes prédécesseurs, c'est mécaniste comme perspective et exclut tout travail de terrain», soutient-elle. Et d'ajouter : «C'est la mobilisation des acteurs politiques et des collectifs étudiants, associatifs et différents groupes qui ont insufflé un contenu politique aux émeutes et le retrait des militaires du FLN, qui ont poussé à la démocratisation».La chercheure considère, en revanche, que «les bouleversements de l'époque relèvent d'un processus imprévisible» qu'elle a tenté, à travers un long travail de terrain, de comprendre, en s'appuyant sur des entretiens, des archives, des témoignages et autres. Se démarquant des chercheurs et analystes qui sont «obsédés» par la localisation des responsabilités, elle dit s'astreindre «à comprendre et à tirer des leçons de l'expérience de démocratisation en Algérie».Revenant sur le rôle joué par l'armée durant cette période trouble de l'histoire récente de l'Algérie, l'oratrice dira que la grande muette s'est complètement «dépolitisée» après s'être retirée du Comité central du FLN. Quant à son intervention pour arrêter le processus électoral, la conférencière dira que celui-ci «n'était pas anticipé», donc à classer dans la série d'événements du «processus imprévisible», balayant ainsi du revers de la main l'existence d'un «cabinet noir» où se décide la vie politique nationale.Tout en refusant de prendre position pour ou contre l'arrêt du processus électoral, en bonne politologue, elle fait valoir la thèse de la «démocratie de substance» développée par le sociologue allemand Karl Olievestein, selon laquelle la démocratie doit être «discriminatoire» à l'égard des partis qui sont foncièrement antidémocratiques.





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