
Rachid Sidi Boumedine, connu pour ses travaux sur le patrimoine algérien, notamment les villes et la cuisine traditionnelle, revisite dans cet ouvrage les « mille et une manières de nommer, de préparer le couscous », en lien avec les contextes de sa consommation – qu’elle soit quotidienne, festive ou solennelle. Loin de se limiter à une simple anthologie de recettes, il plonge dans l’histoire longue du couscous pour en souligner l’ancestralité. Comme il l’écrit, « l’approche par les rites et consommations alimentaires est susceptible de montrer que là où on nous propose coupure, nous pourrons reconstruire des continuités ». Ainsi, le couscous devient un fil conducteur pour retracer les chemins oubliés de l’histoire sociale, politique et culturelle du Maghreb.
L’auteur met en lumière la diversité des pratiques liées au couscous, influencées par les saisons, les régions et les circonstances sociales. Il propose une réflexion sur la manière dont ce plat, souvent perçu comme familier, échappe à une compréhension superficielle. En s’inspirant des concepts sociologiques comme « l’illusion de la transparence », il défie les idées reçues et invite à une redécouverte sensorielle et intellectuelle de ce patrimoine.
La sortie de L’Arbre des Couscous a été marquée par une rencontre-hommage organisée par Chihab International le 29 avril 2023 au Bastion 23 à Alger, animée par le journaliste Ameziane Ferhani. Selon El Watan, cet événement a réuni écrivains, intellectuels et proches de l’auteur, témoignant de l’impact de son œuvre et de sa personne. Azzedine Guerfi, directeur des éditions Chihab, a souligné que le projet avait été suivi de près par Yasmina Belkacem, directrice de la maison d’édition, qui a veillé à sa finalisation après la disparition de Sidi Boumedine.
Ce livre s’inscrit dans la continuité des travaux de l’auteur, qui avait déjà exploré la cuisine comme art de vivre dans Cuisines traditionnelles en Algérie (2015). Publié peu après Céramiques d’Alger (2022), L’Arbre des Couscous confirme son engagement à documenter et valoriser le patrimoine immatériel algérien. À en croire Maghreb Info, cet ouvrage est perçu comme « une pièce majeure de la réflexion sur notre identité », un legs précieux d’un penseur qui a su lier rigueur scientifique et passion pour sa culture.
Disponible en version papier et numérique (notamment sur Kindle via Amazon), L’Arbre des Couscous a été salué pour sa capacité à transformer la perception d’un plat quotidien en une leçon d’histoire et de sociologie. Les lecteurs, comme le note le descriptif de l’éditeur relayé par Decitre, ne goûtent plus le couscous « avec la même désinvolture » après avoir lu cet essai. Cette réception positive est renforcée par le style de Sidi Boumedine, décrit comme riche et agréable, fruit d’une carrière mêlant enseignement, recherche et expertise auprès d’institutions nationales et internationales.
Le livre arrive dans un contexte où le couscous, célébré par l’UNESCO, suscite un regain d’intérêt académique et populaire. Il dialogue indirectement avec d’autres travaux sur le sujet, comme Le Plat du partage : Histoire du couscous de Leila Boukli, tout en se distinguant par son approche sociologique et son ancrage dans la diversité maghrébine.
L’Arbre des Couscous est plus qu’un livre sur la cuisine : c’est une invitation à repenser notre rapport au patrimoine à travers un plat universellement reconnu, mais souvent mal compris dans sa profondeur. En refermant cet ouvrage, le lecteur est convié à un voyage sensoriel et intellectuel, où chaque grain de couscous raconte une histoire de partage, de résilience et d’unité. Par cette œuvre posthume, Rachid Sidi Boumedine laisse un héritage durable, rappelant que la connaissance véritable naît de la mise à distance des évidences. L’ouvrage est en vente sur le site : https://www.vitamine.dz/fr/2008.php.
Posté par : litteraturealgerie
Ecrit par : Hichem BEKHTI