Algérie - Revue de Presse

Bouteflika a livré aux parlementaires africains une recette de la bonne gouvernance qui, leur a-t-il dit, est « l?Etat de droit, la démocratie et le pluralisme politique ». Certes, il est bien utile de relever que le dramatique retard du continent n?est pas nécessairement lié aux séquelles du colonialisme et aux agissements néocoloniaux des puissances industrialisées et que les régimes impopulaires et corrompus restent les sources essentielles du sous-développement de l?Afrique. Mais le mieux aura été de prouver par A+B qu?il est possible d?introduire la bonne gouvernance sur le continent et que le sous-développement intégral n?est pas une fatalité. Or, sur ce terrain-là, Bouteflika n?était pas en bonne posture, l?Algérie ne pouvant être citée en exemple en matière de démocratie et de bonne gouvernance, à l?image de quelques pays, spécialement l?Afrique du Sud : ce pays a su non seulement traiter avec doigté et surtout justice les séquelles de l?apartheid, mais il a pu devenir par la suite une nation aux grandes libertés fondamentales. Les observateurs savent bien qu?aujourd?hui l?Algérie n?a pas capitalisé le formidable élan né de la révolte d?Octobre 1988 et de la chute du parti unique : assez rapidement, le système ancien a repris les choses en main et fait du pluralisme politique, de la liberté de presse et de l?indépendance de la justice des conquêtes tout à fait formelles. L?Algérie a fini par avoir une apparence : l?ouverture démocratique et une réalité : la mainmise totale d?un pouvoir politique. De cette ambiguïté, le chef de l?Etat, s?adressant aux Africains et autres opinions publiques, ne peut longtemps s?accommoder. Un pays est démocratique ou pas. Si on peut déceler aujourd?hui une certaine volonté de lancer des réformes économiques qui casseraient le carcan de la rente et la bureaucratie stérilisante, en revanche rien à signaler au plan de l?ouverture politique franche. Aucune passerelle pour l?opposition politique réduite soit à la solitude des tranchées, soit à verser dans une compromission déguisée. La presse indépendante est contrainte de vivre durement avec une épée de Damoclès sur la tête et la justice attend désespérément que la liberté soit rendue. Avec la poignée de pays hermétiquement fermés dans le monde, l?Algérie partage le culte de l?audiovisuel aux mains du seul Etat et du monopole syndical. Même au plan économique, il reste à définir la finalité des réformes projetées, certains redoutant le sacrifice du social au profit du libéralisme sauvage.
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