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«L'Algérie résiste à la surdétermination par l'oligarchie planétaire»



«L'Algérie résiste à la surdétermination par l'oligarchie planétaire»
- Vous parlez de cette nouvelle oligarchie planétaire qui détient, dites-vous, des pouvoirs qu'aucun pape, aucun roi ou empereur n'a jamais eus? Transposée à l'échelle locale, comment cette oligarchie s'intrique, s'organise dans des pays comme le nôtre 'Il s'agit de la dictature de l'oligarchie du capital financier mondialisé. Elle essaie de prendre pied. Pour atteindre son but, la condition est la destruction de l'Etat national. La République démocratique du Congo, un des pays les plus riches de la terre, a eu depuis 1997 six millions de morts de faim. Un pays totalement corrompu.Le pouvoir de l'Etat s'exerce sur à peine 10% du territoire. C'est un rêve pour toute société multinationale de cuivre, d'uranium d'avoir affaire à un Etat par terre, qui n'a pas les moyens ou la volonté de défendre l'intérêt public. C'est pour ça que l'Algérie est exemplaire. Parce qu'il y a une nation, un gouvernement légitime, des institutions qui incarnent l'intérêt public. Voyez ce qui se passe au Moyen-Orient : la destruction des Etats, la Syrie, l'Irak, l'Afghanistan et la Libye plus près. C'est un rêve pour le capital multinational.- En Algérie, on parle de plus en plus de cette oligarchie locale et de son essor fulgurant. Celle-ci ne peut pas être détachée de cette oligarchie mondiale, comment?Je parle de l'oligarchie, du capital financier planétaire. L'Algérie résiste à la satellisation. Les hydrocarbures algériens sont exploités par l'Algérie. Que l'Algérie subisse les spéculations, le dumping sur les prix du pétrole, c'est évident : l'Algérie n'étant pas sur une autre planète, mais le pays, le peuple, les institutions algériennes résistent à la surdétermination par l'oligarchie planétaire.- Vous évoquiez tout à l'heure le fascisme extérieur, marque de fabrique de certaines démocraties occidentales et pour exemple, vous avez cité la France dans ses rapports avec le Niger, pays pauvre dont les richesses sont pillées par Areva, entre autres?Je parlais de fascisme extérieur au sens de Maurice Duverger : les démocraties occidentales sont de vraies démocraties à l'intérieur, mais leurs valeurs s'arrêtent à leurs frontières ; au-delà elles pratiquent la loi de la jungle, la loi du plus fort. Le fascisme extérieur n'arrive pas à soumettre l'Algérie?- Quid du fascisme intérieur ' Des Etats comme l'Algérie dont la diplomatie défend les droits des peuples, les grands principes, etc. mais qui, en interne, brime l'expression, les libertés, dénie les droits politiques.Mais il n'y a pas de fascisme en Algérie. Il n'y a pas de racisme, pas de discrimination de certains groupes. Ce n'est pas le cas en Algérie. Ce que je vois par contre, c'est une multiplicité de peuples présents et aucune de ces communautés qui forment le peuple algérien n'est discriminée?- Mais les discriminations existent. Il y a des discriminations linguistiques, des cultures qui ne sont pas reconnues, des communautés sous-représentées dans les institutions, etc.Les Kabyles, qui ont leurs coutumes, leur langue, ne vont pas en prison. En Turquie, si vous revendiquez votre identité kurde, on vous met en prison. Un Kabyle qui parle sa langue s'organise, vit selon ses coutumes et n'ira pas en prison. Il jouit de ses droits constitutionnels comme tout citoyen arabe, de Ghardaïa ou un Targui.Un Targui algérien, s'habillant comme tel, nomadise sur le territoire algérien, est un citoyen comme un autre. Il n'est pas discriminé, n'est pas mis en prison parce qu'il parle sa langue. Le fascisme est d'une définition très claire. Il s'agit d'exclusion des minorités, de discriminations racistes, d'inégalités des droits devant les pouvoirs publics? Je n'ai pas vu trace de tout cela.- Il y a eu quand même des militants jetés en prison pour avoir revendiqué ces droits? En 2001, en Kabylie, 126 jeunes avaient été tués par les forces de l'ordre parce qu'ils avaient revendiqué ce type de droits?Je ne vois pas de trace de fascisme en Algérie.- Comment avez-vous trouvé le président Bouteflika 'Je ne l'ai pas revu. J'ai de très, très bons souvenirs de nos rencontres, de nos discussions tant à Genève qu'ici. Mais je ne l'ai pas vu cette fois. Mais puisque vous m'interrogez sur Monsieur Bouteflika ? et ce serait ridicule de ne pas en parler ?, à la mort de Boumediène, il est venu dans mon bureau à l'université de Genève et s'était inscrit en thèse (de doctorat sur le Groupe des 77, ndlr), c'est à ce moment-là que je l'ai connu.Nos liens sont humainement chaleureux. Envers lui, j'ai de l'estime. Pour l'intellectuel qu'il est. J'ai cité tout à l'heure le discours de Durban. Intellectuellement, il est fascinant. Ensuite, il incarne la génération de la Révolution. Et comme personne, il est très cultivé. Ça, c'est dans ma perception à moi.Chaleureux et simple. Et un intellectuel n'est jamais ami avec un chef d'Etat, parce que les intellectuels ne sont rien du tout. J'ai connu d'autres chefs d'Etat, mais là, vraiment, Monsieur Bouteflika est une personnalité attachante et impressionnante intellectuellement. En plus, je trouve visionnaire la politique qu'il mène, la réconciliation?- Est-ce qu'il était prévu initialement que vous parliez dans votre conférence de la Plateforme de la Soummam 'Non, personne ne m'a demandé de le faire. La Soummam, c'est impressionnant quand on parle de la construction nationale.Quand on voit que le rapport avec la communauté israélite (énoncé dans la Plateforme de la Soummam) a été appliqué, que le principe de la direction collective de la Révolution a été respecté?- La primauté du politique sur le militaire 'Lamari (décédé, ndlr) est à la retraite. Toufik est à la retraite. Et c'est un civil qui est au pouvoir.


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