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"L'Algérie n'ira ni vers le chaos ni vers le développement"



Parmi les trois destins que peut connaître un pays, au moins deux ne concerneront pas l'Algérie, du moins, pas avant longtemps. Il s'agit, selon l'économiste et P-DG du groupe Insim, Abdelhak Lamiri, du chaos que beaucoup redoutent et le développement que tout le monde espère."L'Algérie a beaucoup de chance d'éviter le chaos avec tout ce que cela sous-entend comme violences et problèmes économiques aigus, mais au rythme actuel de son évolution, tout indique que le pays ne s'apprête pas à émerger. Je pense plutôt qu'on sera un pays moyen où le niveau de vie va stagner ou baisser légèrement et où la dégradation sera tellement lente et imperceptible que les populations auront le temps de s'adapter, et c'est cela qui fait justement éviter le chaos de se produire", a pronostiqué Abdelhak Lamiri, avant d'ironiser en abordant l'autre option, à savoir celle du développement. "Je souhaite rater, cette fois, mes prévisions et voir l'Algérie devenir un pays émergent", a-t-il soutenu.
Mais, ce souhait s'évaporait, malheureusement, au fur et à mesure qu'il avançait dans son analyse. En premier lieu, ce PHD en économie a souligné que "les pays qui émergent sont ceux qui investissent massivement dans l'intelligence humaine". Pour lui, "le développement humain est la clé du succès des pays. C'est le développement humain qui consacre la productivité et toutes les études menées l'ont démontré statistiquement", or, en Algérie, a-t-il estimé, le développement humain, notamment en entreprise, demeure très insuffisant. "Si les chiffres de l'Unesco montrent que l'Algérie dépense 5,5 à 6% de son PIB dans l'éducation, des chiffres proches de ceux de la zone Mena, au niveau de l'entreprise, l'investissement n'est que de 0,3% du PIB alors qu'il est de 8% dans les pays développés et émergents qui ont déjà un PIB beaucoup plus important que le notre", a-t-il argumenté, qualifiant cette situation de "grave" pour l'entreprise car, a-t-il noté, cette sous-performance se traduit par l'impossibilité d'exporter et une productivité faible.
S'adonnant à une comparaison, le professeur Lamiri a relevé qu'en Chine, qui est un pays à fort investissement dans le développement humain, lorsqu'on injecte 1 dollar dans l'économie, on produit 4 dollars, alors qu'en Algérie, on en injecte 4 pour en produire 1. "C'est ce qui est arrivé avec les 800 milliards de dollars consacrés à la croissance économique", a expliqué Lamiri, tout en qualifiant d'"erreur" cette décision d'investir 800 milliards de dollars dans les infrastructures sans préparer la ressource humaine. "Il fallait différer les plans de relance et développer d'abord la ressource humaine et la capacité managériale", a-t-il déploré non sans rappeler qu'à l'époque, les syndicats, le FCE et les laboratoires universitaires ont applaudi cette politique, et qu'aujourd'hui, la responsabilité est donc partagée.
En second lieu, Abdelhak Lamiri estime que réussir à se développer est avant tout une affaire de volonté politique. "Techniquement, les économistes savent développer leurs pays et les rendre émergents, mais un pays qui ne réussit pas à se développer, c'est que sa politique n'est pas correcte, c'est que les politiciens n'ont pas su créer un consensus qui développe un environnement favorable au développement", a-t-il analysé tout en affirmant son approbation des propos d'un intervenant qui a soutenu qu'"on ne peut pas réussir avec un système qui a échoué".
Samir LESLOUS
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