L’Algérie s’apprête à enrichir son paysage aérien avec le lancement imminent d’une nouvelle compagnie aérienne dédiée exclusivement au réseau domestique, une filiale d’Air Algérie. Annoncée le 12 mars 2025 par le président Abdelmadjid Tebboune lors d’une réunion stratégique sur le transport aérien, cette initiative vise à répondre aux besoins croissants de connectivité dans un pays aux dimensions continentales. Avec une superficie de 2,38 millions de kilomètres carrés et une population de 45 millions d’habitants, l’Algérie fait face à un défi de taille : désenclaver ses régions éloignées et dynamiser les échanges internes.
Un marché intérieur à fort potentiel
Actuellement, Air Algérie dessert 32 destinations domestiques, transportant 1,2 million de passagers sur ce réseau au premier semestre 2024, selon les chiffres officiels. Tassili Airlines, l’autre acteur public, opère 14 lignes intérieures, principalement orientées vers le sud et les besoins du secteur pétrolier. Cependant, la demande excède largement l’offre : les vols sont souvent complets, les fréquences limitées, et les tarifs peu accessibles pour beaucoup. La nouvelle compagnie, en se consacrant exclusivement aux vols intérieurs, ambitionne de multiplier les liaisons, notamment vers le Grand Sud, où des villes comme Tamanrasset ou Illizi pourraient devenir plus accessibles.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : sur les 3,6 millions de passagers transportés par Air Algérie en six mois en 2024, un tiers concernait le réseau domestique. Avec une flotte de 56 appareils, la compagnie nationale est sous pression pour répondre à la fois aux ambitions internationales (44 destinations dans 28 pays) et aux besoins locaux. En déléguant le domestique à une filiale, Air Algérie pourrait libérer des ressources pour viser son objectif de 7,4 millions de passagers annuels d’ici fin 2025.
Une stratégie de spécialisation
Cette nouvelle entité, dont le nom reste à dévoiler, s’inscrit dans une logique de spécialisation. « L’idée est d’optimiser le transport aérien en séparant les missions », explique un expert du secteur. Une flotte adaptée aux courtes distances – potentiellement des ATR 72 ou Boeing 737 – pourrait être déployée, réduisant les coûts d’exploitation tout en augmentant les rotations. Par ailleurs, le projet pourrait stimuler les 43 aéroports du pays, dont beaucoup sont sous-utilisés, en les transformant en hubs régionaux.
Le gouvernement mise aussi sur des retombées économiques : création d’emplois (pilotes, techniciens, personnel au sol) et développement du tourisme intérieur. Avec des sites comme les parcs nationaux du Tassili n’Ajjer ou les oasis du Hoggar, l’Algérie a un potentiel touristique encore inexploité, freiné par l’accès limité.
Défis et ambitions
Reste que le succès de cette compagnie dépendra de plusieurs facteurs. Le financement, d’abord : bien que sous l’égide d’Air Algérie, des investissements publics ou privés seront nécessaires pour acquérir une flotte et moderniser les infrastructures. Ensuite, la concurrence interne avec Tassili Airlines devra être gérée pour éviter les doublons. Enfin, une politique tarifaire attractive sera cruciale pour séduire une clientèle habituée aux bus et taxis longue distance.
L’Algérie, avec cette initiative, semble vouloir rattraper son retard dans un secteur aérien dominé par des voisins comme le Maroc, où Royal Air Maroc coexiste avec des opérateurs low-cost. En parallèle, l’annonce de nouvelles lignes internationales (Abuja, Amsterdam) montre une ambition plus large : faire d’Alger un hub régional. La nouvelle compagnie domestique pourrait être le premier pas vers un ciel algérien plus ouvert et connecté.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté par : frankfurter