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"L'Algérie a raté la première étape de sa transition énergétique"


Le pays est passé à côté de cette option en raison du manque de volonté politique d'aller vers les énergies renouvelables.L'enseignant chercheur à l'université Mouloud-Mammeri, Tahar Hamaz, qui a animé, conjointement avec le professeur Brahim Guendouzi, une conférence sur les conditions et les enjeux d'une transition énergétique en Algérie, a affirmé, chiffres à l'appui, que l'Algérie a déjà raté la première étape de sa transition énergétique. "Le programme de transition énergétique annoncé en 2011 et révisé en 2015 s'est fixé comme objectif une production de 4 525 mégawatts d'énergie verte, soit 27% de l'électricité algérienne, à l'horizon 2020, et 22 000 mégawatts à l'horizon 2030.
Aujourd'hui, l'objectif fixé pour 2020 n'est pas atteint, nous en sommes même loin. Certes, les chiffres diffèrent d'une source à l'autre, mais il y a, néanmoins, un consensus sur la part des énergies renouvelables dans les énergies produites en Algérie qui est de 0,02%", a expliqué Tahar Hamaz avant de conclure que "l'Algérie a ainsi raté la première étape de sa transition énergétique".
Selon le conférencier, ce ratage est dû, principalement, à "un manque de volonté politique d'aller vers les énergies renouvelables". Autrement, s'est-il interrogé, comment expliquer qu'avec beaucoup moins de moyens, le Maroc a pu réaliser une meilleure performance en moins de temps ' Mais pour cet universitaire, le manque de volonté politique ne constitue pas la seule explication de ce ratage. "Le contrat d'achat garanti, annoncé par les autorités parmi les mesures incitatives à l'investissement dans le domaine, est une mesure qui peut encourager de petites entreprises à investir, mais pas les grandes.
Ces dernières voudraient produire l'énergie pour la vendre avec leurs prix. Là aussi, y a un problème réglementaire puisque la distribution de l'énergie relève du monopole de Sonelgaz, et cela n'est pas pour encourager de gros investissements", a-t-il décortiqué, non sans exprimer son souhait de voir le pays rattraper ce retard d'ici à 2030 car, a-t-il expliqué, les enjeux de la transition sont multiples. "Outre des enjeux environnementaux qui sont communs à tous les pays, il y a aussi l'enjeu économique puisque, à l'horizon 2030, il y a des prévisions de création de 252 000 emplois dans le secteur, entre autres dans la production des équipements, puis la production énergétique, puisqu'avec 22 000 mégawatts, l'Algérie pourra faire une économie de 60 milliards de mètres cubes de gaz naturel qu'elle pourra réorienter vers l'exportation", a-t-il détaillé, soulignant qu'à l'horizon 2030, la production de gaz de l'Algérie sera égale à sa consommation interne et qu'elle ne pourra, ainsi, plus exporter.
"À cet horizon, l'Algérie pourra même changer de position énergétique en passant de pays exportateur à pays importateur de gaz, ce qui engendrera inéluctablement des problèmes de financement et donc économiques sérieux", a-t-il prévenu, précisant que seulement entre 2008 et 2018, la croissance de la consommation de l'énergie en général a été de près de 65%, et que le gaz produit est déjà consommé à 50% en interne, selon le dernier bilan énergétique.
Pour sa part, le professeur Guendouzi a prévenu que même si le pétrole reste stratégique pour plusieurs décennies encore et cela pour plusieurs raisons, la production est en forte baisse, alors que la consommation est en hausse. "Il y aura inévitablement épuisement de la ressource", a-t-il affirmé, tout en plaidant pour une transition énergétique accélérée.


Samir LESLOUS


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