L'Algérie à la traîne par rapport à ses voisins

Une étude publiée en 2012 par un cabinet conseil en management stratégique (Performances Management consulting) sur l'état des lieux de la grande distribution en Afrique soulignait qu'en raison de contraintes multiples, la grande distribution reste moyennement développée en Afrique.Elle varie entre des taux de pénétration qui vont de plus de 50% en Afrique du Sud, à moins de 5% en Afrique de l'ouest et de l'est. Les pays d'Afrique du Nord enregistrent quant à eux un taux allant de 10% à 20% pour un marché d'une valeur estimée alors à 2,5 milliards de dollars, dominé par les marques françaises Carrefour, Auchan et Casino.Au Maroc, la grande distribution réalise près de 2 milliards de d'euros de chiffre d'affaires par an et représente 12% du PIB. En Tunisie, la part du PIB serait autour de 10%, avec une part de marché de 20%. Aux Emirats arabes unis où le Dubai Mall représente l'un des plus grandes centres commerciaux du monde, on compte pas moins de 220 points de vente appartenant à des enseignes de grande distribution dont 25% de part de marché pour le français Carrefour.En Algérie, les statistiques 2014 du ministère du Commerce font état de moins de 2000 magasins de grande distribution (hypermarchés, supermarchés, supérettes) dont 6 hypermarchés, soit à peine une peu plus de 1% de l'activité commerciale dont l'essentiel reste dominé par les petites épiceries. Le centre commercial de Bab Ezzouar, le plus grand en Algérie, réalise un chiffre d'affaires de plus de 8 milliards de dinars (2012).En 2010, un rapport du cabinet conseil AT Kearney qui mesure notamment l'attractivité commerciale des pays en développement et les opportunités qu'ils offrent en matière de commerce de détail classait l'Algérie à la 21e place sur 30 pays, dans la catégorie des faibles priorités à considérer pour les grands acteurs de la distribution. L'Algérie est devancée par la Tunisie (11e), l'Egypte (13e) et le Maroc (15e). Les paramètres pris en compte sont l'attractivité du marché, le risque pays, la saturation du marché et l'urgence d'y accéder. Considérée comme un pays loin de la saturation, l'Algérie enregistre des scores largement inférieurs à la moyenne pour l'ensemble des facteurs pris en compte. Depuis, le marché a quelque peu évolué. Une situation qui n'est pas propre à l'Algérie.PerspectivesL'étude du Performances Management consulting s'attend à une dynamisation de la grande distribution en Afrique dans les cinq prochaines années, conduite par la consommation des classes moyennes, notamment pour les biens alimentaires qui devraient dépasser les 640 milliards de dollars en 2020 contre environ 500 milliards de dollars actuellement. Les marchés maghrébins considérés comme «à fort potentiel de développement et à faible risque pays» engendreront une bonne partie de la croissance attendue. En Algérie, le marché tente toutefois de se développer si l'on croit les ambitions affichées par ses principaux acteurs.Ardis annonce sur son site web un objectif d'ouverture à court terme de cinq nouveaux centres à Oran, Biskra, Tizi Ouzou, Ouargla et Annaba. A moyen terme, il s'agira de s'installer «dans toutes les agglomérations dépassant les 50 000 citoyens, avec une vision d'un centre commercial englobant un espace loisirs de 10 000 m², une surface boutiques de 20 000 m² et un hypermarché de 10 000 m²».Après Alger, Bouira, Aïn Defla et Mostaganem, Cevital annonce des ouvertures à Oran et Sétif.La société des centres commerciaux d'Algérie veut elle lancer des projets similaires à Annaba, Constantine et Sétif. Quant à Carrefour, qui avait déjà annoncé un ambitieux programme d'implantation à travers le pays lors de sa première installation en 2007, compte ouvrir des magasins à Oran et Sétif. Reste à savoir si l'environnement économique et les contraintes qui lui sont associées permettront à ce type de commerce de se développer au même rythme que les besoins des consommateurs et de la capacité des entreprises nationales à y répondre.