Algérie

L'agitation des uns, la léthargie des autres




Le chef de l'Etat va incessamment faire promulguer le décret présidentiel de convocation de l'électorat en vue du scrutin des législatives, dont le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a officiellement annoncé la tenue dans le courant du mois de mai prochain.
L'imminence de la promulgation de ce décret présidentiel est suggérée au vu de la réunion convoquée la semaine dernière par Bouteflika, ayant regroupé autour de lui les présidents du Sénat, de l'Assemblée nationale et du Conseil constitutionnel, ainsi que le Premier ministre et le ministre d'Etat, ministre Conseil auprès du président de la République. En l'occurrence, le chef de l'Etat a, comme le stipule la Loi fondamentale, consulté les participants présents sur le texte qu'il s'apprête à promulguer.
Pour aussi ordinaire qu'ait été la raison à l'origine de cette réunion «au sommet», elle a, à cause du contexte fébrile qui prévaut dans le pays, donné lieu dans les salons politiques algérois à des lectures interprétatives et à des spéculations qui relèvent plus du fantasme que de l'appréciation en toute connaissance de cause de ce qui se passe dans les sphères décisionnelles du pouvoir.
Beaucoup mieux informés de ce qui se passe dans ces milieux, les partis dits de l'Alliance présidentielle sont déjà en précampagne électorale. Chacun selon sa préoccupation immédiate. Le MSP cherche à imposer le nouveau look qu'il s'est donné en claquant la porte de l'Alliance, celui d'une formation ayant redécouvert les vertus de l'opposition au système. Le FLN s'essaie, quant à lui, à éteindre le feu de la discorde allumé par le mouvement des «redresseurs», dont la persistance menace d'hypothéquer ses chances à conserver son statut de parti prépondérant sur l'échiquier politique. Quant au RND enfin, sa problématique est de convaincre l'opinion qu'il est guidé par le service de l'Etat et voué à prendre en charge les attentes citoyennes. Autant ces trois partis s'agitent pour occuper le devant de la scène en multipliant les rassemblements et autres rencontres et manifestations à caractère organique qui lui procurent une visibilité médiatique, autant le reste du microcosme partisan semble encore en attente de «quelque chose» pour sortir de sa léthargie, alors que l'échéance électorale se rapproche à la vitesse grand V.
Passe encore que les formations non agréées encore observent de la retenue et temporisent à se mettre sous les feux de l'actualité, même si ceux qui en sont les fondateurs ont des opportunités diverses d'engager une précampagne électorale susceptible de leur permettre de contourner l'obligation officielle d'attendre leur légalisation. L'on comprend moins l'effacement de certains partis ayant «pignon sur rue». Ce n'est certes pas le cas pour tous. Le PT, le FNA et des segments partisans du courant islamiste se rappellent de temps à autre à l'attention citoyenne. La vacuité et le silence sidéral sont le lot des formations qui se revendiquent de la démocratie et de la modernité et campent dans une opposition qui se veut radicale au système et au régime en place, alors que sont connues les réformes politiques initiées par le pouvoir, que le chef de l'Etat a solennellement pris l'engagement de garantir la transparence et la régularité du prochain scrutin, ces formations donnent l'apparence de ne pas savoir pour quelle position elles vont opter.
Il faut reconnaître que les initiatives du pouvoir ont de quoi entamer leurs certitudes traditionnelles concernant les rendez-vous électoraux algériens, mais sans dissiper toutes les préventions qu'elles nourrissent à l'endroit des pratiques en la matière de ce pouvoir.
En fait, elles n'ont pas encore tranché sur le dilemme auquel elles sont confrontées. Y aller ou pas à ces élections ' Avec le risque, pour la première option, que leur participation se réduise au rôle d'alibi démocratique, et pour la seconde, de rater peut-être le train du changement qui peut se produire à l'occasion de ce scrutin.
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