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L'abstention a gagné à Oran




L'abstention a gagné à Oran
Seul un électeur sur deux a voté contre deux sur trois en 2009, selon l'administration, et moins d'un sur dix, selon des observateurs.Sans surprise, ce qui est présenté comme une «élection présidentielle» s'est traduit par un nouveau record d'abstention à Oran, confirmant la désaffection à l'égard du processus «électoral». L'abstention a été massive : «Seul un électeur sur deux a voté contre deux sur trois en 2009», selon l'administration et «moins d'un sur dix», selon des observateurs. Dans les bureaux de vote que nous avons visités, l'affluence était faible au centre-ville (Saint-Pierre, Mirauchaux et Tripoli).Dans les localités périphériques notamment à El Braya, l'abstention était moins accentuée. «Au dépouillement, les résultats font ressortir que Bouteflika s'est adjugé 91,23% des suffrages, distançant largement Benflis et Louisa Hanoune qui n'ont été accrédités respectivement que de 4,60% et 1,16% des voix. Belaïd, Rebaïne et Touati ont eu 1,94% ; 0,69% et 0,38% des suffrages», indique Alaoui Rahali, vice-président de la commission de wilaya de surveillance des élections (Cwisel). M. Rahali assure «que la commission n'a reçu aucun recours de la part des candidats et que les opérations de vote n'ont été entachées d'aucune irrégularité».Contacté par nos soins, Redha Benouanane, coordinateur des comités de campagne de Ali Benflis, qualifie «d'anormal» le résultat obtenu par le candidat qu'il soutient. «Comment trouver normal que Benflis n'ait eu que 22 283 voix, alors qu'il a réuni des milliers de citoyens lors de son meeting à Oran», conteste-t-il. Pour Mahfoudh Benarba, coordinateur du Mouvement des citoyens libres qui soutient Ali Benflis, «le déroulement de l'opération de vote a été entaché par de nombreuses irrégularités. Certaines personnes ont voté trois ou quatre fois à Aïn El Beïda, Petit Lac, El Barki, et Es Senia. Ce qui a permis à «certains électeurs» de voter plusieurs fois pour Bouteflika».De son côté, l'administration dément et affirme s'être «strictement conformée à la neutralité». Redha Benouanane soulève un problème d'équité en termes de moyens financiers entre le candidat Bouteflika et tous les autres concurrents. «Les observateurs et les chefs superviseurs des centres du candidat Bouteflika ont reçu respectivement 5000 et7000 DA alors que nous ne pouvons payer nos superviseurs plus de 2000 DA. Résultat : 173 observateurs du candidat Ali Benflis ont fait défection à Arzew. Nous les avons remplacés par une trentaine d'autres», relate-t-il. «Il faut réformer la loi électorale pour consacrer une équité entre les candidats», souhaite-t-il.«Le processus électoral a été marqué par une flagrante inégalité entre les candidats. Le processus est entaché depuis le début d'irrégularités. Les moyens de l'Etat ont été mis à la disposition d'un candidat, une machine électorale a été mise en branle, l'opposition n'a pas accès aux médias publics, les manifestations pacifiques de rue sont interdites, le financement des partis et de la campagne électorale est opaque ; bref, le processus électoral est loin d'être équitablement compétitif», déplore M. Khiari, enseignant universitaire. De leur côté, les représentants locaux des partis boycotteurs (RCD, MSP, Ennahda et Jil Jadid) récusent les résultats qu'ils qualifient de «mascarade électorale».L'opposition rejette la validité du scrutin. «Ce genre de mascarades électorales ne fait que renforcer les ressentiments déjà présents. Ce spectacle électoral contribue à discréditer encore un peu plus le régime. Bouteflika n'a pu se présenter pour un quatrième mandat que grâce à une révision de la Constitution largement contestée. Un coup de force contre la Constitution, qui a permis de remettre en selle la présidence à vie, renforcer les pouvoirs déjà exorbitants du Président et exclure de la compétition les candidats crédibles et les vrais opposants», estime un militant de Jil Jadid. Ce dernier poursuit : «Le deuxième coup de force est le rejet de l'idée réclamée par l'opposition de l'organisation du scrutin par une commission indépendante.» Et de conclure : «Avec tout cela il ne faut pas s'étonner que Bouteflika s'offre un raz-de-marée.»




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