L’abbé Pierre s’éteint à l’âge de 94 ans

Un ami des déshérités s’en va L’abbé Pierre, de son vrai nom Henri Grouès, infatigable ami des sans-abri et des mal logés, s’est éteint hier à l’âge 94 ans après avoir offert une bonne partie de sa vie aux déshérités à travers les nombreuses actions de charité qu’il a initiées. La grandeur de l’homme a été saluée partout, lui dont le parcours est des plus exemplaires, entamé en 1949 et lancé réellement à partir de février 1954 date à laquelle il a fait son célèbre appel à l»insurrection de la bonté», à travers les ondes d’une radio dont il venait d’investir les studios. C’est un appel qui n’était d’ailleurs pas resté sans échos puisqu’il a été suivi d’un extraordinaire élan de solidarité, amenant même le Parlement français à voter quelques semaines après le lancement d’un programme de 12.000 logements.L’abbé Pierre est aussi le père des «Chiffonniers d’Emmaüs», fondé en 1949, où l’on récupère divers objets, les répare et les revend pour venir en aide aux exclus, même hors de l’Hexagone. L’amorce du mouvement d’Emmaüs date plus exactement du jour où un ancien détenu frappe à sa porte, à Neuilly-Plaisance, en banlieue parisienne, où il s’était installé. «Je ne possède rien, mais si tu veux m’aider, nous pourrons en aider beaucoup d’autres», lui dit l’abbé Pierre qui n’avait alors pour ressource que son indemnité de député. Il y a un an encore, il a invité les députés français à ne pas toucher à un article de loi obligeant les communes à construire au moins 20% de logements sociaux. Parmi les personnalités qui ont tenu à lui rendre hommage, on citera le recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, qui a exprimé hier son «profond respect» et sa «totale admiration» pour l’abbé Pierre. Il souligne dans son communiqué que «cet homme de Dieu» a consacré sa vie «à la défense des humbles et au droit des plus pauvres à vivre dignement». «Nous nous associons au deuil national et à la peine profonde que suscite la perte de cette grande voix qui exprima si fort le sentiment de révolte des pauvres de notre pays et du monde entier», ajoute le recteur de la Mosquée de Paris. Saghi B.